les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 29 février 2016

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ALLEGORIES

Ce n’était pas un mariage d’amour, mais depuis des décennies Madame Ladroiteprésentaple avait uni son destin avec Monsieur Lagaucherésonaple et il gérait tant bien que mal (plutôt mal que bien d’ailleurs) leurs familles nombreuses. Parmi leurs innombrables enfants, ils avaient une très nette préférence pour ceux des beaux quartiers, des bons boulots à qui ils réservaient l’essentiel de leurs soins. Pour eux la carotte et pour tous les autres le bâton. Vous imaginez l’ambiance dans la famille : il y avait du bien, mais la grande majorité en était exclue. Madame de droite et Monsieur de gauche se répartissaient les rôles pour faire croire à presque tous qu’ils faisaient leur possible et même leur impossible pour les rendre heureux, mais ils ne trompaient pas grand monde et beaucoup d’enfants se détournaient d’une famille aussi lamentaple.

Injustice à tous les étages

D’autant que les enfants n’étaient pas les seuls à souffrir de traitements discriminatoires. Les papys et mamies subissaient le même sort : c’était injustice à tous les étages. Entre la mamie de droite, Eugénie Dugrandcapital qui avait droit à tous les égards et le papy de gauche Ernest Ducodedutravail qui souffrait de toutes sortes de maltraitances, il y avait la morgue des puissants affrontant la modestie des humbles dans un laisser-faire général. On avait même le sentiment qu’il n’y avait pas que du laisser-aller, de la négligence, de l’incapacité dans ce foutoir universel, mais une volonté délibérée de rompre avec un destin humain pour tous pour remettre en cause  les fondements égalitaires de la société.

Résiste, Papy !

La mamie capitaliste triomphait. Le papy  ducodedutravail fulminait, rouspétait : on le disait gâteux, dépassé, complètement inadapté à un monde qui a besoin de réformes. Beaucoup de ses petits enfants avaient encore beaucoup de tendresse pour lui : « On te laissera pas tomber papy ! Résiste ! » Mais il était âgé, il était malade de toutes les misères qu’on lui avait faites. Il était prêt à se battre pourtant. Pour lui en faire passer l’envie et pour « s’occuper » de lui on n’avait pas trouvé mieux qu’une mégère au nom prédestiné, Conery, ou quelque chose comme ça, qui lui menait une vie d’enfer.

Tous les matins elle lui faisait une séance de flexi-sécurité, pour l’assouplir… En vain. A lui qui rêvait d’une vie organisée et calme elle imposait sans cesse des changements d’horaires sans raison. Le dimanche, elle le faisait travailler deux fois plus que d’habitude. Elle ne lui laissait plus aucun temps de loisir. A-t-on besoin de loisirs quand on est vieux ? Quand il osait parler de ses droits, elle lui disait que le seul qui lui restait était le droit de se taire et qu’il avait intérêt à s’en servir souvent, sinon, même celui-là, on le lui supprimerait. Et elle riait, la garce !

L’heure de la révolte

N’y tenant plus, le papy que l’on disait dépassé, inadapté, un peu couillon,  a décidé, pas seulement pour lui, mais pour tous ses petits enfants, dont il était pratiquement le seul père protecteur qui leur restait, de ne plus  laisser faire, de sonner l’heure de la révolte, d’organiser une riposte à la mesure des misères qu’on lui faisait à lui et à tous les siens. Et de lancer sur internet la pétition du siècle qui s’est couverte de centaines de milliers de signatures, de réunir les syndicats, de les amener à parler d’une voix pour le défendre, de mettre en train des actions unitaires. La droiteprésentaple et la gaucherésonaple étaient sur le cul : le vieux osait leur résister.

Ce soir-là il a twitté, et oui on peut être papy et rester jeune : 

# Belle journée aujourd’hui,  la bien nommée, la Conery, elle est dans les cordes et tous les petits merdeux qui l’entourent avec… Ils se prétendent la gauche et à cause de ça ils se croient tout permis avec la suffisance en prime. Mensonge ! Ils ont oublié qu’une société est faite aussi et surtout de gens qui luttent, qui espèrent, qui tentent de construire un avenir digne à la mesure de leurs exigences humaines. Pour qu’il en soit ainsi, il faut de la justice, des lois, du droit…et du droit du travail entre autres. Ils ne sont pas prêts de m’enterrer #########

Jean-Marie Philibert.

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