les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 16 mai 2016

moi président


Dire la vérité

Dans mes nuits d’insomnie, je rêve d’un monde où nous serions condamnés à ne pas pouvoir travestir pensées, intentions, ambitions. Où toute forme de tartufferie serait impossible. Où nous pourrions laisser parler sans contrainte y compris nos ambitions les plus noires, nos projets les plus fous. La vie politique en particulier en serait certes bouleversée, puisqu’il y faut le plus souvent décoder, interpréter, traduire les propos lénifiants qui en constituent l’essentiel des discours, pour derrière l’artifice des mots et des formes dévoiler des enjeux réels qui nous concernent au premier chef.

L’anaphore revisitée

C’est ma forme à moi du détecteur de mensonge. Vous vous souvenez sans doute, lors du débat Hollande-Sarkozy de 2012, de la célèbre  tirade et anaphore « Moi, Président » où le François, il nous promettait monts et merveilles. J’ai envie de vous la re-proposer après l’avoir fait passer à la moulinette de mes insomnies et de quelques vérités douloureusement constatées.

Voilà ce que cela pourrait donner : toute ressemblance avec des faits existant ou ayant existé serait totalement fortuite bien sûr.

Hollande, avec dans la voix le timbre de la sincérité :

« Moi, Président, je m’engage à rien et surtout au pire…

Moi, Président, je vais vous surprendre…

Moi, Président, la gauche n’y retrouvera plus ses petits, petits, petits, petits. Elle est bonne n’est-ce pas. J’ai de l’humour…

Moi, Président, je m’assiérai sur les droits sociaux et je laisserai le code du travail en miettes.

Moi, Président,  je doterai le parc automobile de l’Elysée d’un magnifique scooter pour aller voir ma copine.

Moi, Président, les ministres de finances seront autorisés à pratiquer un sport qui leur était interdit jusque-là, la fraude fiscale.

Le bisou à Gattaz

Moi, Président, j’irai tous les soirs, avant qu’il ne s‘endorme faire un bisou à Gattaz pour qu’il passe la meilleure nuit possible.

Moi, Président, je mépriserai au plus haut point les élus du peuple auxquels le 49-3 me permettra d’imposer ce que je veux.

Moi, Président, les CRS seront autorisés à taper comme des sourds sur les manifestants, et surtout sans sommation.

Moi, Président, je n’écouterai jamais ce que disent les syndicats, surtout ceux qui voient rouge, qui pensent rouge.

Le rouge interdit

Moi, Président, j’interdirai le rouge.

Moi, Président j’enterrerai pour des siècles l’idée même du progrès social.

Moi, Président, les jeunes passeront  immédiatement du lycée à la maison de l’emploi.

Moi, Président, je ferai des libertés publiques une chimère et de la précarité la pierre angulaire de la condition humaine puisque le travail, quand il y en a, sera sans foi, ni loi.

Moi, Président, je réformerai l’école de telle sorte qu’il n’en reste pas grand-chose et surtout pas quelques lumières d’intelligence.

Moi, Président, le parti socialiste risque de ne pas y survivre, mais c’est pas grave…

Moi, Président, vous pouvez acheter des stocks d’aspirine, vous allez souffrir.

Moi, Président… Moi, Président…. Moi, Président, … Sortez les mouchoirs »

Le plus grand risque de tout cela n’est pas dans les mensonges politiques ; nos consciences peuvent y résister et nous avons appris à payer le prix de notre lucidité. Le plus grand risque est dans le rejet par le peuple, par la jeunesse, par les classes laborieuses comme on disait, de l’engagement dans les choses publiques. Mais ce qui se passe ces jours-ci, dans les rues, les entreprises, les services,  montre que ce n’est pas le cas.

Jean-Marie Philibert.

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