Dire la
vérité
Dans mes nuits d’insomnie, je rêve d’un monde où nous serions
condamnés à ne pas pouvoir travestir pensées, intentions, ambitions. Où toute
forme de tartufferie serait impossible. Où nous pourrions laisser parler sans
contrainte y compris nos ambitions les plus noires, nos projets les plus fous.
La vie politique en particulier en serait certes bouleversée, puisqu’il y faut
le plus souvent décoder, interpréter, traduire les propos lénifiants qui en
constituent l’essentiel des discours, pour derrière l’artifice des mots et des
formes dévoiler des enjeux réels qui nous concernent au premier chef.
L’anaphore
revisitée
C’est ma forme à moi du détecteur de mensonge. Vous vous souvenez
sans doute, lors du débat Hollande-Sarkozy de 2012, de la célèbre tirade et anaphore « Moi,
Président » où le François, il nous promettait monts et merveilles. J’ai
envie de vous la re-proposer après l’avoir fait passer à la moulinette de mes
insomnies et de quelques vérités douloureusement constatées.
Voilà ce que cela pourrait donner : toute ressemblance
avec des faits existant ou ayant existé serait totalement fortuite bien sûr.
Hollande, avec dans la voix le timbre de la sincérité :
« Moi, Président,
je m’engage à rien et surtout au pire…
Moi,
Président, je vais vous surprendre…
Moi,
Président, la gauche n’y retrouvera plus ses petits, petits, petits, petits.
Elle est bonne n’est-ce pas. J’ai de l’humour…
Moi,
Président, je m’assiérai sur les droits sociaux et je laisserai le code du
travail en miettes.
Moi,
Président, je doterai le parc automobile
de l’Elysée d’un magnifique scooter pour aller voir ma copine.
Moi,
Président, les ministres de finances seront autorisés à pratiquer un sport qui leur
était interdit jusque-là, la fraude fiscale.
Le bisou à Gattaz
Moi,
Président, j’irai tous les soirs, avant qu’il ne s‘endorme faire un bisou à
Gattaz pour qu’il passe la meilleure nuit possible.
Moi,
Président, je mépriserai au plus haut point les élus du peuple auxquels le 49-3
me permettra d’imposer ce que je veux.
Moi,
Président, les CRS seront autorisés à taper comme des sourds sur les
manifestants, et surtout sans sommation.
Moi,
Président, je n’écouterai jamais ce que disent les syndicats, surtout ceux qui
voient rouge, qui pensent rouge.
Le rouge interdit
Moi,
Président, j’interdirai le rouge.
Moi,
Président j’enterrerai pour des siècles l’idée même du progrès social.
Moi,
Président, les jeunes passeront
immédiatement du lycée à la maison de l’emploi.
Moi,
Président, je ferai des libertés publiques une chimère et de la précarité la
pierre angulaire de la condition humaine puisque le travail, quand il y en a,
sera sans foi, ni loi.
Moi,
Président, je réformerai l’école de telle sorte qu’il n’en reste pas
grand-chose et surtout pas quelques lumières d’intelligence.
Moi,
Président, le parti socialiste risque de ne pas y survivre, mais c’est pas
grave…
Moi,
Président, vous pouvez acheter des stocks d’aspirine, vous allez souffrir.
Moi,
Président… Moi, Président…. Moi, Président, … Sortez les mouchoirs »
Le plus grand risque de tout cela n’est pas dans les
mensonges politiques ; nos consciences peuvent y résister et nous avons
appris à payer le prix de notre lucidité. Le plus grand risque est dans le
rejet par le peuple, par la jeunesse, par les classes laborieuses comme on
disait, de l’engagement dans les choses publiques. Mais ce qui se passe ces
jours-ci, dans les rues, les entreprises, les services, montre que ce n’est pas le cas.
Jean-Marie Philibert.
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