les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 23 mai 2016

utile et necessaire


Possible et nécessaire



Les propos les plus justes, les messages les plus convaincants,  les leçons de la vraie vie ne viennent pas toujours de là où on devrait les entendre et les attendre.

Des « responsables » politiques, économiques ou autres, tout confits de leur légitimité qu’ils considèrent comme inébranlable, nous assènent souvent avec la plus haute autorité des « vérités » qu’ils exposent comme incontournables et imparables. Les outils modernes de communication font le nécessaire pour nous remplir le crâne de ce qu’il  serait grand temps de considérer comme un immense foutage de gueule. Ecouter par exemple tout ce qui se dit sur le thème de la réforme, la réforme remède miracle  à toutes nos difficultés, il faut réformer le code du travail, les retraites, la sécurité sociale, les collèges, l’état, l’impôt, et tout baignera enfin dans un monde idyllique. Il faut gagner moins, travailler plus, fermer sa gueule et penser peu, peu, peu. Si vous ne partagez pas cette foi aveugle dans le catéchisme social-libéral, vous serez voué aux gémonies, vous deviendrez le renégat, le paria d’un monde qui n’a pas besoin de mécréant. L’état d’urgence aidant, on vous enverra quelques CRS, nouveaux messagers de la vérité officielle, vous taper sur la tronche pour que l’idéologie dominante vous rentre bien dans la tête. De Sarkozy à Hollande, nous avons eu droit à tous les spécimens de donneurs de leçons, convaincus qu’ils sont seuls dans le vrai.

Pas là où ils le disent

Et nous avons résisté, et nous avons douté, et nous avons hésité, et nous avons insisté, et nous nous sommes rassemblés, et nous avons manifesté, crié, et nous nous sommes engagés. Et les choses donnent un peu le sentiment que ça bouge, que la vraie vie n’est pas là où ils le disent. Elle n’est pas dans l’abnégation devant les idoles dorées, elle n’est pas plus dans l’acceptation du moins pire pour éviter le plus pire. Elle est à la fois dans nos portefeuilles maigrichons et dans nos consciences riches d’espoirs, pour nous, mais aussi et peut-être surtout pour les générations qui suivent. Basta l’avenir plombé.

La vraie vie, elle est dans la volonté forcenée d’aller au bout de nos questions, de nos ambitions, de notre besoin d’affirmer haut et fort ce que nous voulons.

Et ces derniers jours, l’actualité, mais aussi le hasard, m’ont confronté à des formes, à des mots, qui l’évoquent. Et j’ai envie de vous les faire partager. Ce sont des artistes qui nous parlent.

La parole des artistes

Commençons par la plus surprenante, il s’agit de la « vraie vie » selon Antoni Tàpies, peintre catalan, de renommée internationale, décédé en 2012, à l’âge de 88 ans. Il a sa fondation à Barcelone et il a souvent exposé ses œuvres dans le département. Actuellement le musée des Abattoirs à Toulouse organise une rétrospective qui retrace son parcours, depuis les débuts de son œuvre, engagée contre le franquisme, jusqu’aux grands «  tableaux » de la maturité. Je mets tableaux entre guillemets parce que  nous sommes aux antipodes du tableau tel qu’il peut être admis et attendu, nous sommes dans le tableau recouvert de sable, retourné, déchiré, nous sommes dans les chiffons, nous sommes dans les signes élémentaires, dans les rares dessins improbables qui nous interrogent sur le sens de la création, sur la part de négation, de rejet de l’académisme, de vérité toute faite qu’il y a au fond de toute recherche créative. Sur la démonstration vivante et concrète qu’il n’y a pas de vérité vraie sans invention absolue. Sans concession à l’ordre dominant. C’est ce que je retiens de la confrontation avec ses œuvres.

Le cinéma, la vie…

Le deuxième exemple vient d’un autre vieux monsieur, bien vivant, il traite du cinéma, mais il fait du cinéma pour nous parler de la vie. Il a obtenu la palme d’or au festival de Cannes pour son film « Moi, Daniel Blake ». Il est britannique, il s’appelle Ken Loach. La force et la vérité de son message balaient tous les artifices. Le destin de son personnage menuisier de 59 ans contraint d’arrêter de travailler après une crise cardiaque lui fait dire : « Le monde dans lequel nous vivons se trouve dans une situation dangereuse… Les idées  que nous appelons néolibérales risquent de nous amener à la catastrophe…. Ce sont les gens les plus vulnérables qui ont le plus souffert… et on leur dit que s’ils sont pauvres c’est de leur faute… Il faut dire qu’un autre monde est possible et même nécessaire »

La vraie vie est aux antipodes de l’ordre dominant.

Jean-Marie Philibert.

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