Circulez, y a rien à voir.
La
confrontation avec les turpitudes, modestes, et soyons lucides, relativement
peu fréquentes de mes élèves, et avec les diverses formes de dénis, aussi
assurés les uns que les autres (c'est pas moi...ça m'a échappé...c'est la faute
à ma copine...je l'ai pas fait exprès...) me renforce dans la conviction qu'il
est difficile, voire impossible, d'obtenir de véritables aveux, accompagnés
d'une reconnaissance sincère de la faute commise et d'un engagement responsable
à en payer la note. L'auteur d'une couillonnade n'a de cesse de tout faire, et
vite, pour que l'on oublie la couillonnade en question.
Une petite excuse pour une petite
erreur
L'affaire
Fillon confirme sur une autre échelle et avec bien d'autres conséquences. Une « petite » excuse pour une « petite »
erreur, avec l'air constipé qui va avec, devant un aréopage de copains et de
coquins qui font semblant de vous croire, et … pirouette-cacahouète ! Je t
'embrouille. Je garde les sous et je m'absous en un rien de temps. Tout
bénéfice !
Fini
les discussions interminables pour y voir clair entre le vrai, le
vraisemblable, le tangible, le possible, le crédible, l'acceptable,
l'inacceptable, le légitime, l'illégitimité, le légal, l'illégal, l'honnête, le
malhonnête. Et les avis multiples et variés des lâches et des moins lâches qui
rêvent de vous garder la tête sous l'eau en attendant de prendre la place.
Nier même les évidences
L'urgent,
l'important, et Fillon l'a bien compris, est de faire face, vite, même si le
trouble est difficile à dissimuler. Ne pas se dérober. Assumer. Nier. Continuer à nier, même les évidences. Pour
couper la chique aux méchants détracteurs. L'erreur, s'il y a erreur, est
humaine. L'humanité sera compatissante. Les pécheurs ont de la compassion pour
les pécheurs. Tout le monde est malade du fric et rêve de mettre les doigts
dans la caisse. C'est naturel. Il suffira de quelques avocats complaisants :
les admirateurs fidèles et aveugles, certes un peu moins nombreux, accepteront le déni, manifesteront confiance, admiration,
dévotion pour un homme providentiel que de méchants esprits voudraient salir.
Les boucs émissaires
J'oubliais...il
faut trouver quelques boucs émissaires à qui on fera payer le prix des
tripotages qu'ils ont l'outrecuidance de dévoiler : les journalistes souvent
pervers, jouets d'une pieuvre diabolique, tentaculaire et mystérieuse qui vous
veut du mal.
L'objectif
sera atteint quand dégringoleront dans les oubliettes de la mémoire collective
le montant faramineux des sommes détournées d'un argent public qui est en fait
à tout le monde, donc à chacun.
Écoutons, Fillonus Maximus :
"A tout le monde ! Donc à moi aussi, Fillonus Radinus, grand
spécialiste du tour de vis financier pour les autres, chantre de la rectitude
morale pour les imbéciles, adepte de l'austérité pour les humbles. Tout ce
pognon pompé sur les besoins sociaux peu ou mal couverts demande à ceux qui en
profitent des efforts considérables dont il est normal qu'ils soient
récompensés. Quant à le rembourser, im-pen-sa-ble. Il faut être aussi con qu'un
ange gardien (voir épisode précédent) pour y penser.
Je
suis donc, moi Fillonus, quasiment dans mon droit, tous ceux qui me soutiennent
me l'ont dit. Il ne me reste plus qu'à réduire le nombre des esprits rebelles
qui croient que la démocratie se nourrit d'honnêteté. Je suis en passe de
réussir mon coup, moi, Fillonus Maximus.
Allons
! Allons ! Circulez, il n'y a rien à voir.
Circulez
! Circulez !"
Jean-Marie
PHILIBERT.
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