Des étrons à la philosophie…
La
campagne présidentielle actuelle est, de par les affaires qui ont été relevées
(une première !), un moment privilégiée pour observer la sphère politique,
les comportements qui s’y manifestent,
les motivations qui s’y font jour. Elle peut conduire à réfléchir à l’intérêt
que l’électeur y recherche et y trouve ou n’y trouve pas. Un moment de
vérité !
Premier constat
Pour
me pencher avec curiosité sur les réseaux sociaux après le grand débat qui a
opposé les 11 candidats, j’ai pu constater que la volée de bois vert envoyée
par le candidat en tee-shirt Poutou à François Fillon et à Marine Le Pen
emportait tous les suffrages. Ils ont piqué dans la caisse ; ils ne
veulent pas le reconnaître. Ils s’abritent derrière leur position pour finasser
avec la justice et la police. C’est « purement » scandaleux et c’est
très bien que Poutou le leur ait dit, sans les circonvolutions de langage habituelles,
mais crument, tout comme nous le pensons.
La
politique se situe là, à un niveau
certes bien vulgaire, bas, choquant, tristement réel. Pourquoi chercher à
donner le change ? Pourquoi ne pas vouloir voir que l’activité publique
n’évolue pas nécessairement dans des lieux éthérés, mais peut être en prise
directe avec les besoins d’argent, avec la prévarication, avec la friponnerie
et même parfois pire. Si certains sont prêts à vendre leur âme pour un plat de
lentilles, d’autres sont prêts à la leur acheter sans vergogne. L’intérêt et la
lucidité, la cupidité et la morale, ne
font nécessairement bon ménage.
Le
drame, le danger, la dérive résident dans le fait que ce ne soit qu’à ce
niveau, celui du caniveau, que le grand public, comme-on-dit, va percevoir la chose politique. Il n’en
reste pas moins que c’est tout à fait salutaire que certains, plus courageux ou
lucides que d’autres nous fassent découvrir qu’il nous arrive de marcher sur …
des étrons, fussent-ils investis, ou cherchent-ils à l’être, d’une mission publique !
Les étrons, il vaut mieux les éviter
Deuxième constat.
Au milieu du vide et de l’esbroufe, de la
langue de bois insipide et des redites creuses, il peut arriver que nous
rencontrions des moments de respiration, d’oxygénation, de régénération où il nous
semble qu’une pensée existe qui aide à la compréhension du monde, et peut-être
aussi à sa transformation, et qui nous éloigne de la médiocrité, de la
tartufferie, de l’indignité de beaucoup de discours dominants. Ce sont des
moments de valeur (au singulier) et de valeurs (au pluriel) où les mots ont du
sens et où on mesure quelque peu qu’il
n’est pas inéluctable de désespérer de l’humanité. Nous avons, chacun, dans
notre bibliothèque spirituelle quelques exemples de ces textes fondateurs pour
notre conscience : eh bien, dans le petit opuscule de Jean-Luc Mélenchon
composé avec Cécile Amar, intitulé « De
la vertu», (c’est un titre à contre-courant, mais d’actualité) il y a
quelques bouffées d’oxygène à prendre. « …la Vertu… un principe d’action gouvernant la vie en société… une forme
de morale sans transcendance… La vertu ne se constate pas aux bonnes paroles,
mais aux faits … » La vertu est étroitement dépendante des trois
fondamentaux, liberté, égalité, fraternité, valeurs autour desquelles Mélenchon
développe son propos en reprenant des éléments forts du programme qu’il
propose, mais en les rendant palpables et concrets.
Nous
sommes parvenus au pôle opposé de notre premier constat, nous sommes à ce qui
devrait, à ce qui doit être la pierre angulaire de toute démarche
politique : la réflexion, l’intelligence, la raison. Utilisons un gros
mot : la philosophie. De la philosophie en action !
Et
souvenons-nous de l’Esprit des Lois où
Montesquieu définit la vertu comme ressort de la démocratie et de la conclusion
de l’article « Philosophe » de l’Encyclopédie de
Diderot : « Cet amour de la société si essentiel au philosophe
fait voir combien est véritable la remarque de l’empereur Antonin : que
les peuples seront heureux quand les rois seront philosophes, ou quand les
philosophes seront rois ! » C’était il y a deux siècles et demi.
Conclusion
La
politique a un contenu très disparate.
Jean-Marie
Philibert
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