L’éternel
retour
Pour tous ceux qui ont un kilométrage conséquent au moteur,
mais qui bon an mal an continuent leur bonhomme de chemin, la campagne
présidentielle offre un spectacle, à la fois, étonnant, détonant et plein de
nostalgie : la peur du rouge revient. La guerre froide n’est pas finie.
Les cocos marchent encore ! Cette
idée que des penseurs de haute volée disaient dépassée, foutue, disparue dans
les oubliettes de l’histoire revient et perturbe-agite-affole. Bien des esprits
n’en croient pas leurs neurones.
Au point qu’un de ces penseurs, qui porte presque le nom d’un
grand magasin BHquelquechose annonce qu’il va quitter la France en cas de
victoire de Mélenchon ! Tu parles de la perte… pour les magazines de mode.
Au secours
Un grand quotidien national publie une chronique intitulée
« Au secours, les communistes reviennent ! » Tout est dans le
point d’exclamation. On peut y lire « …sur
les berges de la Seine à la hauteur du pont de l’Alma, un cuirassé Potemkine
amarré au pied du zouave lorgne en direction de l’Elysée. » Et de me
souvenir des arguments électoraux de la famille Alduy, dans des temps que les
moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, annonçant à chaque campagne électorale
l’arrivée des chars russes, ceux de l’armée rouge bien sûr, …au Boulou.
Un autre grand esprit du moment, le François Fillon qui
connaît ses classiques anticommunistes par cœur, de reprendre le refrain en
l’actualisant quelque peu et en l’adaptant à son goût immodéré du pognon :
« Chaque année nous empruntons sur
les marchés financiers des sommes colossales… Mes adversaires font semblant de
l’ignorer ou dédaignent ce problème avec outrance, tel, Monsieur Mélenchon qui
se rêve en capitaine du cuirassé Potemkine, mais qui négociera la ferraille du
Titanic… » Et pour éclaircir une image quelque peu confuse un de ses lieutenants qui pense le peuple
trop couillon pour comprendre la pensée de son mentor de préciser : « On oublie trop que Jean-Luc Mélenchon
est un extrémiste. C’est un candidat d’extrême gauche avec des raisonnements
primaires, anti-impérialistes, anticapitalistes et antiaméricains » Et
vlan !
La crème
des crèmes du bolchévisme
Quand je pense qu’au tout début de la préparation des élections,
au sein du PCF, il y avait quelques réticences à se prononcer pour la
candidature de Mélenchon : les camarades ne savaient pas qu’ils avaient à
faire à la crème des crèmes de
l’inspiration bolchévique.
La rumeur monte… et elle monte même jusqu’à l’Elysée, puisque François Hollande
se sent obligé de sortir de sa torpeur, il se voit contraint de s’occuper
d’autres choses que de ses tripatouillages macronesques. Et de livrer toujours
dans la presse un diagnostic sans appel « Cette campagne sent mauvais… » Tiens, tiens, elle sent mauvais
depuis que Mélenchon monte dans les sondages. Avec Hollande on ne doit pas
avoir le même pif. Pour moi avec la Le Pen à plus de vingt pour cent, elle
sentait la crotte à plein nez. Lui il sentait rien. Maintenant il sent. Il
alerte donc : l’émotion prend le pas sur la raison dit-il. « Il y a un péril face aux simplifications,
face aux falsifications, qui fait que l’on regarde le spectacle du tribun
plutôt que le contenu de son texte »
Sus au
tribun
En clair, vous êtes idiots d’écouter et de croire ce que dit
le tribun en question ; je pense qu’il ne s’agit ni de La Le Pen, ni
de Fillon, ni de Macron. Mais de qui s’agit-il donc ?
Et comme souvent, un second couteau vient traduire en moins
abscons le discours présidentiel : « Le président sait qu’appeler à voter pour Macron avant le premier tour
pourrait se révéler contre-productif. Mais entre les deux tours, il mettra tout
son poids dans la bataille »
Dans l’immédiat, fidèle à lui-même, il se contente de
savonner la planche de celui qui incarne les espoirs d’un peuple qui n’en peut
plus de tant de récession, de précarité, de chômage, d’injustices en utilisant
avec toute la hauteur de vue due à son rang une arme qui a fait, qui fait et qui sans doute fera
encore longtemps, les beaux jours de tous les imbéciles et des réacs de tous
poils. L’anticommunisme.
Sa persistance incite à rependre une giclée de Marx
« Prolétaire de tous les pays
unissez-vous ! »
Dès le 23 avril. Et
vite un petit coup de lutte des classes ! L’éternel retour.
Jean-Marie Philibert
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