les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 29 mai 2017

les tordus et les murs


Les tordus et les murs.

J’ai du mal avec les tordus : vous savez, ceux dont on a du mal à saisir les motivations, les comportements, les ambitions, ceux qui croient savoir mieux que vous ce qui est bon pour vous, ceux qui ont le verbe prompt et assuré pour vous démontrer qu’ils ne sauraient avoir tort, même si leur logique, leurs valeurs, leurs arguments sont souvent à géométrie variable. Même s’ils dénigrent aujourd’hui ce qu’ils ont adoré hier, ou s’ils font semblant d’aimer bien aujourd’hui ce qui hier leur donnait de l’urticaire. Bien sûr il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis : les tordus, et moi, pouvons en changer. Ils ont pour eux leur grande gueule : même si une expérience un peu riche des hommes et femmes pourrait laisser percevoir chez eux des soupçons de perversion. La confiance que l’on fait au tordu repose sur le socle indestructible d’honnêteté foncière  sur lequel les non-tordus sont installés et sans lequel il n’y aurait pas d‘humanité possible.

Les leçons du tordu

Ceci dit, les tordus sont des êtres louvoyants et instables sur lesquels rien de durable n’est envisageable ; Ils n’auront de cesse de chercher à vous entraîner dans des torsions qui ne peuvent que vous meurtrir tout en vous donnant des leçons de rectitude.

Il n’est jamais agréable de se faire tordufier par un tordu.

La chose est d’autant moins agréable que vous connaissez le tordu depuis longtemps, que pendant de longues années il vous a fait bonne impression, que vous lui avez fait confiance, que même si vous estimiez que tout n’était pas limpide, l’essentiel avait votre agrément. Les tordus savent d’ailleurs souvent donner le change et se parer de vertus et de plumages capables de les rendre sympathiques, attractifs. Ils savent aussi s’entourer de quelques naïfs voués à leur dévotion qui créent autour d’eux une aura sans nuages. Conséquence : vous vous êtes mis à leur servir la soupe sans vous interroger plus avant. Vous avez même refusé d’entendre ceux qui posaient quelques questions sur la solidité du personnage. Vous seriez presque devenu naïf comme ceux évoqués au-dessus.

Les exigences du tordu

Et puis, le tordu a fait monter ses exigences. Les échéances électorales approchant, son ego a été pris d’hypertrophie galopante au point de croire que l’heure de son destin avait sonné. D’où la mise au pas de tout ce qui l’entoure en  multipliant ses récriminations, en  remettant en cause votre capacité à décider par vous-même ce qui est bon pour vous et les vôtres, en exigeant que vous n’écoutiez que ses conseils, en commençant à aligner les reproches devant votre souci de rester vous-mêmes et de préserver votre liberté, votre expérience, vos intérêts, en tentant de vous imposer ses mots à lui et eux seuls. Tu seras « insoumis » ou ne sera pas !  Lui s’enfermant dans une hauteur et un isolement aristocratiques où il n’entend plus rien, sûr que vous ne pouvez être que son valet.

Le messie n’est plus sur la croix, il s’escagasse sur les murs

Vous allez cependant au bout de vos engagements, vous lui donnez les signatures qui lui permettent de réaliser son caprice : faire un peu président. Comme vous êtes plus lucide que lui vous mettez l’accent sur ce qu’il y aurait lieu de faire pour que le rêve devienne réalité, que le tordu  sorte de la spirale mégalomaniaque dans laquelle il s’enferme dans une volonté quasi messianique. Vous plaidez la cause du rassemblement, de l’unité, du dialogue. Vous lui dites qu’au premier tour pour éviter le mur il faut faire une union à gauche : il n’entend rien et il choisit le mur. Au second tour, malgré vous il n’entend rien ni personne au point de confondre l’extrême droite et le centre et de se vautrer tout seul dans le mur.

Et puis vient l’heure des législatives où le tordu pourrait encore sauver ses meubles et ceux du et des courants qui ont contribué à son élan. Il ne se rend pas compte qu’il ne s’agit en fait que de tous ceux qui ont depuis des lustres incarné la gauche, ses luttes, ses résistances dont il parle tant. Mais là le tordu devient brutalement plus tordu que jamais et atteint de la frénésie d’un troisième mur ne pense qu’à se précipiter dessus (et nous avec).

Vous comprendrez pourquoi j’ai du mal avec les tordus : il ne nous reste plus qu’à être lucides… pour eux et pour nous.

Jean-Marie Philibert.

lundi 22 mai 2017

ni...ni


Ni…ni…

De la dichotomie… A temps nouveaux termes nouveaux pour bien faire sentir que les temps anciens c’est fini, que la jeunesse est là,  qu’il faut en finir avec les discours dépassés. La nov’langue sera dichotomique ou ne sera pas.

La dichotomie, oui ! Vous connaissez : le sud et le nord, l’ail ou le persil, la castagne ou le bisou, la mer ou la montagne, le froid ou le chaud, l’intelligence ou la bêtise, les catalans ou les gavatxs… Et puis celle qui fait fureur depuis les présidentielles la gauche et la droite. Plus particulièrement dans sa version négative, répétitive, labellisée macron, « ni droite, ni gauche ».

La rhétorique adore les répétitions, « moi président… moi président… » Vous vous souvenez de l’entourloupe d’Hollande. Comme s’il suffisait de répéter un mot pour qu’il prenne de la force, pour qu’on y croie un peu plus. Répétons donc «  Ni…ni… ! »

Les ni-ni qui sentent le soufre

Mais tous les ni-ni ne sont pas équivalents, loin de là, il y a ceux qui sont là pour renforcer une pensée, un choix, un engagement, un refus viscéral : « NI DIEU ! NI MAÎTRE ! » Je revendique haut et fort ma liberté de penser, d’agir, par-delà tous les pouvoirs, toutes les chapelles, toutes les contraintes religieuses, morales, politiques. Ce nini-là est sans concession, il sent le soufre et la révolte. C’est un ni-ni qui a du sens, un ni-ni courageux parce qu’il peut vous valoir quelques difficultés.

Un autre ni-ni, plus riche encore, précise une pensée qui ne tient pas le christianisme en grande estime : « ni le père, ni le fils, ni le saint esprit » ou bien plus modeste « ni dieu, ni ses saints ». Mais le ni-ni est plus souvent laïque, et si vous êtes totalement déterminé, vous direz que n’accepterez jamais ce que l’on vous propose « ni vivant, ni mort ». La chose est entendue, claire et irrémédiable. Enfin pour les misanthropes absolus, vous n’aimez « ni les français, ni les étrangers ». Pour les mauvais élèves ce n’est « ni l’école privée, ni l’école publique » qui peut faire leur bonheur. Et pour les antifascistes « Ni Marine, ni Le Pen ».

Les ni-ni trompeurs

Ces ni-ni-là ont du sens et ne cherchent pas à tromper leur monde. Mais ils ne sont pas les plus fréquents et le ni-ni peut aussi sentir son entourloupe. Dans la bouche des macrons-boys et de leurs thuriféraires le « ni droite-ni gauche » est de cet acabit, de façon d’autant plus flagrante qu’il est largement l’œuvre de gens de droite, de gauche et de nulle part, mais assoiffés d’un pouvoir qui leur a tellement tourneboulé la tronche qu’ils ont perdu tout sens de la latéralisation.

Ces ni-ni-là leur laissent les mains libres. Par exemple, « Ni la peste, ni le choléra », mais il y a tous les autres microbes politiques  qui vous assaillent. « Ni le matin, ni le soir », mais il reste tous les après-midi pour vous entuber. « Ni propre, ni sale », mais un peu crade quand même. « Ni debout, ni couché », mais peut-être un peu à genoux. « Ni un peu, ni beaucoup », mais sans doute assez pour vous faire suer le burnous et vous contraindre à fermer votre gueule. « Ni être, ni avoir », parce que vous ne serez plus rien, vous n’aurez plus rien … que les yeux pour pleurer.

Nos ni-ni à nous

Ne désespérez pas, camarades : le langage, notre persistance, nos espoirs ont des ressources insoupçonnées. Nous avons nos ni-ni à nous qui ne leur plairont pas beaucoup, mais ils devront s’y faire. « Ni aujourd’hui, ni demain » nous ne baisserons la garde, nous ne courberons l’échine, nous n’accepterons ni l’exclusion, ni la précarité, ni le chômage. Ni le mensonge, ni l’esbroufe  n’entameront notre lucidité, notre combativité, notre aspiration à l’unité.

C’est fini-ni.

Jean-Marie Philibert.


mardi 16 mai 2017

ave macron

cela a plusieurs mois et reste plus vrai que jamais

Ave Macron

Je te salue Ma…cron : tu es l’idole des réacs de tous poils Qui te vouent un culte aveugle. Comme à la Marie du pitit zésus… Mais pour moi tu n’es que la calamité des calamités ! Certes ton teint lisse, ton sourire insipide et ton look d’enfant sage Pourraient donner le change. Ta présence dans un gouvernement socialiste devrait laisser croire Que tu sais que la droite et la gauche ne sont pas du même côté. Ton passage par la banque Rothschild doit rassurer Tous ceux qui connaissent la valeur de l’argent. Ton parcours sans faute est le signe qu’une bonne étoile veille sur toi. Une étoile cousue d’or ! La preuve, tout le pognon ramassé chez les Rothschild. Je te salue Macron, tu es plein de grâce, de charme ! Tu fais rêver les midinettes ! Mais moi, je ne te supporte plus ! Et j’ai besoin de te le dire, à toi,  A tous ceux qui votent tes lois, A tous ceux qui ont perdu le nord et leur gauche en même temps. A tous ceux qui se taisent, qui se couchent pour préserver leur plat de lentilles. A ceux qui t’ont donné une parcelle de ce pouvoir qui te brûle les doigts Et qui nous fait souffrir pour un long temps. Tu n’es pas béni, ni entre les femmes, ni entre les hommes. La seule bénédiction qui puisse t’être accordée est celle du Medef, Pour lequel, tel Ducros, tu te décarcasses sans cesse. Tu es derrière le pacte de responsabilité, derrière le CICE. Ton dieu s’appelle Gattaz. Et le fruit de tes entrailles est une loi qui veut déverrouiller le travail En cassant toujours un peu plus son code. Ton ambition est en fait d’escagasser les travailleurs. Je te salue Macron, Comme on le dit à ceux dont il nous tarde qu’ils se cassent Très loin des pauvres pécheurs que nous sommes, Qui sauront, s’il le faut, te pousser, toi et les tiens, vers la sortie. Je te salue Macron, Tu as besoin de toute urgence de prendre une leçon d’humanité. Amène avec toi la clique de ceux qui ne veulent pas comprendre Que ce monde-ci nous appartient ! Ave ! Tchao ! Adeu ! Goodbye ! Salut ! Adieusiatz !

Jean-Marie Philibert

lundi 15 mai 2017

humeur, cinema et optimisme


Humeur, cinéma et optimisme

L’avalanche électorale : primaires à droite, puis à gauche ( enfin tout près de la droite), puis turbulences et turpitudes multiples et variées, avant un premier tour fait de surprises et de déconvenues prévisibles (Mélenchon commençant sa mue en matamore) , enfin un second tour où pour éviter le pire on vote un peu moins pire. Et depuis l’un peu moins pire se prend pour le roi au Louvre, pense que si on a choisi sa pomme, il le doit à son génie, sa grandeur, sa précocité, sa lucidité. Il nous la joue grand homme avec l’aide des caméras complaisantes et des cireurs de pompes qui semblent avoir trouvé leur nouvel icône. Je suis certain qu’il faudra revenir à ce feuilleton, mais accordons-nous un répit auprès de l’humanité vraie. Paradoxalement je l’ai rencontré au cinéma : les images ne sont pas toujours trompeuses.

A voix haute La force de la parole

Passe sur les écrans un documentaire de Stéphane De Freitas, intitulé A VOIX HAUTE LA FORCE DE LA PAROLE : c’est un vrai moment de bonheur et de vérité qui mérite notre détour.

Depuis 2013 a lieu chaque année le concours « Eloquentia » qui désigne, parmi les étudiants de l’Université de Saint-Denis qui s’y préparent, « le meilleur orateur du 93 ». Le film de Stéphane De Freitas suit une cohorte d’étudiants, issus de tous les cursus qui s’y préparent, qui s’y affrontent accompagnés par des professionnels (avocats, slameurs, comédiens…). Is leur enseignent le difficile exercice de la prise de parole en public, les enjeux personnels, sociaux,  politiques de l’exercice, sa dimension rhétorique bien sûr, mais aussi, et peut-être avant tout, le défi psychologique que représente l’ambition de se révéler, en même temps, aux autres et à soi-même. De dévoiler la riche part d’humanité dont ils sont porteurs. Il y aura un vainqueur dont nous partagerons la joie exubérante et digne, mais l’émulation, la complicité, la solidarité, la détermination qui les animent les amènent tous à se dépasser et provoquent chez le spectateur une empathie qui va croissant avec le suspens bien construit que le réalisateur instaure pour nous faire vivre le verdict.

Un regard métamorphosé

Après un tel documentaire le regard porté sur la banlieue, comme sur l’immigration, est métamorphosé : c’est de la vraie vie, même si elle n’est pas rose tous les jours. Les échappées sur les familles de plusieurs protagonistes ne cachent rien de leurs difficultés sociales. Nous sommes aux antipodes des discours médiatiques habituels. Bien loin du catastrophisme ou de l’angélisme. Avec des jeunes qui savent que leur lutte pour la vie passe par la force de la parole et qui ont décidé de relever le défi. Il est heureux que l’université, le service public, des formateurs  aguerris les accompagnent.

Le réalisateur a nourri le film de sa propre expérience : il grandit en Seine-Saint-denis au cœur d’une famille portugaise, avant de quitter le 9-3 pour les beaux quartiers de Paris où il mesura le handicap d’une maîtrise insuffisante du langage, d’où son rôle dans le cadre associatif pour créer ce concours d’éloquence.

Je me permettrais d’ajouter qu’il y a là, pour tous ceux que concerne l’enseignement de la langue, enseignants et enseignés quelques fondements à méditer : l’oralité est primordiale,  parler s’apprend, le droit à la parole est la force de la démocratie.

Allez au cinéma prendre une dose d‘optimisme. Dans ces temps compliqués, cela fait du bien.

Jean-Marie Philibert.

urgence


URGENCE

Une initiative de syndicalistes pour l’unité et le progrès social

Sous le titre « Uni, le parti du progrès sociale est le premier parti de France, plusieurs anciens secrétaires généraux départementaux de la CGT, de la FSU et de la CFTC ont lancé un appel  pour que lors des élections législatives qui se présentent les forces de gauche  en s’unissant relèvent un défi tout à fait à leur portée, envoyer à l’assemblée nationale le plus grand nombre possible de députés qui refusent  la poursuite, l’intensification, l’aggravation  de la politique libérale qui est proposée comme seul horizon à notre pays. En tournant délibérément le dos aux besoins sociaux, en s’attaquant aux droits, à l’éducation nationale, à la retraite, à la sécurité sociale, elle plongera un peu plus le peuple dans la désespérance… et les milieux financiers dans l’euphorie.

Une candidature unique… ou le mur

La condition indispensable pour qu’un tel coup d’arrêt soit possible est que tous les candidats aux législatives qui se réclament du progrès social ne multiplient pas les candidatures, décident d’une candidature unique par circonscription. Sinon la loi électorale (12.5% des exprimés pour participer au second tour) aboutira à éliminer les forces de transformations sociales, de progrès, du parlement, ici, comme ailleurs.

L’appel  a conduit nombre de candidats (dont ceux du PCF), nombre de forces politiques à se retrouver vendredi dernier à la Bourse du Travail de Perpignan : étaient aussi présents Europe-Ecologie-les Verts, ERC, le NPA des représentants du PS-Hamon, le MRAP. Un absent de marque France Insoumise, mais des participants à titre individuel appartenant à ce mouvement, autre force absente Lutte Ouvrière qui présente des candidats.

Pour les participants, l’unité est un impératif, pour donner des élus aux 75 000 voix des PO qui  se sont prononcés aux présidentielles pour des candidats du progrès social. Le PCF a fait des propositions pour un tel rassemblement. Le NPA met aussi l’accent sur l’unité, mais avec sur la nécessité de lui donner un contenu. EELV considère la démarche comme utile, l’ERC ne présentera pas de candidats, mais se reconnaît dans les revendications progressistes. Tous les participants, y compris ceux de France Insoumise insistent sur la nécessité de  poursuivre la démarche unitaire le plus loin possible (un groupe unitaire se réunit à Céret), de laisser grandes ouvertes les portes d’une issue positive, d’élargir l’appel des syndicalistes à l’ensemble des citoyens qui s’y reconnaissent. La pétition est en ligne sur change.org ; appel pour l'unité du camp progrès social législatives 66.

N’hésitez à la signer. Faisons le pari que la lucidité peut encore opérer. Il y a urgence !

JMP

mardi 9 mai 2017

homo politicus


Homo politicus

Nous venons de vivre une intense période politique et les législatives qui approchent nous indiquent que ce n’est pas fini : l’homo politicus va encore palpiter. Et cela avec d’autant plus de soubresauts que la période est propice aux surprises, les moins pires comme les plus pires, que les problèmes demeurent, que la situation est volatile et que les capacités du peuple à supporter une souffrance sociale enkystée se sont réduites.

Notre rapport au politique

Je voudrais profiter de ce qui peut ressembler à une accalmie très passagère entre deux périodes qui ont tourneboulé ou vont tournebouler nos horizons pour m’interroger justement sur ce qui fait notre rapport au politique : en effet dans cette dernière période nous avons tout entendu, tout vu. Nous avons vu resurgir de vieux démons et des espoirs qui eux ne vieillissent pas.

Commençons par la gauche-gauche. Je reste persuadé que la versatilité de ce que les commentateurs officiels appellent l’opinion publique, est souvent fort éloignée des courants, des valeurs, des aspirations qui imprègnent les tissus sociaux dans leurs complexités et dans leurs diversités. Nous sommes là confrontés à une volonté diffuse, mais persistante, de ne pas se satisfaire du désordre dominant et d’attendre du politique qu’il relaie notre attente de voir la vie élargie, enrichie, plus humaine, tout simplement plus heureuse pour le plus grand nombre. Je parle de ceux qui veulent un travail digne, des salaires décents, des logements corrects, des services publics en état, des loisirs variés et riches. La vie, pas la galère, pour les gens, pour le peuple pour la-les classes laborieuses.

Combler tous les vides

Le seul rapport au politique qui compte alors est celui qui va combler ces vides. On peut avoir le sentiment que le manque est tel, qu’il faudrait tant, que ce sera impossible. On désespère alors du changement, on regarde du côté des produits frelatés (le PS a fait ce qu’il faut) qui ressemblent au changement sans en être.

Et puis des moments surgissent qui font croire que l’impossible devient possible que la vraie gauche a un avenir qui nous concerne : le premier tour de la présidentielle aurait pu être de ces moments qui raniment l’espoir de l’homo politicus progressiste-transformateur (révolutionnaire aurait-on dit, il y a quelques lustres). Agir sur le réel, le comprendre, le transformer pour en libérer  les potentialités et nous avec. Il y a de ça dans notre rapport au politique. Et l’intérêt de la période que nous vivons est dans son réveil : c’est le sens des quasi 20 % de Mélenchon. Et que dire si une stratégie plus unitaire avait permis à la gauche-la-seule d’être au second tour. La surprise aurait pu être plus grande ! Ses électeurs ont cependant largement contribué à éviter le pire. L’essentiel reste à faire !

Et chez les réacs de tous poils

Ce rapport au politiquement-perturbateur n’est pas nécessairement partagé : il y a des homo politicus qui n’aiment que le pognon, que le pouvoir, que leur pomme, que leurs combines, que leur ambition. Pour ceux-là rien ne doit changer, le désordre dominant doit perdurer, les castes doivent s’enfermer dans leurs frontières et leurs certitudes, l’inégalité des êtres est inscrite dans leur patrimoine génétique, culturel, familial, de tout temps, et en tous lieux, avec une bénédiction divine, si nécessaire, au point que la seule activité politique possible tient à la magie du verbe qui fait  prendre le temps d’attendre des temps heureux qui ne viendront jamais.  Les promesses ont nourri tant d’espoirs et en ont déçu tout autant et même davantage.

 Je crains qu’en compagnie de Macron, dans la cour du Louvre dimanche dernier on ait été dans ce cas de figure. D’ailleurs le lieu, un palais royal, symbole de l’ancien régime, comme creuset d’un renouveau politique apporté par un jeune président est symptomatique de cette incapacité  de certains politicus à construire le neuf que l’on attend. Ils ne se reconnaissent que dans l’ancien.

Ces homo politicus-là se complaisent à n’être que les sujets du monarque.

Quant à l’autre rapport à la politique, celui de la haine de l’autre, celui d’un crétinisme absolu, celui du racisme, celui de l’inégalité proclamée, celui de la démocratie vomie, celui qu’incarne le FN, il ne subsiste, et ne prolifère que de notre incapacité à être enfin les acteurs de notre avenir. Là on n’est plus avec l’homo politicus, mais avec les bourriques politiques.

Revenons donc à l’humanité, à l’homo politicus digne : les élections législatives nous attendent.

Jean-Marie Philibert.