Homo
politicus
Nous venons de vivre une intense période politique et les
législatives qui approchent nous indiquent que ce n’est pas fini : l’homo
politicus va encore palpiter. Et cela avec d’autant plus de soubresauts que la
période est propice aux surprises, les moins pires comme les plus pires, que
les problèmes demeurent, que la situation est volatile et que les capacités du
peuple à supporter une souffrance sociale enkystée se sont réduites.
Notre
rapport au politique
Je voudrais profiter de ce qui peut ressembler à une accalmie
très passagère entre deux périodes qui ont tourneboulé ou vont tournebouler nos
horizons pour m’interroger justement sur ce qui fait notre rapport au politique :
en effet dans cette dernière période nous avons tout entendu, tout vu. Nous
avons vu resurgir de vieux démons et des espoirs qui eux ne vieillissent pas.
Commençons par la gauche-gauche. Je reste persuadé que la
versatilité de ce que les commentateurs officiels appellent l’opinion publique,
est souvent fort éloignée des courants, des valeurs, des aspirations qui
imprègnent les tissus sociaux dans leurs complexités et dans leurs diversités.
Nous sommes là confrontés à une volonté diffuse, mais persistante, de ne pas se
satisfaire du désordre dominant et d’attendre du politique qu’il relaie notre
attente de voir la vie élargie, enrichie, plus humaine, tout simplement plus
heureuse pour le plus grand nombre. Je parle de ceux qui veulent un travail
digne, des salaires décents, des logements corrects, des services publics en
état, des loisirs variés et riches. La vie, pas la galère, pour les gens, pour
le peuple pour la-les classes laborieuses.
Combler
tous les vides
Le seul rapport au politique qui compte alors est celui qui
va combler ces vides. On peut avoir le sentiment que le manque est tel, qu’il
faudrait tant, que ce sera impossible. On désespère alors du changement, on
regarde du côté des produits frelatés (le PS a fait ce qu’il faut) qui
ressemblent au changement sans en être.
Et puis des moments surgissent qui font croire que
l’impossible devient possible que la vraie gauche a un avenir qui nous
concerne : le premier tour de la présidentielle aurait pu être de ces
moments qui raniment l’espoir de l’homo politicus progressiste-transformateur
(révolutionnaire aurait-on dit, il y a quelques lustres). Agir sur le réel, le
comprendre, le transformer pour en libérer
les potentialités et nous avec. Il y a de ça dans notre rapport au
politique. Et l’intérêt de la période que nous vivons est dans son
réveil : c’est le sens des quasi 20 % de Mélenchon. Et que dire si une
stratégie plus unitaire avait permis à la gauche-la-seule d’être au second
tour. La surprise aurait pu être plus grande ! Ses électeurs ont cependant
largement contribué à éviter le pire. L’essentiel reste à faire !
Et chez les
réacs de tous poils
Ce rapport au politiquement-perturbateur n’est pas
nécessairement partagé : il y a des homo politicus qui n’aiment que le
pognon, que le pouvoir, que leur pomme, que leurs combines, que leur ambition.
Pour ceux-là rien ne doit changer, le désordre dominant doit perdurer, les
castes doivent s’enfermer dans leurs frontières et leurs certitudes,
l’inégalité des êtres est inscrite dans leur patrimoine génétique, culturel,
familial, de tout temps, et en tous lieux, avec une bénédiction divine, si
nécessaire, au point que la seule activité politique possible tient à la magie
du verbe qui fait prendre le temps
d’attendre des temps heureux qui ne viendront jamais. Les promesses ont nourri tant d’espoirs et en
ont déçu tout autant et même davantage.
Je crains qu’en
compagnie de Macron, dans la cour du Louvre dimanche dernier on ait été dans ce
cas de figure. D’ailleurs le lieu, un palais royal, symbole de l’ancien régime,
comme creuset d’un renouveau politique apporté par un jeune président est
symptomatique de cette incapacité de
certains politicus à construire le neuf que l’on attend. Ils ne se
reconnaissent que dans l’ancien.
Ces homo politicus-là se complaisent à n’être que les sujets
du monarque.
Quant à l’autre rapport à la politique, celui de la haine de
l’autre, celui d’un crétinisme absolu, celui du racisme, celui de l’inégalité
proclamée, celui de la démocratie vomie, celui qu’incarne le FN, il ne subsiste,
et ne prolifère que de notre incapacité à être enfin les acteurs de notre
avenir. Là on n’est plus avec l’homo politicus, mais avec les bourriques
politiques.
Revenons donc à l’humanité, à l’homo politicus digne :
les élections législatives nous attendent.
Jean-Marie Philibert.
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