les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 15 mai 2017

humeur, cinema et optimisme


Humeur, cinéma et optimisme

L’avalanche électorale : primaires à droite, puis à gauche ( enfin tout près de la droite), puis turbulences et turpitudes multiples et variées, avant un premier tour fait de surprises et de déconvenues prévisibles (Mélenchon commençant sa mue en matamore) , enfin un second tour où pour éviter le pire on vote un peu moins pire. Et depuis l’un peu moins pire se prend pour le roi au Louvre, pense que si on a choisi sa pomme, il le doit à son génie, sa grandeur, sa précocité, sa lucidité. Il nous la joue grand homme avec l’aide des caméras complaisantes et des cireurs de pompes qui semblent avoir trouvé leur nouvel icône. Je suis certain qu’il faudra revenir à ce feuilleton, mais accordons-nous un répit auprès de l’humanité vraie. Paradoxalement je l’ai rencontré au cinéma : les images ne sont pas toujours trompeuses.

A voix haute La force de la parole

Passe sur les écrans un documentaire de Stéphane De Freitas, intitulé A VOIX HAUTE LA FORCE DE LA PAROLE : c’est un vrai moment de bonheur et de vérité qui mérite notre détour.

Depuis 2013 a lieu chaque année le concours « Eloquentia » qui désigne, parmi les étudiants de l’Université de Saint-Denis qui s’y préparent, « le meilleur orateur du 93 ». Le film de Stéphane De Freitas suit une cohorte d’étudiants, issus de tous les cursus qui s’y préparent, qui s’y affrontent accompagnés par des professionnels (avocats, slameurs, comédiens…). Is leur enseignent le difficile exercice de la prise de parole en public, les enjeux personnels, sociaux,  politiques de l’exercice, sa dimension rhétorique bien sûr, mais aussi, et peut-être avant tout, le défi psychologique que représente l’ambition de se révéler, en même temps, aux autres et à soi-même. De dévoiler la riche part d’humanité dont ils sont porteurs. Il y aura un vainqueur dont nous partagerons la joie exubérante et digne, mais l’émulation, la complicité, la solidarité, la détermination qui les animent les amènent tous à se dépasser et provoquent chez le spectateur une empathie qui va croissant avec le suspens bien construit que le réalisateur instaure pour nous faire vivre le verdict.

Un regard métamorphosé

Après un tel documentaire le regard porté sur la banlieue, comme sur l’immigration, est métamorphosé : c’est de la vraie vie, même si elle n’est pas rose tous les jours. Les échappées sur les familles de plusieurs protagonistes ne cachent rien de leurs difficultés sociales. Nous sommes aux antipodes des discours médiatiques habituels. Bien loin du catastrophisme ou de l’angélisme. Avec des jeunes qui savent que leur lutte pour la vie passe par la force de la parole et qui ont décidé de relever le défi. Il est heureux que l’université, le service public, des formateurs  aguerris les accompagnent.

Le réalisateur a nourri le film de sa propre expérience : il grandit en Seine-Saint-denis au cœur d’une famille portugaise, avant de quitter le 9-3 pour les beaux quartiers de Paris où il mesura le handicap d’une maîtrise insuffisante du langage, d’où son rôle dans le cadre associatif pour créer ce concours d’éloquence.

Je me permettrais d’ajouter qu’il y a là, pour tous ceux que concerne l’enseignement de la langue, enseignants et enseignés quelques fondements à méditer : l’oralité est primordiale,  parler s’apprend, le droit à la parole est la force de la démocratie.

Allez au cinéma prendre une dose d‘optimisme. Dans ces temps compliqués, cela fait du bien.

Jean-Marie Philibert.

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