les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 22 mai 2017

ni...ni


Ni…ni…

De la dichotomie… A temps nouveaux termes nouveaux pour bien faire sentir que les temps anciens c’est fini, que la jeunesse est là,  qu’il faut en finir avec les discours dépassés. La nov’langue sera dichotomique ou ne sera pas.

La dichotomie, oui ! Vous connaissez : le sud et le nord, l’ail ou le persil, la castagne ou le bisou, la mer ou la montagne, le froid ou le chaud, l’intelligence ou la bêtise, les catalans ou les gavatxs… Et puis celle qui fait fureur depuis les présidentielles la gauche et la droite. Plus particulièrement dans sa version négative, répétitive, labellisée macron, « ni droite, ni gauche ».

La rhétorique adore les répétitions, « moi président… moi président… » Vous vous souvenez de l’entourloupe d’Hollande. Comme s’il suffisait de répéter un mot pour qu’il prenne de la force, pour qu’on y croie un peu plus. Répétons donc «  Ni…ni… ! »

Les ni-ni qui sentent le soufre

Mais tous les ni-ni ne sont pas équivalents, loin de là, il y a ceux qui sont là pour renforcer une pensée, un choix, un engagement, un refus viscéral : « NI DIEU ! NI MAÎTRE ! » Je revendique haut et fort ma liberté de penser, d’agir, par-delà tous les pouvoirs, toutes les chapelles, toutes les contraintes religieuses, morales, politiques. Ce nini-là est sans concession, il sent le soufre et la révolte. C’est un ni-ni qui a du sens, un ni-ni courageux parce qu’il peut vous valoir quelques difficultés.

Un autre ni-ni, plus riche encore, précise une pensée qui ne tient pas le christianisme en grande estime : « ni le père, ni le fils, ni le saint esprit » ou bien plus modeste « ni dieu, ni ses saints ». Mais le ni-ni est plus souvent laïque, et si vous êtes totalement déterminé, vous direz que n’accepterez jamais ce que l’on vous propose « ni vivant, ni mort ». La chose est entendue, claire et irrémédiable. Enfin pour les misanthropes absolus, vous n’aimez « ni les français, ni les étrangers ». Pour les mauvais élèves ce n’est « ni l’école privée, ni l’école publique » qui peut faire leur bonheur. Et pour les antifascistes « Ni Marine, ni Le Pen ».

Les ni-ni trompeurs

Ces ni-ni-là ont du sens et ne cherchent pas à tromper leur monde. Mais ils ne sont pas les plus fréquents et le ni-ni peut aussi sentir son entourloupe. Dans la bouche des macrons-boys et de leurs thuriféraires le « ni droite-ni gauche » est de cet acabit, de façon d’autant plus flagrante qu’il est largement l’œuvre de gens de droite, de gauche et de nulle part, mais assoiffés d’un pouvoir qui leur a tellement tourneboulé la tronche qu’ils ont perdu tout sens de la latéralisation.

Ces ni-ni-là leur laissent les mains libres. Par exemple, « Ni la peste, ni le choléra », mais il y a tous les autres microbes politiques  qui vous assaillent. « Ni le matin, ni le soir », mais il reste tous les après-midi pour vous entuber. « Ni propre, ni sale », mais un peu crade quand même. « Ni debout, ni couché », mais peut-être un peu à genoux. « Ni un peu, ni beaucoup », mais sans doute assez pour vous faire suer le burnous et vous contraindre à fermer votre gueule. « Ni être, ni avoir », parce que vous ne serez plus rien, vous n’aurez plus rien … que les yeux pour pleurer.

Nos ni-ni à nous

Ne désespérez pas, camarades : le langage, notre persistance, nos espoirs ont des ressources insoupçonnées. Nous avons nos ni-ni à nous qui ne leur plairont pas beaucoup, mais ils devront s’y faire. « Ni aujourd’hui, ni demain » nous ne baisserons la garde, nous ne courberons l’échine, nous n’accepterons ni l’exclusion, ni la précarité, ni le chômage. Ni le mensonge, ni l’esbroufe  n’entameront notre lucidité, notre combativité, notre aspiration à l’unité.

C’est fini-ni.

Jean-Marie Philibert.


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