Le foutoir…
Ainsi donc tout a une fin, même l’interminable période
électorale qui nous occupe depuis de longs mois… pour se terminer par les élus les plus mal élus depuis fort
longtemps. Pour la dernière épreuve (le mot est à prendre dans tous ses sens),
c’est pratiquement 7 électeurs sur 10 qui ont voté avec leurs pieds. La
démocratie n’en sort pas grandie ! Mais peut-être après la cérémonie
jupitérienne du Louvre, doit-on sans doute considérer que l’ambition
démocratique n’est ni l’alpha, ni l’oméga de ceux qui veulent nous mettre en
marche vers la jeunesse retrouvée, vers l’euphorie d’un renouveau politique
sans clivage, vers une ère nouvelle de la vie publique où le citoyen, tout au
bonheur promis, se saborde littéralement.
Les
ordonnances qui tuent
Tous les « jeunes » députés « en marche »
vont s’engager aveuglément dans une
démarche suicidaire pour la démocratie en donnant au monarque les pleins
pouvoirs avec l’autorisation d’en finir par ordonnance avec l’avenir du code du
travail. Il y a des ordonnances qui sauvent des malades et il y a des
ordonnances qui tuent. La situation est cependant bien commode pour eux parce
qu’elle cache en même temps leur incompétence, leur incurie et leur lâcheté.
Mais le foutoir ne s’arrête pas à cette première péripétie très significative de la jeune vie d’un
parlement croupion. Il y a eu dans les premières heures de la vie des
gouvernements Macron la valse des ministres en délicatesse avec la justice pour
des affaires de pognon où les caisses du parti, celles de la collectivité et
parfois celles des intéressés, de leurs proches se mêlaient avec allégresse. Ferrand
expatrié à la direction du groupe « en marche » du parlement :
belle image pour le groupe ! Ses turpitudes l’empêchent d’être ministre,
mais pas de diriger la majorité parlementaire : ces gens-là sont doués
d’une conscience morale à géométrie variable.
La morale
fait couac
Quant aux ministres modem, dont Bayrou chargé de présenter la
loi sur la moralisation de la vie politique, accusés d’avoir, comme la Le Pen,
pompé dans l’argent de l’Europe pour faire fonctionner un parti fantomatique,
ils sont à l’image de la rigueur morale que l’équipe au pouvoir veut promouvoir.
De l’esbroufe… de la com... comme on dit maintenant. Par contre pour les
manants que vous êtes, il n’est pas impossible qu’état d’urgence aidant on ne
cherche à vous mettre un peu plus au pas. Mais le monde médiatique ne bruisse
que très faiblement devant ces évolutions, tout occupé qu’il est à la
glorification, à la peopolisation, à la béatification du puissant du jour qui a
compris tout l’intérêt qu’il a à se taire. Sa solide formation d’énarque lui a
sans doute appris qu’on ne dit pas: « je vous ai apporté le
foutoir… ». On s’en sert pour asseoir son pouvoir.
Le foutoir
exporté
Mais il ne s’est pas limité à un foutoir
« interne », pourrait-on dire. Il l’a exporté dans la droite
« classique » qui éclate entre partisans du jeune prince et
mainteneurs de la tradition réac. Mais ces couillons se rendent compte que le
jeune prince est comme eux un fieffé réac (la preuve par le projet de mise à
mort du code du travail) : que faire ? La droite coincée !
Le PS laminé, le monarque s’est arrangé pour ne pas les faire
crever totalement, sans doute un remerciement tardif pour avoir contribué à le
faire roi. Ils survivent. Même Valls, sous oxygène !
Le foutoir a même un peu tourneboulé la tronche de Mélenchon
qui a toujours rêvé d’être le chef de quelque chose et qui se prend maintenant
pour le chef d’une opposition : n’ayons pas la cruauté de lui rappeler qu’il
l’a en partie conduite dans le mur, qu’une démarche véritablement unitaire nous
aurait peut-être évité le foutoir. Enfin en politique on repasse rarement les
plats et il est heureux que le Pcf ait été en mesure de créer son groupe
parlementaire.
Enfin le foutoir se répand dans les provinces, y compris la
nôtre : la droite locale n’a pas écouté l’enthousiasme de Jean-Paul Alduy
pour Macron, mais a laissé à quelques seconds couteaux l’occasion de faire
presque le jack pot électoral. Pujol, toujours aussi fin politique, ne sait plus par qui remplacer son premier
adjoint, qui de la gauche est passé à la droite, pour finir dans le ni-ni. Je
pense qu’ils sont nombreux chez eux, à
l’image du maire de Perpignan, à vouloir courir après le train du foutoir.
La fête !
Ce train-là est dangereux pour tous ceux à qui la lucidité
enseigne qu’il n’y a pas d’autres voies que leur engagement quotidien, citoyen,
social, solidaire, pour faire reculer le chômage, les injustices, la précarité,
pour combattre la misère, pour développer les services publics, pour
transformer la société aux bénéfices du plus grand nombre, c’est-à-dire pour
faire de la politique, pour de vrai. Ceux-là, ce week-end ils seront très-très
loin du foutoir… à la fête du TC.
Jean-Marie Philibert