L’ascenseur….
Les
ascenseurs sont des créations relativement récentes et il a fallu la fée
électricité pour les généraliser. Depuis cet équipement moderne a connu une
fortune pratique, mais aussi métaphorique certaine. Je vous rappellerai « l’ascenseur social»
qui, pour beaucoup, a contribué à nous faire ce que nous sommes : nous
avons entrebâillé la porte pour sortir du populo (elle est d’ailleurs en train
de repartir dans l’autre sens). Il y a une autre image à laquelle je souhaite
m’attacher parce qu’elle peut se lire à tous les niveaux : mise en œuvre
plus souvent elle mettrait de l’huile dans les rouages sociaux, politiques,
économiques, humains. Elle pourrait même contribuer très grandement à enrichir
ce qui fait le sel, le piment, la richesse des relations humaines : c’est
« le renvoi d’ascenseur ».
Le renvoi d’ascenseur
Vous
avez profité de l’ascenseur qui vous a propulsé en quelques instants au
quinzième étage, vous savez qu’au rez-de-chaussée ils sont très nombreux à
attendre, vous vous pressez pour renvoyer l’ascenseur le plus rapidement
possible à ceux qui en ont le plus besoin et qui patientent, embarqués que nous
sommes ensemble dans un monde difficile où l’attention aux autres devrait être
le fondement de l’humanité. Au-delà du civisme élémentaire, il faut y voir les
prémices d’une solidarité plus que souhaitable. Et cela d’autant plus que vous
pouvez être redevable, et sans doute reconnaissant, à ceux qui attendent l’ascenseur,
d’un geste qu’ils ont fait pour vous.
La
générosité élémentaire enseigne le renvoi d’ascenseur !
Et
puis il y a ceux, que vous avez repérés, qui ne veulent l’ascenseur que pour
eux ; ils vous toisent, tirent une gueule sinistre comme un jour d’hiver au
Danemark. Ils baignent, comme dirait Marx « dans les eaux glacées des
calculs égoïstes »
L’escalier suffira
Le
renvoi d’ascenseur n’est pas neutre politiquement : ma petite expérience
socio-politico-syndicale me conduit à rappeler que la droite et la gauche n’ont
pas la même philosophie du renvoi d’ascenseur. Pour la droite pas besoin
d’ascenseur un simple escalier suffira pour tous ceux que la providence divine
a condamnés à vivre modestement, pour la
gauche, on fera un petit effort, proportionnel à l’attachement aux valeurs
progressistes de justice et de solidarité qui vous animent.
Vérification
immédiate avec le projet de loi travail actuellement en discussion : le
Macron se targue de l’imposer par ordonnances ! Il ne veut pas se rappeler
que parmi les nombreuses voix qui l’ont élu, beaucoup l’ont fait pour éviter au
pays une aventure fascisante, mais sans adhérer véritablement à son programme
réactionnaire ; qu’il y en a un grand nombre qui considère que la casse du
code du travail est tout sauf une priorité. En bonne logique il serait sans
doute bienvenu de leur renvoyer l’ascenseur, de ne pas leur faire subir une
double peine : celle d’un choix douloureux par défaut et celle consécutive
d’une cure durable de régression-répression sociale.
L’ascenseur social : en
panne !
Mais
chez le Macron, la régression-répression sociale est une nature profonde
construite sur une observation « fine et complexe» de la société, des
gens et des gares : « Une gare, c’est un lieu où on croise les
gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien parce que c’est un lieu où
l’on passe, un lieu que l’on partage… » Mais oui, il l’a dit (à Paris à
l’inauguration de la station F, le 29 juin).
Il réservera l’ascenseur à ceux qui réussissent.
Pour
tous les autres, les riens, un écriteau ornera la cage d’escalier lugubre, qui
n’a pas été repeinte depuis des lustres : « L’ASCENSEUR SOCIAL EST EN
PANNE : PRIERE, ESPECES DE FEIGNASSES, DE PRENDRE L’ESCALIER ! »
Combattre
le mépris, profiter des outils modernes de la civilisation, refuser l’exclusion
du plus grand nombre et prendre un ascenseur qui marche : tout un
programme ! « Nous ne sommes rien, soyons… »
Jean-Marie
Philibert.
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