les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 31 octobre 2017

Christine Boutin en majesté


Christine Boutin en majesté


Christine Boutin met un terme à sa carrière politique. Le conservatisme l’a bien conservée et lui a permis de durer longtemps aux avant-postes de la réaction. Par exemple, contre le Pacs où la Bible à la main elle avait engagé le combat à l’Assemblée nationale en 98. Le parti chrétien démocrate était son espace politique. En fait plus chrétien que démocrate : la preuve, son appel à voter Marine Le Pen en mai. Mais la cerise sur son gâteau de départ, c’est sa déclaration sur les femmes qui protestent contre le harcèlement sexuel. Écoutez :« Je ne pense pas que ce torrent de révélations soit nécessaire...un dégueulis  d’accusation...La grivoiserie fait partie de l’identité française. Et j’aime bien la grivoiserie » Bravo. Christine tu finis en beauté.

lundi 30 octobre 2017

L'histoire


L’histoire en train de se faire



Etre ou ne pas être dans le bain de l’histoire : il est des moments où le sentiment dominant est qu’il ne se passe rien, rien de notable, rien d’essentiel, le monde tourne cahin-caha, le temps s’égrène, sans aspérité, si ce n’est la monotonie de la quotidienneté. En clair, on s’emmerde un peu. Il nous faut les dérivatifs habituels : l’Usap, la pêche, les courses au supermarché, et la télé bien sûr. L’histoire est souvent aux abonnés absents. C’est un peu le temps hors du temps, mais si on y réfléchit bien, c’est bien souvent le temps le plus fréquent. Les événements du monde ne nous touchent que subrepticement, par ricochet, par écran interposé, C’est le repli sur l’intime, sur la proximité immédiate, sur l’égoïsme assumé.

Les fracas du monde

Et puis il peut arriver sans que l’on sache très bien pourquoi que les fracas du monde s’invitent dans votre quotidien, sollicitent votre attention, votre intérêt, votre désapprobation, votre révolte, votre adhésion. Quand vous en faites le bilan, vous vous rendez compte qu’ils sont rares, qu’ils sont divers, qu’ils ne sont pas nécessairement heureux, mais vous savez qu’à cette occasion vous vous êtes senti concerné parce que vous avez eu le sentiment d’être à côté-dans-avec l’histoire en train de se faire. Vous vous souvenez alors de votre pépé vous racontant sa guerre de 14, de l’histoire de votre mère, infirmière militaire en 39/40 et prise dans les affres de la débâcle avec une flopée de blessés et tentant d’échapper à l’avancée de l’armée allemande.

Et puis vous remontez le temps, vous êtes, vous, dans le film !

L’expérience de l’histoire

Vous vous rappelez qu’enfant ou adolescent, la fin de la guerre d’Algérie a amené à Perpignan un flot de troubles, parfois violents, qui touchaient votre quotidien, vous gardez le souvenir de cars de CRS quadrillant la ville. Parmi les milliers de rapatriés qui ont changé la ville au début des années 60 certains sont restés dans vos mémoires, et sont même restés vos copains. Vous avez vu la stature du Général de gaulle traversant la Place de la Loge au milieu d’une liesse que vous ne compreniez qu’à moitié. Vous gardez des images très inquiétantes de vos premiers passages de la frontière espagnole et des mines patibulaires de la guardia civil.  Il vous revient même en mémoire que le virus de la grève vous ayant déjà piqué, au moment de Charonne, vous avez, avec les petits camarades de votre classe  de première, fait grève sans trop savoir pourquoi : vous vous êtes pris une avoinée.

Agir … modestement

A l’âge adulte vous avez mieux pris conscience de ce qui se jouait dans ces moments d’histoire, en 68 avec une conscience diffuse, la suite est plus claire, plus engagée. Mitterrand, à Toulouse en 1974, l’espoir d’en finir avec le gaullisme, les grandes manifestations régionales unitaires (viticulteurs et salariés), la fièvre mitigée de la victoire de la gauche unie (?) en 81, des ministres communistes, des manifestations laïques pour nationaliser l’enseignement privé (un flop !), la lente érosion des espoirs et les inlassables batailles syndicales, avec des moments où on a le sentiment de toucher à l’essentiel, de titiller ce qui pourrait sembler une victoire. 89, pour les enseignants, la revalo, 94 la Loi Falloux renvoyée aux oubliettes par un million de manifestants. Un an plus tard,  Le plan Juppé, idem, à l’issue d’une grève dure qui dura. En 2000 les écoles révoltées contre un ministre frapadingue du nom d’Allègre, renvoyé au vestiaire ! Ce sont là des moments de mon histoire où le local s’élargit à une conscience collective d’un réel sur lequel on a comme l’impression d’agir…modestement certes, mais agir quand même, avec un cortège d’inquiétudes, de migraines, d’engueulades (non, de débats).

Il s’agit chaque fois de moments où le terrain social, politique (et personnel) vibre, s’échauffe, germe de nos espoirs, de nos ambitions, de nos craintes sans que sur le moment on comprenne l’exactitude de ce qui se passe.

Avec comme un pressentiment celui de construire du nouveau : nos camarades, nos amis, de l’autre côté des Pyrénées vivent sans aucun doute quelque chose qui ressemble à cela. Ils le vivent avec la rue pour paysage. Avec incertitude et enthousiasme. Avec inquiétude et espoir. Avec la soif du rassemblement et de la démocratie. Avec l’aspiration à écrire eux-mêmes leur histoire.

Jean-Marie Philibert

lundi 23 octobre 2017

le chef de la rue ?


Le chef de la rue ?

Etre le chef de la rue : un vieux rêve qui remonte à l’enfance. A une époque où la rue était le terrain de jeu favori, celui de la rencontre, des moments de détente, des loisirs, de la respiration sociale avant que les bagnoles ne les rendent invivables et que la petite lucarne renferme chacun chez soi pour offrir un spectacle du monde certes plus large, mais frelaté, La rue vivait.

Elle vit encore quand des milliers de manifestants l’envahissent pour crier leur révolte et leurs espoirs. Ce qui ne plait pas du tout aux puissants du jour qui se sentent obligés de rappeler vertement que la rue ne fait pas la loi ! Il n’empêche, je reste persuadé qu’elle y contribue. Et c’est, pour cette raison, qu’on voit y poindre le nez de tous ceux qui ont envie d’être le chef de la rue… Comme, quand enfant nous nous foutions quelques dérouillées pour être le chef de notre rue.

Occuper la rue

La compétition bat son plein, entre ceux qui, façon Macron, n’aiment la rue qu’à condition qu’elle serve leur culte, qui l’occupent avec leurs affidés, accompagnés de cars de CRS pour éloigner les gêneurs, ceux qui depuis qu’ils existent ont compris que la rue et les luttes qui s’y expriment  sont à la vie syndicale ce que le sang est à l’organisme, qu’il ne sort rien de très bon des salons où l’on ne fait que causer, et enfin tous ceux qui rêvent d’être chefs de quelque chose, qui sont à la recherche de troupes, qui ne connaissent la rue que depuis peu de temps, mais qui sont des spécialistes de la philosophie des YAKA-FOCON, genre MELUCHE PREMIER, qui ambitionne des Champs Elysées  envahis d’un million de manifestants pour renvoyer Macron et sa loi travail dans les cordes.

Pas à la hauteur

Pour lui, le mouvement social n’est pas à la hauteur de ses rêves les plus fous, les leaders syndicaux manquent de visions communes, nous allons perdre, lance-t-il à ceux qui continuent la lutte, à ceux qui ont rassemblé toutes les fédérations de la fonction publique le 10 Octobre, à ceux auxquels il reproche de n’être que des rouages d’un vieux monde…

Ces propos abrupts, très réducteurs, sont totalement incongrus pour ceux qui ont l’expérience, même modeste, de la rue. Ils sont plus révélateurs de l’hypertrophie du personnage que de sa connaissance du mouvement social. Ils offrent cependant l’occasion d’aborder une question complexe que soulèvent les luttes sociales : le rapport au politique.

A personne ? A tous ?

La rue n’est à personne, ou à tous, en particulier à ceux qui l’occupent, le plus souvent très pacifiquement, regroupés, revendiquant avec des messages clairs en direction des pouvoirs publics ou économiques. Elle est le peuple rassemblé qui peut ainsi dire sa colère, ses espoirs, son besoin d’en finir avec toutes les galères. Figurez-vous qu’elle est même inscrite dans la constitution ! Les régimes autoritaires n’ont eu de cesse de vouloir interdire ces rassemblements, bien sûr, séditieux : c’est dire qu’ils sont le signe, et même un peu plus, la réalité tangible de notre liberté. C’est un bien précieux dont les organisations syndicales ont raison d’user et d’abuser parce qu’ils sont porteurs de nos intérêts matériels et moraux, souvent mis à mal dans les politiques en œuvre. lls travaillent ainsi, et nous avec, au progrès social.
Il leur appartient d’en définir les visées, les formes, les alliances, démocratiquement, en toute indépendance, avec leurs mandants (le travailleur syndiqué) qui sont seuls juges.

Je sais très bien que le passé, mais aussi le présent, pourraient contredire ces propos, qu’ils sont nombreux à imaginer un syndicalisme aux ordres, que même le syndicalisme se plaint parfois de la distance qui le sépare du politique, que des tentations existent. Mais je crains que dans ces temps d’incertitude, de bouleversement du monde du travail, d’exclusion massive de pans entiers de la population, toute dérive des « organisations ouvrières », c’est un mot qu’il faudrait remettre à l’honneur, vers des intérêts qui ne seraient pas ouvriers soit mortifère pour le monde du travail.

N’en déplaise à ceux qui se voient un avenir de chefs de rue.

La rue, comme la terre,  doit être à ceux qui la « travaillent ». Il ne peut en sortir que des récoltes futures. Encore un coup de la lutte des classes. Relisez Germinal !

Jean-Marie Philibert.

mardi 17 octobre 2017

avec les peuples et nos cousins


 Avec les peuples et nos cousins

N’est-ce pas un peu imprudemment que je me suis engagé à parler de la Catalogne ? Certes ils en parlent tous, les grands esprits, les petits, les qui se moquent, les qui admirent, les qui donnent des leçons, les qui savent qu’il ne sortira rien de bon d’une situation compliquée et quelque peu inextricable. Je crains qu’il y ait plus d’attente que prévu ! Mais comme je n’ai aucune disposition à faire l’autruche, comme je sais  que tout engagement véritable impose de garder les yeux ouverts, comme je perçois dans l’affaire des valeurs en jeu de démocratie, de liberté, de justice, de solidarité qui ne cessent de me concerner (on ne se refait pas !), je prends la plume catalane pour dire ma pensée.

Un souvenir

Partons d’un souvenir : lors d’une manifestation parisienne organisée par un syndicat cher à mon cœur, la délégation des P.O était toute fière d’arborer une banderole sang et or et d’affirmer ainsi un peu de sa catalanité. Mal nous en a pris, il y avait les ignares qui nous prenaient pour des supporters de l’équipe de Lens, mais plus grave à de multiples reprises au cours de la manifestation nous  nous sommes faits copieusement engueuler  par des camarades qui n’admettaient pas l’expression d’une identité, on va dire « particulière »,  dans une manifestation « nationale ». C’était il y a quelques lustres… mais les incompréhensions demeurent.

Et à écouter les « éminents spécialistes » évoquer la question catalane dans cette dernière période, je me dis que leur capacité à analyser, comprendre et faire comprendre ce qui se passe en Catalogne, la(les) question(s) nationale(s), celles de l’identité, de la démocratie, de la liberté, est restée quasi nulle.

Etre ce que nous sommes

Question centrale : a-t-on le droit d’être ce que nous sommes ? Ailleurs, ici, à côté, tout près : le poids de l’histoire ! Du milieu ! De la géographie ! De la langue entendue, lue, enfouie ! Des ancêtres ! Des exils et des pérégrinations ! Des violences, des luttes, des bonheurs, des malheurs, des angoisses ; des espoirs, des rêves, des rencontres, des amours, de l’atmosphère, de la terre, de son odeur. De papa-maman…

Ma réponse est IN-DIS-CU-TA-BLE-MENT OUIIIIIIII ! Et l’expérience historique nous rappelle que les peuples, même dans les pires des souffrances, ne cessent d’agir pour être entendus. Souvent ils y parviennent. Reste à savoir ce qu’est un peuple, certainement plus qu’une identité. Reste à trouver la-les forme(s) apte(s) à permettre l’expression de cette identité. Et là du côté de Barcelone, il y a visiblement problème ; l’accent progressivement, mais très sûrement, et exclusivement, a été mis sur la seule notion d’indépendance. A en faire la seule issue possible à une crise qui n’est pas que nationale, on a pu laisser croire, et c’est souvent le cas en politique, que la magie des mots ouvrirait une voie royale à un avenir radieux en gommant la complexité sociale et économique.

Pour ne plus patauger dans la paella

Le jour où j’écris ce billet d’humeur pourrait être  une illustration parfaite du piège du mot indépendance, puisque c’est le jour de l’ultimatum fixé par Rajoy à Puigdemont pour savoir s’il a bien dit indépendance. S’il l’a dit AIE! AIE ! AIE !! S’il ne l’a pas dit, les indépendantistes catalans vont attraper la migraine. Nous allons patauger encore dans la paella !

Et tous ceux qui n’ont pas que le mot indépendance à la bouche ont du mal à se faire entendre : la seule issue possible impose de prendre en compte la globalité des réalités. Divisions sociales,  souffrances sociales, exploitation, aspiration au progrès,  répartition des richesses, avancées démocratiques à mettre en œuvre, république à véritablement et durablement fonder pour sortir définitivement du franquisme. Ne sont-ce pas là les fondements à mettre en commun, en Catalogne, comme ailleurs ? Une mise en commun populaire au sens très plein du terme et avec tous les pluriels nécessaires. Elle devrait se nourrir des mobilisations de masse à l’œuvre. Un (petit ? grand ?) coup de luttes des classes pour réveiller les peuples !

L’Europe qui s’est tant bien que mal, et plus mal que bien, construite a tourné le dos à ces exigences. Son incapacité à dire quoi ce soit sur la Catalogne en est un signe manifeste. A nous de lui rappeler qu’elle ne peut, ne doit se construire qu’avec les peuples.

Nous vivons une moment d’histoire partagée où grâce au courage, à la mobilisation de nos cousins du sud nous (re)découvrons le besoin des femmes et des hommes  de construire leur destin, certes avec difficulté,  avec le souci de la paix à construire, du dialogue à instaurer, j’ajouterai du pluralisme à renforcer. Merci cousins !

Jean-Marie Philibert.
avec les peuples

lundi 9 octobre 2017

la B et la M


Le B et la M



Vous avec tous fait l’expérience de ces jeunes enfants mal élevés et insupportables, adulés par des parents aveugles, qui ne se déterminent qu’au gré de leurs caprices : ils rejettent violemment tout ce qui sort de leur milieu étroit et hyper protégé où ils sont rois. Ils jettent une moue dégoutée en pointant un doigt rageur sur ce qui les dérange, sur ce qu’ils détestent. Ils tirent la langue avec ostentation et peuvent aller jusqu’à des paroles blessantes, voire injurieuses. En général avec l’âge ça a des chances de leur passer.

Chez Macron, ça dure

Une manif…une horreur

Quand Macron dit "Certains, au lieu de foutre le bordel, feraient mieux d'aller regarder s'ils ne peuvent pas avoir des postes là-bas, parce qu'il y en a qui ont les qualifications pour le faire et ce n'est pas loin de chez eux", à propos d’une manifestation d’ouvriers qui perturbent l’opération médiatique que son équipe a organisée, il est dans le même état d’esprit. Il manifeste la même hauteur de vue que le petit merdeux qui dichotomise tout, entre son monde  et le reste. Et le reste, c’est de LA.

Et pour lui l’ouvrier qui ose revendiquer ça en est. A la maternelle de l’ENA on lui a appris qu’il y a d’un côté les bisounours pleins de fric, d’arrogance et … de bonnes manières, genre Rothschild et de l’autre, les riens, les fainéants, les illettrés et les bordeliques, genre syndicalistes criards. Il se répand donc en apostrophant tout ce qui lui déplait, (essentiellement la classe ouvrière !) comme un jeune imbécile insupportable qui se prend pour le centre du monde et qui considère qu’en dehors de son auguste personne  et de ses affidés, tout le reste, c’est de LA.

Du côté du pognon

On va dire que je caricature, que je ne respecte pas le président, la fonction, le suffrage universel qui en a fait un grand homme, la Frrrrrance qu’il représente et tout le toutim. Je ne fais modestement que relever un réflexe pavlovien : Macron se met à dire toutes les énormités possibles dès qu’il voit, entend un travailleur indocile. Ce préjugé de classe est insupportable. Son caractère récurrent montre le mal profond d’une classe dirigeante qui ne voit l’humanité qu’à l’aune de son pognon. Il n’est pas totalement nouveau. Mais on ne s’y habituera jamais ! Rappelez-vous la racaille, les sans dents.

Et des coussins brodés d’or

 Il est amplifié par les largesses faites à profusion à tous ceux qui peu ou prou participent du monde de la finance. Le budget qui se prépare en est une magnifique illustration : un budget de riches pour les riches. Votre jet privé ne sera plus taxé, votre yacht non plus. Dormez tranquilles possédants du vieux monde ! Parce que Moi Macronus Imperator je saurai faire respecter un ordre intangible où chacun doit rester à sa place : ceux qui m’aiment, que j’aime, qui sentent le pèse à plein nez je les veux sur l’olympe où nous nous vautrerons sur des coussins brodés d’or et  remplis de dollars. Pour les autres, pour tous les autres, (le peuple quoi !) la docilité est de mise, leurs droits ont été-sont-seront réduits, leur pouvoir d’achat pressuré, leur travail menacé, leur protection sociale grignoté, leur démocratie rabougrie. Et ils devront impérativement se taire, accepter, se distraire de l’opulence des autres pour recevoir quelques miettes de redistribution.

Malheur à ceux qui auront la sinistre idée de protester, rouscailler, crier, manifester, et suprême horreur faire grève.  Macron se chargera de vous remettre  vertement à votre place, celle que vous n’avez pas à quitter, à refuser, à contester.

Et pourtant vous le faites, le refaites, ce destin de M, très peu pour vous.

Tiens Macron, ça commence aussi par un M… Un signe ?

Jean Marie Philibert

lundi 2 octobre 2017

la loi et la rue


« La démocratie n’est pas la rue ! » qu’il a dit…

« Chers spectateurs, amateurs de sensations fortes, bonsoir ! Vous allez assister à la rencontre de boxe féminine, que vous attendiez tous depuis des lustres et des lustres, depuis 1789, 1830, 1848, 1871, 1944, 1968, depuis plus récemment 1995… entre deux magnifiques combattantes que le temps n’émousse pas, deux femmes de caractères aux muscles d’acier, deux symboles inaltérables de notre vie politique qui se détestent copieusement. Elles n’appartiennent pas au même milieu, elles n’ont pas reçu la même éducation, pour l’une, même,  il n’y a pas eu d’éducation du tout. Et cela se voit !

L’une

L’une se croit sortie de la cuisse de Jupiter (c’est le cas de le dire) ; elle est au-dessus de tout, la référence ultime. Elle a horreur d’être contredite et si vous lui désobéissez, elle n’aura de cesse de chercher à vous faire punir dans des lieux sinistres par des gens tout habillés de noir qui manquent cruellement d’humour, de joie de vivre et d’humanité. Elle n’a que des copains de la haute, qui s’en croient parce qu’ils ont des sous, des costumes et de belles voitures. Elle méprise le populo et est sponsorisée par le CAC 40. Ce soir elle est managée par un nouvel entraîneur qui est plein d’ambition pour elle, mais surtout pour lui. Il serait dit-on originaire d’Ecosse, un dénommé Mac Rond (il en est plein). La boxe mène à tout…

L’autre

L’autre est née au Vernet, à Perpignan ! Une belle école de la vie qui vous dispense de fréquenter l’autre école, y préférant les grandes escapades dans les quartiers de la ville où se battre avec les garçons était son sport favori. Elle ne connaît pas les bonnes manières. Elle est brute de décoffrage et n’aime pas qu’on lui résiste. Elle a une beauté sauvage qui attire tous les regards. Elle aime qu’on l’aime et ils sont très nombreux à l’aimer beaucoup-beaucoup, même si on ne parvient jamais à savoir combien. La police qui la surveille toujours se trompe toujours sur le nombre de ses amoureux. Ce soir elle est drivée par une vieille gloire qui tente un come-back : il est plein d’ambition pour elle et aussi pour lui. Vous avez reconnu la coqueluche des media (pourquoi tu tousses ?) le célèbre Jean-Luc Mélenchon (qui a surtout horreur de se mélancher).

A ma droite (bien sûr) LALOI et à ma gauche (bien sûr) LARUE, le combat peut commencer pour désigner la championne du monde de la DE-MO-CRA-TIE. »





Gong !

Dès le gong,  LALOI a perdu toute sa superbe, elle court aux quatre coins du ring cherchant désespérément à échapper aux mains de LARUE  qui la poursuit sans trêve. Elle tremble de peur ! Le match se transforme en course poursuite sous le regard hilare d’un public populaire qui se délecte de voir cette pimbèche mise à mal par leur copine. Elle se cache derrière l‘arbitre, crie, pleure, appelle sa maman, son papa, son entraîneur qui veut lui donner du courage : « Tu es LALOI, tu dois gagner, vas-y, tape ! mais tape donc ! Il n’y a pas plus fort que LALOI, ma petite. Les dieux et moi sommes avec toi… » Et l’autre de courir sans trêve, de tenter de s’échapper du ring,  d’être rattrapée in extremis sous les quolibets d’un public ravi. « Tu fais plus la fière ! Péteuse ! Péteuse ! Péteuse ! Remboursez ! Remboursez ! »

L’arbitre se sent obligé d’arrêter un combat (qui n’a pas vraiment commencé) pour rappeler à LALOI la loi : « Mademoiselle il faut se battre ! Il ne suffit pas de fanfaronner. » Et elle de reprendre sa course effrénée autour d’un ring qui est pour elle un enfer. Devant cette débâcle, son entraineur Mac Rond décide brutalement de jeter l’éponge sur le ring, pour signifier son abandon. Mais comme c’est un grand maladroit l’éponge tombe malheureusement sur le visage de LARUE qui, prise d’une colère que l’absence de combat a décuplée, se jette sur lui pour lui en aligner une qui le met immédiatement KO. Et toute la salle de s’éclater !

« LARUE vainqueueueuzzze ! hurle le speaker au milieu d’une foule en liesse. C’est une chance pour la démocratie de se retrouver dans de si bonnes mains ! »

Et cerise sur le gâteau : Mac Rond au tapis !

Jean-Marie Philibert