les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 17 octobre 2017

avec les peuples et nos cousins


 Avec les peuples et nos cousins

N’est-ce pas un peu imprudemment que je me suis engagé à parler de la Catalogne ? Certes ils en parlent tous, les grands esprits, les petits, les qui se moquent, les qui admirent, les qui donnent des leçons, les qui savent qu’il ne sortira rien de bon d’une situation compliquée et quelque peu inextricable. Je crains qu’il y ait plus d’attente que prévu ! Mais comme je n’ai aucune disposition à faire l’autruche, comme je sais  que tout engagement véritable impose de garder les yeux ouverts, comme je perçois dans l’affaire des valeurs en jeu de démocratie, de liberté, de justice, de solidarité qui ne cessent de me concerner (on ne se refait pas !), je prends la plume catalane pour dire ma pensée.

Un souvenir

Partons d’un souvenir : lors d’une manifestation parisienne organisée par un syndicat cher à mon cœur, la délégation des P.O était toute fière d’arborer une banderole sang et or et d’affirmer ainsi un peu de sa catalanité. Mal nous en a pris, il y avait les ignares qui nous prenaient pour des supporters de l’équipe de Lens, mais plus grave à de multiples reprises au cours de la manifestation nous  nous sommes faits copieusement engueuler  par des camarades qui n’admettaient pas l’expression d’une identité, on va dire « particulière »,  dans une manifestation « nationale ». C’était il y a quelques lustres… mais les incompréhensions demeurent.

Et à écouter les « éminents spécialistes » évoquer la question catalane dans cette dernière période, je me dis que leur capacité à analyser, comprendre et faire comprendre ce qui se passe en Catalogne, la(les) question(s) nationale(s), celles de l’identité, de la démocratie, de la liberté, est restée quasi nulle.

Etre ce que nous sommes

Question centrale : a-t-on le droit d’être ce que nous sommes ? Ailleurs, ici, à côté, tout près : le poids de l’histoire ! Du milieu ! De la géographie ! De la langue entendue, lue, enfouie ! Des ancêtres ! Des exils et des pérégrinations ! Des violences, des luttes, des bonheurs, des malheurs, des angoisses ; des espoirs, des rêves, des rencontres, des amours, de l’atmosphère, de la terre, de son odeur. De papa-maman…

Ma réponse est IN-DIS-CU-TA-BLE-MENT OUIIIIIIII ! Et l’expérience historique nous rappelle que les peuples, même dans les pires des souffrances, ne cessent d’agir pour être entendus. Souvent ils y parviennent. Reste à savoir ce qu’est un peuple, certainement plus qu’une identité. Reste à trouver la-les forme(s) apte(s) à permettre l’expression de cette identité. Et là du côté de Barcelone, il y a visiblement problème ; l’accent progressivement, mais très sûrement, et exclusivement, a été mis sur la seule notion d’indépendance. A en faire la seule issue possible à une crise qui n’est pas que nationale, on a pu laisser croire, et c’est souvent le cas en politique, que la magie des mots ouvrirait une voie royale à un avenir radieux en gommant la complexité sociale et économique.

Pour ne plus patauger dans la paella

Le jour où j’écris ce billet d’humeur pourrait être  une illustration parfaite du piège du mot indépendance, puisque c’est le jour de l’ultimatum fixé par Rajoy à Puigdemont pour savoir s’il a bien dit indépendance. S’il l’a dit AIE! AIE ! AIE !! S’il ne l’a pas dit, les indépendantistes catalans vont attraper la migraine. Nous allons patauger encore dans la paella !

Et tous ceux qui n’ont pas que le mot indépendance à la bouche ont du mal à se faire entendre : la seule issue possible impose de prendre en compte la globalité des réalités. Divisions sociales,  souffrances sociales, exploitation, aspiration au progrès,  répartition des richesses, avancées démocratiques à mettre en œuvre, république à véritablement et durablement fonder pour sortir définitivement du franquisme. Ne sont-ce pas là les fondements à mettre en commun, en Catalogne, comme ailleurs ? Une mise en commun populaire au sens très plein du terme et avec tous les pluriels nécessaires. Elle devrait se nourrir des mobilisations de masse à l’œuvre. Un (petit ? grand ?) coup de luttes des classes pour réveiller les peuples !

L’Europe qui s’est tant bien que mal, et plus mal que bien, construite a tourné le dos à ces exigences. Son incapacité à dire quoi ce soit sur la Catalogne en est un signe manifeste. A nous de lui rappeler qu’elle ne peut, ne doit se construire qu’avec les peuples.

Nous vivons une moment d’histoire partagée où grâce au courage, à la mobilisation de nos cousins du sud nous (re)découvrons le besoin des femmes et des hommes  de construire leur destin, certes avec difficulté,  avec le souci de la paix à construire, du dialogue à instaurer, j’ajouterai du pluralisme à renforcer. Merci cousins !

Jean-Marie Philibert.
avec les peuples

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