les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

samedi 16 décembre 2017

les souchiens et les non-souchiens


Les souschiens et les non-souchiens

Il a encore frappé… Ne croyez pas que ce soit pour éclairer les esprits ou exprimer un tout petit peu de sollicitude pour une frange de la population en souffrance. Il n’est pas là pour ça. Il est là pour nous montrer que du haut de sa suffisance pontifiante, il y a ceux qui comprennent le monde, ses arcanes, sa complexité et tous les autres … couillons, dont nous sommes, qui ont quand même la chance de l’écouter, lui, à qui tous les micros sont ouverts et qui peut y dire n’importe quoi.

Lui, vous avez compris, c’est Alain Finkielkraut,  « grand » philosophe devant l’éternel, et qui bien sûr, devant donner son avis sur tout, s’est répandu en disant à propos de l’hommage populaire à Johnny que les « non-souchiens » y étaient absents, et que ce fut essentiellement le rassemblement du « petit peuple blanc ». Il ne s’agit pas de revenir sur un cérémonial dont chacun est libre de penser ce qu’il veut, mais qui, souvent comme tout cérémonial, a du sens. Et bien sûr tout à ses fantasmes, Finkielkraut lui donne un sens raciste. Il aime tant fricoter avec la droite et la droite extrême. C’est ce racisme que je veux interroger parce qu’il gangrène notre société, la conduit dans l’impasse, rend impossible toute possibilité de transformations sociales. C’est sans doute pour cela que les réactionnaires de tous poils s’y précipitent.

 La souche est un absolu

Le racisme se nourrit à deux mamelles, l’absolu de la souche et la phobie de l’altérité. Pas d’avenir si vous n’êtes pas souchiens, si vous n’avez pas vos racines plongées dans la terre de vos ancêtres, qui eux-mêmes en sont nés, progressivement purifiés par une atmosphère à nulle autre pareille, puisque c’est la vôtre, qu’elle vous est inaliénable, qu’elle vous résume, vous et les vôtres, qui vous rapprochent de ceux qui se sont enracinés tout près de vous. Si de plus la souche est de couleur blanche, s’imagine bénie des dieux, et héritière d’une histoire pluriséculaire, vous êtes au top, vous pouvez mépriser le monde et  ses bariolages dont il faut vous protéger, parce que là est le mal.

L’altérité, c’est le mal

Le mal, c’est l’altérité, celui-celle qui n’est pas comme nous, dont la souche est ailleurs, dans un monde hostile et inconnu où la civilisation ne peut être que primitive, l’éducation, inexistante, les mœurs, sulfureuses. Certes ils peuvent être vaillants et utiles, ils se débrouillent très bien avec les marteaux piqueurs, ils ne rechignent jamais devant les tâches ingrates. Mais fondamentalement ils ne sont pas comme nous. Aller les voir chez eux, de loin, en faisant du tourisme, pourquoi pas ? Mais vivre à côté d’eux ici, envoyer nos enfants à l’école que fréquentent leurs enfants, non, ce n’est pas possible ! Nos souches sont incompatibles et le resteront.

La vérité botanique

C’est sans doute, ce que pense l’académicien. Et oui ! Il va faire la sieste aux séances de l’académie française : ça ne l’empêche pas de dire des bêtises. La preuve par la botanique !

Il s’avère que grâce aux mystères de la botanique, les racines n’obéissent pas à un déterminisme absolu et que toutes les souches ne soient pas conçues avec les lourdes bornes que Finkielkraut juge indépassables. Les graines poussent un peu où elles veulent et comme elles le veulent. L’univers plombé de celui que Bourdieu qualifiait de « sous-philosophe » n’est qu’une construction mentale d’un autre âge qui a peur que les femmes, les hommes se rassemblent avec leurs différences et avec toutes leurs couleurs pour construire un monde neuf.

La vie, comme le monde et ceux qui le peuplent,  ne peut être qu’arc-en-ciel. N’en déplaise à Finkielkraut.

Jean-Marie Philibert

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