les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

samedi 2 décembre 2017

La Villa


La calanque, la villa, le monde, la vie.

Voguer au gré de ses humeurs… un plaisir… et quand ces humeurs sont destinées aux lecteurs du TC, c’est un plaisir partagé, même si la palette des sentiments qui les animent n’a pas toujours des couleurs euphoriques. L’époque n’est pas à se taper sur le ventre ; elle exige lucidité et exigence pour ne pas verser dans un nihilisme qui enchanterait les adeptes de la désespérance. Elle impose d’être aux aguets, de garder la dialectique en bandoulière, de capter toutes les bouffées d’oxygène qui sont les signes d’une vie qui continue.

De l’oxygène

Il ne viendra pas nécessairement que de la vraie vie, comme on dit, mais aussi des salles obscures où des cinéastes, des acteurs-et-trices (c’est mon écriture inclusive) répondent à notre besoin d’écouter des histoires. Le dernier film de Robert Guediguian, La Villa, est une mine d’oxygène : il est depuis la semaine dernière sur les écrans. Il serait dommage de ne pas s’en servir pour prendre une dose d’optimisme, même si apparemment le sujet pourrait donner le sentiment de ne pas tout à fait s’y prêter.

En effet : sur la terrasse d’une maison dominant la calanque de Méjean à Marseille un vieil homme contemple la mer. La main tremble. Il s’effondre, terrassé par une attaque. L’histoire commence : ses enfants se retrouvent, après de longues années de séparation, à son chevet. Angèle (Ariane Ascaride) a peur de retrouver vingt ans après le lieu d’un drame familial qu’elle a voulu gommer. Joseph (Jean-Pierre Daroussin), « jeune » retraité sans illusion et, bien sombre malgré la jeunesse de sa  compagne, semble accepter un avenir plombé, seul Armand (Gérard Meylan) resté dans la calanque où il tient le restaurant populaire ouvert par son père semble faire face… porté peut-être par la magie d’un lieu à perpétuer envers et contre tout. Tout est dit en quelques images.

Une tragédie finie

La tragédie n’a pas à commencer, elle est déjà écrite. La  mort a emporté accidentellement la fillette d’Angèle, dont les souvenirs peuplent la villa,  vingt ans plus tôt. Elle va emporter aussi le couple de vieux amis, voisins de la villa, qui, devant la vie qui fuit, préfèrent la mort ensemble et choisie à la sollicitude d’un fils aimant. La présence récurrente de forces de police à la recherche de réfugiés introuvables est comme le signe que quelque chose d’autre peut arriver, mais qui n’arrive pas.

La sympathique passion dévorante d’un jeune marin pécheur, amoureux depuis l’enfance d’une Angèle actrice admirée qui lui a fait découvrir le théâtre permet à l’amour de faire de la résistance.

Ils sont au bord de l’abîme, mais ne font pas le pas de trop. Ils revivent l’exubérance de leur jeunesse dans la citation d’une œuvre précédente de Guediguian, images séduisantes d’une joie définitivement enfuie. Ils restent tous droits, dignes, humains. Ils font face !

Et pourtant

Et pourtant de trois jeunes enfants (une fille et deux garçons là aussi), réfugiés venus d’ailleurs, découverts par hasard cachés dans les rochers de la calanque va venir le signe inespéré. Je ne veux pas vous en dire plus. La scène finale résume tout le propos et la beauté  du film. Cette fin est un début ! La calanque peut aussi donner la vie, dans l’ouverture aux autres, dans la solidarité. Ils sont l’image d’un monde qui n’a pas fini de nous étonner par sa capacité à se régénérer au moment où on s’y attend le moins. Le cinéma peut nous donner des leçons de vie qui font du bien.

Jean-Marie Philibert.

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