les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 11 décembre 2017

un peu beaucoup


Un peu…beaucoup…

En cette froide journée de décembre où le sentiment diffus d’avoir perdu un être cher s’est emparé de nombreux français de tout âge les Champs Elysées connaissent ce dont Mélenchon a rêvé, un méga rassemblement pétaradant populaire et surprenant pour accompagner un disparu, mais ce n’est pas le code du travail, c’est pour être jusqu’au bout du bout avec Johnny dans une sorte de catharsis pour se préparer à se séparer de ce que l’on a aimé et pouvoir faire en sorte que la vie continue sans lui, qui nous accompagne depuis des décennies.

Il a animé nos vies

Je me suis interrogé sur la manière d’aborder l’événement. Ce que j’en pense importe peu et risquerait d’être à contre-courant. Mes compétences dans le domaine musical étant réduites à zéro, il était exclu que je puisse dire quoi que ce soit d’intéressant sur l’apport du chanteur, si ce n’est répéter ce que d’autres ont dit. Certes il a animé nos surprises parties comme on disait alors : il a posé les fondements d’une vie rock-and-roll, il a joué à l’Elvis Presley hexagonal, il a été une bête de scène, et très vite il est apparu comme le dessus de panier des chanteurs de son acabit. Et puis il a tant duré qu’il est passé avec allégresse d’une génération à un autre, il était l’idole des parents, il est devenu celui des enfants, aujourd’hui celui des grands parents… jusqu’aux obsèques quasi nationales.

Une soif de nouveauté

Cette relation avec un public, et au-delà avec un peuple est surprenante, rare. Je pense qu’il est le produit d’une époque, d’un temps qu’on a appelé les trente glorieuses, issu d’une guerre qui fut une ignominie pendant laquelle la vie, plutôt mal que bien, a continué. L’enfance pour ceux qui ont été comme lui les précurseurs des baby-boomers dans les années cinquante fut une période d’autant plus difficile que les modèles anciens restaient très prégnants de conformisme et que dans le même temps la soif de nouveauté, de modernité, d’ouverture, de liberté frappait à la porte.

Il va dans ces premiers succès montrer la voie à suivre pour l’étancher, timidement d’abord, puis la vague rock and roll aidant, il bousculera les bornes jusqu’à se rouler par terre sur scène, et autres joyeusetés du même tonneau. Vous n’y pensez pas ! Il a osé !

Complicité

Et il va continuer à oser, à s’embarquer sur toutes les nouveautés que les temps d’alors vont proposer à une jeunesse exubérante que le gaullisme vieillissant ne parviendra pas à étouffer. Il restera dans le spectaculaire, le médiatique, le people, le showbiz… nourrira les modes, les exprimera avec flamboyance et un goût pas toujours très sûr. Mais qu’importe ! Il vit intensément, s’enrichit, parle de lui, de nous, nous accompagne, nous entraîne. Il a les mots simples et pas toujours justes pour dire les choses. Comme nous ! On s’en amuse … Une complicité est née qui ne cessera.

Une constante, qui a sans doute du sens : la distance prise avec le politique qui dérange, comme si la vraie vie n’était que spectacle, que rassemblement festif,  que rencontre par-delà les différences, les âges, les générations, les clivages sociaux. Et ça marche !

Le destin

D’autant mieux que la revanche à prendre sur un destin contraire reste une marque de fabrique qu’il assume : il permet à la plus grande partie de son public de sublimer ainsi la médiocrité d’un destin pas toujours folichon, et de partager, fût-ce symboliquement,  une part de ses débordements, débordements d’amour et de vie.

Ce qui s’est exprimé dans les rues de Paris ce samedi tient de cette rencontre intime entre le destin singulier et extraordinaire d’un chanteur hors norme (pour lequel chacun peut garder l’appréciation qu’il souhaite) et des milliers et des milliers de gens qui se sont reconnus, qui se sont projetés, qui se sont identifiés avec une icône dont ils avaient le sentiment qu’elle leur ressemblait un peu… beaucoup… passionnément…

Jean-Marie Philibert.


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