Le Collège
de Millas en deuil
Est-il
possible de tirer les leçons de ce deuil ?
J’ai un sentiment étrange devant les catastrophes
accidentelles qui nous tombent dessus,
au moment où nous ne nous y attendons pas : nous avons combattu la
maladie, nous la combattons vigoureusement, nous avons souffert atrocement des
guerres et nous les avons quasiment expulsées de nos territoires les plus
proches, face aux accidents de la route,
des transports, qui régulièrement détruisent des familles, nous sommes comme
face à une fatalité inexorable. Nous combattons avec des moyens dérisoires un
mal ô combien mortel. Et nous nous exposons à voir les tragédies se perpétuer.
Parce qu’au Collège de Millas, à Saint Feliu d’Avail, chez
les collégiens, chez les professeurs, chez les personnels, chez les parents,
dans la population il n’y a pas d’autres mots pour dire l’indicible, d’autant
plus douloureux qu’il touche des enfants dans un temps qui aurait dû être leur
fête. Toute l’équipe du TC dit par ailleurs sa peine, sa compassion, sa
solidarité.
Comprendre
Il ne nous appartient pas de préciser les responsabilités.
Mais nous avons besoin de comprendre l’enchaînement des événements jusqu’au
choc brutal au passage à niveau entre le bus scolaire qui ramenait chez eux les
jeunes élèves et le TER. La sortie du collège, la montée dans les bus,
l’effervescence d’une fin d’après-midi, la noria des autocars, le choc
inouï avec le train, l’horreur à
l’intérieur, la vision d’un cataclysme pour tous les autres et tout le cortège
de souffrances, d’angoisse, d’empreintes indélébiles dans les têtes et dans les
cœurs. L’enquête dira ce qu’il en est. Les barrières ouvertes ?
Fermées ? La défaillance humaine ? Celle du matériel ? Ces
interrogations sont légitimes, mais nécessitent du temps.
L’intervention des services de secours, la mobilisation des
pouvoirs publics, la capacité des services hospitaliers, la générosité des
populations ont été à la hauteur des événements. Je voudrais retenir les propos
du ministre de l’éducation qui a mis l’accent sur la nécessité d’inscrire dans
la durée cette action des pouvoirs publics, les traumatismes de la catastrophe
resteront très longtemps douloureux.
Les éviter
Notre capacité à affronter les catastrophes, l’expérience
que nous en avons devraient légitimement nous conduire à faire plus pour les
éviter. Certes on vous dira à satiété que le risque zéro n’existe
pas. Mais pourquoi après un accident similaire il y a quelques années sur un passage à niveau est-on confronté à nouveau à un tel
choc ? Les coups portés au service
public, la réduction du nombre d’agents, la vétusté du réseau, la prolifération
du transport par bus, l’entretien des routes, la sécurité très médiocre de tous
les passages à niveau devraient nous préoccuper
bien au-delà de ces temps d’émotion.
Ecoutons les conseils d’un cheminot
CGT : « La CGT considère que chaque passage à niveau constitue
un danger et qu’il faut soit les supprimer soit les sécuriser » (Sébastien
Mourgues, la Marseillaise du 16 décembre).
La sécurité a un prix. Il est essentiel que les jeunes
victimes de Saint-Feliu nous réapprennent ce que nous semblons trop souvent
oublier, qu’il s’agit du prix de la vie !
Jean-Marie Philibert
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