Trop plein et boussole…
Trop
plein : il est des moments où l’actualité donne l’impression de
s’emballer, de partir dans tous les sens. Du local à l’international, on a eu
droit à toutes sortes d’événements, certains attendus, d’autres inédits,
certains chargés de promesses et d’autres
sinistres.
Commençons
par l’optimisme d’un printemps qui semble renaître. Le 22 mars fut une grande
date pour le mouvement social. Ici comme partout dans l’hexagone. Quand
les manifs perpignanaises prennent le grand circuit des boulevards qui pendant
de longues minutes sont pleins comme un œuf, qu’il y a de la joie à se
retrouver aussi nombreux, qu’il y a de la solidarité qui exprime diversité et
dynamisme, qu’il y a une volonté commune d’arrêter une politique mortifère pour
le peuple, pour ses besoins sociaux, ce sont des moments intenses dont on sait
qu’ils peuvent servir à bâtir des perspectives. Surtout si l’on y voit que les
forces de gauche commencent à se retrouver. Le pire ne serait donc pas à venir.
Les boniMENTEURS
Mais
là interviennent les inénarrables bonimenteurs officiels chargés de scier la branche qui risquerait
d’être chargée de trop de fruits progressistes pour une classe laborieuse qu’ils
rêvent en léthargie et en souffrance.
La
dernière trouvaille en date : un sondage qui « dit » qu’une
majorité de français considère le mouvement du 22 comme un échec, que la
réforme du statut des cheminots est inéluctable… Vous êtes punis, ça ne servira
à rien, aboient-ils copieusement. Les chiens ab… la manifestation passe et il
est même presque sûr que d’autres, aussi nombreuses, et peut-être même plus (il
y a de la réserve) passeront. La sinistrose macronienne n’est pas une fatalité
insurmontable.
Une parade ?
Même si l’actualité nous envoie « en même
temps » des signes lourds et inquiétants. L’attaque à Trèbes et à
Carcassonne au nom d’un terrorisme aveugle sert à cela, elle nous enferme dans
la peur, la crainte de l’imparable. La question de ce terrorisme est certes
complexe, elle s’inscrit dans une déstabilisation de la situation
internationale profonde et ancienne où notre pays a sa part de responsabilité.
Elle trouve un terreau prolifique chez des jeunes que le monde d’aujourd’hui
laisse en déshérence. Je reste persuadé que la meilleure parade à l’instar des
événements de Charlie reste la parade collective, celle qui met en marche
toutes les forces d’une nation laïque contre l’irrationalité barbare.
Dans
le même temps un ex-président de la république est gardé à vue par la police,
comme un simple suspect (on a peur qu’il s’échappe) parce qu’il
aurait « touché du pognon» d’un chef d’état oriental
infréquentable : une première dans notre histoire politico-policière qui
donne des « zélites » qui nous
gouvernent une image trouble.
Autres troubles
Autre
trouble, autre image, à la Fac de droit de Montpellier, des étudiants occupent
un amphi pour débattre, protester contre les projets de lois gouvernementaux en
matière d’enseignement supérieur. Que pensez-vous qu’il arrivât ? Une
bande de nervis masqués et armés de bâtons ont « nettoyé » l’amphi
sous les yeux d’un doyen qui laisse faire. Etait-il à la manœuvre ? Il
« honore » la corporation des juristes émérites. De honte, sans
doute, le lendemain il démissionne.
On
pourrait ajouter à la liste des événements de la semaine, le procès Rançon qui
nous projette violemment dans les bas-fonds d’une humanité qui pour des raisons
qui nous dépassent ne sait plus qu’elle est l’humanité. Je pense qu’il faudrait
davantage interroger les « faits divers ».
Enfin
la justice toujours, mais l’espagnole, celle-là, mâtinée de franquisme, les
juges qui semblent avoir une telle peur de la catalanité ont mis en taule de
nouveaux responsables politiques catalans. Franco est content ! Et même
les allemands s’y mettent en arrêtant Puigdemont : auraient-ils gardé des
liens avec la justice franquiste ?… Pauvre Europe !
La boussole
Le
panorama n‘est pas complet, il n’est certainement pas achevé. La semaine va
réserver son lot de surprises. Nous serons ballottés du meilleur au pire. Nous
en entendrons de toutes les couleurs et des plus sinistres pour nous estourbir.
Nous résisterons du mieux que nous le pourrons. La boussole que nous avons dans
la poche, dans la tête et dans le cœur nous aidera grandement : elle ne
perd pas son nord. Il s’appelle justice et solidarité.
Jean-Marie
Philibert