Le bac
nouveau : de la bibine.
Les projets
de décrets organisant le nouveau bac ont été rendus publics par le ministre
Il faudrait s’arrêter longuement sur l’utilisation que les pouvoirs
qui se succèdent font du mot réforme. D’abord elle est inévitable, nécessaire…
On n’a que trop attendu pour la mettre en œuvre parce que les pouvoirs
précédents ont manqué de courage, que l’opinion publique est allergique au
changement… Ainsi du baccalauréat : Blanquer vient d’en dessiner le
nouveau profil… et bien sûr il est satisfait
D’abord l’essentiel : le bac donnait le droit de
s’inscrire dans l’université de son choix, eh bien, c’est fini. Le Sésame
n’ouvre plus rien. Le bac était organisé autour de séries fortement identifiées
qui correspondaient aux choix des élèves : ce sera considérablement
réduit. Le bac perdra son identité : normal donc qu’il ne serve plus à
grand-chose. Les élèves étaient évalués sur une batterie d’épreuves passées dans
des conditions d’équité indiscutable, copies anonymes, surveillance, jury
collectif indépendant et souverain. C’est fini, pour plus de 40 % des notes le
contrôle continu dira si le candidat est digne ou pas d’être bachelier :
quand on sait l’usage que beaucoup d’établissements privés font du contrôle
continu pour propulser leurs ouailles bien nées (voir ce qui se passe pour le
brevet), on peut avoir des inquiétudes. D’autant plus que le contrôle continu
sera placé sous la seule responsabilité du chef d’établissement.
Y compris le repêchage pour les candidats malheureux, il est
tellement allégé qu’il risque de ne pas repêcher grand-chose. Il reste la
grande nouveauté : le grand oral, qui tiendra plus de la cérémonie
initiatique (faite pour impressionner les candidats et leurs familles) dont on
ne sait pas sur quoi exactement elle va porter, sur la composition du jury, sur
les conditions de la passation, sur ses contraintes.
Une certitude : l’argument de la lourdeur, de la
cherté, de la complexité, de la gêne organisée sur l’année scolaire avait été
copieusement utilisé. C’est vrai, ce n’était pas simple, mais chaque année cela
se passait sans anicroche majeure, à cause de la conscience professionnelle de
tous ceux qui en avaient la charge.
Là c’est bien plus pire, ça va durer toute l’année. Les
professeurs passeront plus de temps à évaluer qu’à enseigner. Les épreuves
tiendront plus d’un parcours du combattant interminable. Que les candidats s’y
perdent un peu, c’est pas grave. Le bac ne sert plus à grand-chose : c’est
pour cela qu’il est réformé, traduire bousillé, mais chut réformé, c’est
mieux !
JMP
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