Nos
remparts
Depuis des semaines, des mois, des années, maintenant,
j’alimente de mes humeurs une page du TC avec plaisir, avec la plus large
latitude et parfois avec des échos favorables qui me sont toujours sensibles.
J’y suis l’actualité politique, culturelle, sociale avec un œil que je tente de
garder amusé et engagé, j’évite la critique méchante, même si le propos
polémique n’est pas pour me déplaire, surtout pour dévoiler les manœuvres de
tous ceux qui veulent nous convaincre que les vessies, c’est comme les
lanternes, que les torchons et les serviettes, c’est kif-kif.
Je ne kiffe
pas le kif-kif !
Avec la nouvelle ère Macron, ils tendent à proliférer et à
jeter le plus grand trouble. Le ni-ni, ça veut dire que tout est pareil, la
droite-la gauche, ceci-cela, patin-coufin, Johnny Hallyday-Mozart, la
justice-l’injustice, la démocratie-son contraire…créant incompréhension,
lassitude et énervement d’une opinion publique prête à sombrer dans l’apathie.
D’où au moment de prendre la plume (numérique), soyons
moderne !, une bouffée d’hésitation, de doute… En remettre une couche sur
les réformes-bidons, sur les mensonges claironnés avec assurance, sur les
courtisans sans scrupules qui font les beaux pour un susucre, sur les
possédants enorgueillis et divinisés qui se prennent pour les maîtres du monde.
J’hésite, je geins, mais n’ayez crainte j’obtempère. Parce que j’obéis (j’ai
horreur de ce mot) à une conviction profonde (là c’est une expression qui me va
mieux) : le désordre établi qui exclut la très grande majorité du peuple
au nom de l’argent roi ne saurait être la fin de l’histoire. La lutte des
classes a de beaux jours devant elle et la messe (laïque bien sûr !) n’est
pas dite.
Des
privilèges exorbitants
Ainsi de ce qui se dit aujourd’hui sur les ondes :
l’opinion de ce pays serait très largement favorable à la fin du statut des
cheminots : un tissu de privilèges exorbitants ! Vous pensez, un
emploi à vie dans le monde de la précarité généralisée, c’est outrecuidant,
immoral et un très mauvais exemple. Vous pensez, un salaire, à peu près
« normal » qui nourrit son homme et sa famille, dans la société des
petits boulots très mal payés. Vous pensez, encore des droits sociaux, collectifs…
A-t-on droit à des droits quand on travaille, quand on a la chance de
travailler ? Ils ne paient pas le train. C’est une honte !
Il n’est pas impossible que ces âneries-là soient partagées
grâce à un bourrage de crâne bien organisé. Mais il n’y a pas d’âneries
incurables. Des années d’enseignement et d’activités militantes en tous genres
m’ont convaincu qu’il ne faut jamais désespérer de l’intelligence humaine, à
condition de ne pas se laisser entraîner par tous les perroquets pusillanimes
qui nous entourent et de faire appel à la clairvoyance de tous et de chacun
par-delà les préjugés ancrés.
L’expérience
des services publics
A condition de faire appel à leur expérience :
l’expérience des services publics est, elle, incontournable, même si elle est
devenue transparente. Mais observez les malades dans un hôpital, de jeunes
élèves entourant leur maître, d’anciens adolescents se rappelant de leurs
professeurs, des usagers recouvrant l’électricité grâce aux efforts des agents,
des victimes secourues et protégées par des services de police.
A contrario observez ce qui se passe quand les services
publics sont dans la panade comme lors des dernières intempéries sur
l’autoroute : quelques centimètres de neige et c’est la cata…
Ce qui se
joue
Parce que ce qui se joue aujourd’hui et demain va bien au-delà des cheminots, cela concerne
tout un pan de notre histoire, de notre organisation sociale et du modèle sur
lequel les luttes l’ont bâti, des valeurs de justice, de dévouement, de
gratuité, de libre accès qui les fondent. La frénésie de réformes dont le
pouvoir, le gouvernement se disent porteurs, par-delà les abus de vocabulaire
qui voudraient que nous n’y percevions qu’une adaptation à des temps nouveaux
est un travail de sape qui vise à ni-ni-veler et à détruire ce que
collectivement nous avons construit. Nous l’avons dit précédemment pour le bac,
menacé d’être réduit à plus rien. Nous pourrions le dire pour beaucoup de
domaines, la santé, les droits sociaux, les retraites, la protection sociale, la formation. Les
services publics sont des remparts… à défendre. Au moment où des peuples de par
de monde nous les envient ! Défendons ce qui nous appartient : ce qui
est public est nôtre.
Jean-Marie Philibert.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire