les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 23 avril 2018

la surdité et son remède


La surdité et son remède

Serait-ce une donnée génétique de tout gouvernement ? La disparition lente, inexorable, d’un sens pourtant très utile à la vie en commun, l’ouïe. Alors que des publicités  alléchantes n’arrêtent pas de tenter de vous convaincre que la surdité due à l’âge a tout à fait enfin trouvé son maître (un petit appareil  quasiment invisible qui vous permettra de retrouver l’oreille de vos vingt ans), les gouvernements, eux, semblent être en dehors de ce progrès et deviennent de plus en plus sourds à toute expression d’une revendication sociale.

Tout avaler

Serait-ce le signe d’un vieillissement emblématique et inexorable d’un système politique incapable de répondre aux besoins populaires ? Ne parlons pas des gouvernements autoritaires, sourds par nature à tout ce qu’un peuple peut dire, mais même dans les gouvernements dits démocratiques, la surdité est de règle, comme si le fait de glisser un bulletin dans l’urne de temps à temps signifiait votre capacité à avaler toutes les couleuvres, tous les reniements,  toutes les régressions possibles et imaginables, bien sûr déguisés en réformes incontournables.

Je ne reculerai pas

Dans le cas actuel l’argument est immédiat, péremptoire et sans appel. Jupiter nous assène qu’il a été élu, qu’il a dit ce qu’il ferait (même s’il fait bien au-delà de ce qu’il a dit), donc vos gueules les mouettes . Obéissance à tous les étages : les députés bien sûr, les organisations syndicales, les média, les français moyens, les fonctionnaires, les retraités, les jeunes, les vieux. Il rêve de soumettre cette valetaille sans idées à la clairvoyance de son esprit nourri aux meilleures sources, celles de la banque, de l’enseignement privé, de l’ENA et de l’ambition forcenée d’un napoléon aux petits pieds. Vous pouvez hurler... je ne vous entends plus sur ma hauteur olympienne. Je ne parle qu’aux les plus grands.

Je ne reculerai pas

Il oublie un fondement de l’histoire politique et sociale qui se vérifie incontournablement : l’arrogance des nantis pour avoir une quelconque crédibilité se doit d’être proportionnelle à la souplesse d’échine de la population non nantie. Et l’histoire nous apprend à longueur de pages qu’ici, en France, la souplesse  d’échine n’a que peu d’adeptes... Il oublie que dans la lignée des grands stratèges, il n’a jamais suffi d’être droit dans ses bottes, il n’a jamais suffi d’être sûr d’avoir raison, il n’a jamais suffis d’avoir le verbe haut, des courtisans en vénération et une armée de CRS pour gouverner.

Dire et répéter à satiété : je ne reculerai pas, je ne reculerai pas, je ne reculerai pas tient uniquement de la méthode Coué qui consiste, expliquons le lui, à dire ce que l’on voudrait croire vrai et réel, pour que le disant on le croit soi-même vrai et surtout on en persuade ceux qui vous écoutent de façon à les obliger à fermer définitivement leurs gueules et à prendre un mensonge pour une vérité. Le tour est joué. Je t’embrouille et j’ai gagné.

Je ne reculerai pas

Mais c’est oublier que le peuple dans sa grande sagesse et dans sa longue expérience a su se trouver des armes incomparablement plus puissantes que les tours de passe-passe d’un blanc bec des beaux quartiers. Il prend le temps ! Il s‘organise. Il se rassemble. Il manifeste. Il secoue le cocotier.  IL avance avec sa joie de vivre, son besoin de vivre, ses aspirations à la justice, à la solidarité, à la démocratie. Il n’a pas des puissants à servir, des financiers à cajoler, des riches à enrichir un peu plus. Sa seule contrainte, c’est son infinie liberté à être le peuple divers et riche de ses espoirs, à y croire, y compris dans les pires moments, à payer s’il le faut le prix pour cela.

Une fée

Il est accompagné, depuis la nuit des temps, d’une amie qui ne l’abandonne pas et qui peut, sinon tout, au moins beaucoup, elle a pour nom la fée obstination. Elle a vaincu plus d’une surdité.

Jean-Marie Philibert.


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