Piégé !
-Madame Costeflouche, vous avez-vu ce qu’ils ont dit à la
télé : les cheminots ne payent pas le train…C’est pas étonnant qu’elle ait
des dettes le Ceneucefeu !
-Moi, Madame Coucougne, je dis qu’il faut en finir avec tous
ces privilégiés qui s’en croivent parce qu’ils sont fonctionnaires et qui se
croivent tout permis… C’est pas parce qu’ils ont une casquette qu’ils doivent
faire casquer les français moyens, les contribuables et les petits patrons qui
eux travaillent dur… sans aucun privilège. Ils n’arrêtent pas de le dire à la
télé…
-Heureusement que nous l‘avons la télé pour nous avertir que
la Ceneucefeu est au bord de la faillite et qu’il faut la vendre… Moi à tous
ces chiffres je n’y comprends rien. Quand il y a plus de deux zéro, mon esprit
s’embrouille. Mais je les crois les yeux fermés. Et puis ils parlent si bien,
ils nous regardent dans les yeux. Quand on ne répond pas ce qu’ils veulent à
leurs questions ils se mettent tout rouge. Même Delahousse…
Il est si
mignon
-Laurent Delahousse, il est si mignon, ah si la
ménopause…
-Ne rêvez pas, Madame Coucougne, ils ne se servent que dans
la haute ces gens-là et ils n’aiment pas les provinciales… Si vous aviez vu
comme il a parlé à Martinez, celui de la CGT. Il l’a traité comme un malpropre,
parce qu’il voulait défendre les grévistes.
-Quel toupet ! Défendre les grévistes quand tout le
monde s’entasse dans les gares et que les trains sont arrêtés ou bondés. Il
faudrait interdire les syndicats : c’est une plaie. Ils ne sont d’accord
sur rien, on leur donne un petit quelque chose et ils veulent tout…
-A-t-on besoin des
syndicats ? Y a-t-il un syndicat pour les ménagères, pour les
milliardaires… Et pourtant ça marche ? La soupe à midi est toujours prête
et les riches, eux ils le sont toujours plus !
Ils
répétent toujours la même chose
-Mais dites-moi : ce que je n’arrive pas à comprendre,
c’est pourquoi ils répètent toujours la même chose. La réforme, la réforme, la
réforme. Il faut la faire, on la fera, elle se fera. Et que plus ils réforment,
le code du travail, l’école, l’hôpital, la sécu, les retraites, maintenant les
trains, plus ils se créent des ennuis, plus les ministres se créent des soucis,
plus nous on trinque… et plus nous on les écoute. On serait pas un peu
gougourdes par hasard ?
-Oh que non ! Regardez Brigitte Macron. C’est mon
modèle ! Est-ce qu’elle se pose ces questions. Elle écoute la télé, son
mari et récite des chapelets pour que Martinez ne réussisse pas son coup :
nous mettre sur la paille. Elle veut continuer à s’habiller chic.
Toujours
tout
-Je crois que vous avez raison, Madame Costeflouche, il faut
faire confiance à ceux qui savent et à la télé ils savent toujours tout…
-Mon mari qui est un
peu syndicaliste (le pauvre !) m’a dit qu’ils savent même nous rouler dans
la farine, mais je ne le crois pas trop. Je fais plus confiance à ce que
j’entends dire au marché de ce qu’ISON dit à la télé. En fait la télé je la
comprends pas toujours ! Mais les Pujadas, les Salame, les Calvi… ils sont
devenus un peu de la famille, on les entend sans les écouter. Et on peut faire
les perroquets sans réfléchir. Ça repose.
-Je vous laisse Madame Costeflouche, j’ai la soupe sur le
feu…
-N’oubliez pas d’allumer la télé…
-Je ne l’éteins jamais. C’est écrit dessus. Je sais pas par
qui… « Appareil piégé ! Ne pas éteindre : vous risqueriez de
connaître des vérités dangereuses pour votre santé mentale » Ma santé, j’y
tiens !
Jean-Marie Philibert
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