les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 17 avril 2018

macron et les zévèques


La séparation, le lien et la sottise



La conversation très savante entre madame Coucougne et madame Costeflouche dissertant sur les pouvoirs de la télé dans mon dernier billet d’humeur m’a valu des reproches ( immérités ? bien sûr) de féministes convaincues qui trouvaient trop souvent centrée sur les femmes ma charge bien lourde sur la connerie humaine. Je les prie de trouver ici l’expression de mes excuses les plus plates. Je pense profondément que, dans un monde totalement inéquitable, la sottise y a échappé et les hommes y ont eu, y ont, y auront toute leur part. Moi, y compris : regardez ma dernière bourde. Pour regagner leur confiance, je vais tenter de leur montrer que ma plume ne fait pas une fixette sur la gent féminine.

Des hommes bien réels

Mesdames Coucougne et Costeflouche étaient de braves femmes fictives, des victimes d’un bourrage de crâne institutionnalisé et beaucoup d’hommes, fictifs ou pas, le subissent avec la même innocence. Mais il y a bien pire dans la gent masculine, il y a ceux bien réels qui le professent, l’organisent. Et ils sont souvent à des postes clefs qui donnent à leurs propos des échos dangereux pour une humanité que nous voudrions plus ouverte sur la voie du progrès. Y compris dans les plus hauts sommets de la hiérarchie.

Ainsi lundi dernier Emmanuel Macron en a professé un chapelet (c’est le cas de le dire) devant la conférence des évêques qui l’avaient invité à s’exprimer devant leur sainte assemblée.

Des arrière-pensées

D’abord pourquoi une telle invitation inhabituelle ? Est-ce pour se faire pardonner un silence coupable lors de la dernière présidentielle où contrairement à des occasions précédentes ils n’avaient pas appelé clairement à faire barrage à la candidate du Front National et à voter Macron ? Est-ce pour tenter de contrecarrer la frange la plus réac des catholiques  (Manif pour tous et tous ceux qui en rajoutent) en réinsérant la hiérarchie de l’Eglise dans le jeu politique ?  Est-ce pour montrer que, plus d’un siècle après la séparation de l’Eglise et de l’Etat, les lois laïques ne parviennent pas à faire en sorte que la France ne soit plus la fille aînée de l’Eglise ? Des arrière-pensées en tous genres, ce n’est pas rare chez ces gens-là. Et en tout cas le sentiment d’avoir réussi quelque chose, à en croire le père Laurent Stalla-Bourdillon, l’aumônier des parlementaires (et oui dans une république laïque les parlementaires ont besoin d’un aumônier) : « J’ai bu du petit lait. Il tend une perche à l’église… ».

Le spirituel…

Quant aux préoccupations de la population devant les difficultés qui l’assaillent, précarité, chômage, exclusion, inégalité, pouvoir d’achat en berne pour le plus grand nombre, avenir plombé pour la jeunesse… il n’en fut pas question. Problèmes mineurs devant la préoccupation centrale de Macron : la place du spirituel dans le débat public.

« Nous partageons confusément le sentiment que le lien entre l’Eglise et l’Etat s’est abîmé et qu’il importe à vous comme à moi de le réparer. » Devant une telle couillonnade de Macron face aux évêques, le psittacisme des dames Coucougne et Costeflouche c’est de la gnognote. Et je m’explique.

Macron n’est-il pas le président d’un pays qui a voté il y a plus d’un siècle une loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat ? Le fait de séparer ne signifie-t-il pas que tout lien est coupé, que chacun vit sa vie, indépendamment de l’autre ? Tenter de réparer ce qui n’existe plus n’est-il pas le signe d’une altération du jugement ? Ou bien peut-être, dans un moment de sérieuses difficultés politiques pour l’impétrant, une tentative de brouiller un peu plus les pistes en recherchant une onction épiscopale ? Et accessoirement, de s’asseoir sur un des fondements de notre république, la laïcité ? De tourner et retourner à la droite réactionnaire dont il devient de plus en plus le héraut têtu et arrogant ?

De l’embrouillamini qui a du sens… imbécile, et qui mérite  totalement le tweet du conseiller (PCF) de Paris Ian Brossat : « abuser du vin de messe nuit gravement aux capacités mentales… »

Jean-Marie Philibert.

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