les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 26 novembre 2018

de l'action


L’action

A mes camarades gilets jaunes

Une constante de l’action est le souci d’être efficace pour déboucher sur des résultats d’autant plus nécessaires qu’il y a belle lurette que les actions multiples et variées se sont cassé les dents sur les murs des pouvoirs réactionnaires. Ces gens-là ne conçoivent le peuple qu’à genoux.

La deuxième constante incontournable est d’être unis et rassemblés et pour cela d’exprimer le besoin d’être tous ensemble de telle façon que chacun se reconnaisse dans le mouvement par-delà les différences.

La troisième et dernière c’est d’être déterminés à aller au bout de l’aventure, jusqu’à satisfaction des revendications, comme on dit, et de croire que ce schéma, résultats =unité=détermination, est imparable, que la victoire est au bout du chemin.

Des comportements à interroger

Dans le mouvement des gilets jaunes en cours, ces constantes opèrent une nouvelle fois et génèrent des comportements à interroger.

 Ce qui ne disqualifie en rien les revendications qui s’y expriment : injustice sociale, précarité, exclusion, pouvoir d’achat massacré… Elles ont la force du réel et leur pertinence ne se discute pas.

Mais l’observation du mouvement en cours dont je voudrais le plus ardemment possible qu’il débouche sur des résultats concrets qui améliorent la situation de ceux qui souffrent me conduit à tenter de réfléchir à la meilleure façon d’y parvenir. Réfléchir à partir d’une expérience de syndicaliste qui en a connu des vertes et des pas mûres depuis près de 50 ans. Pas nécessairement que des défaites.

Pour des résultats qui comptent

Je crains que la volonté des gilets jaunes de s’arcbouter sur les principes de base énoncés plus haut pour s’y limiter, pour se convaincre qu’ils suffiront à faire reculer un adversaire pas nécessairement bien identifié est une impasse. Une fois passé, quel que soit son âge, un enthousiasme juvénile à descendre dans la rue, à se parer de symboles de la révolte, à vivre un moment fort où on exprime ce que l’on n’accepte plus, l’incertitude demeure sur ce qu’il va advenir, sur les résultats. Et il n’y a que les résultats qui comptent.

D’autant que de façon totalement paradoxale, alors que le mouvement pose des questions politiques majeures, comme celle de la répartition des richesses, celle des moyens de vivre décemment, celles des inégalités sociales, celle des droits, dans les slogans avancés, comme dans les comportements, le rejet du politique et du syndical est affirmé avec véhémence, comme pour se donner l’illusion que s’isoler du politique est la première des garanties. Ce n’est pas parce que les politiques, de droite, du centre et même de la social-démocratie ont mis le peuple en pénitence qu’il faut tourner le dos à toutes formes d’action syndicale et politique.

Pas une seule avancée qui n’ait été syndicale et politique

Comme pour ne pas voir qu’il n’y a pas eu une seule avancée sociale dans ce pays qui n’ait été le fruit d’une action syndicale et politique. Sans syndicat, pas de droit aux vacances, pas de code du travail, pas de sécu, pas de retraite, pas de smic, pas de droit de s’organiser et de se défendre dans les entreprises et les services. Et je ne dis pas tout.

Certes parmi les politiques, ils sont assez nombreux à ne pas aimer tout ça, à tenter de le remettre en cause ; mais il y en a d’autres, à gauche-toute quasi exclusivement, qui les défendent ? Certes parmi les syndicats il y a des mous et des durs, c’est notre affaire à tous. Mais chaque fois que l’on s’est attaqué à eux, ce ne fut que pour s’attaquer au peuple, à la démocratie et à nos libertés.

Alors quand des éléments du peuple semblent redécouvrir l’action sociale, il est totalement illusoire qu’ils croient pouvoir le faire sans  rechercher l’union la plus large, y compris, disons les choses à l’ancienne,  avec les outils syndicaux et politiques que la classe ouvrière, le monde du travail, se sont donnés.

Parce que, mes camarades gilets jaunes, j’ai cru comprendre que c’est de ce monde-là que vous parlez.

Jean-Marie Philibert.










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