Samedi 17
Novembre, 15 h 30
Le mouvement est en cours, ou plutôt l’absence de mouvement,
puisqu’il s’agit de bloquer la circulation sur les grands axes du pays. Et
comme prévu, ça marche… à pieds, en vélo, mais difficilement en voiture,
puisque les gilets jaunes sont nombreux à vouloir en être et que de multiples
points du département sont bloqués, que les grandes surfaces sont fermées ou
difficiles à atteindre. La ville de Perpignan vit au ralenti, les ponts qui
enjambent la Têt sont vides, des passants portent une nouvelle toilette que
l’on voyait d’habitude très rarement un samedi après-midi, un gilet jaune
fluorescent, ils ont l’air fier de l’arborer.
Ils ne sont
pas de la haute
Des femmes, des hommes, des jeunes et des moins jeunes, qui
visiblement ne sont pas de la haute. Je sens, vieille intuition militante ou
bien idée totalement préconçue, que, pour eux, ce comportement a du sens. Et
cela ressort dès qu’on les aborde. La colère de devoir se serrer encore et
toujours la ceinture, d’être confrontés à un pouvoir sourd qui méprise
violemment tous ceux qui ne sont rien… Parfois aussi la naïveté d’avoir cru aux
mirages du Macron Circus et d’en revenir violemment. Et manifeste comme jamais,
la volonté d’agir, d’intervenir, jusqu’à ce que tombent des résultats
tangibles.
Le
mouvement
Certes on n’est pas dans les schémas classiques de
l’intervention sociale, organisée, structurée. Certes on peut y percevoir en
sous-mains quelques réactionnaires en mal de récupération. Les arrière-pensées
politiques peuvent s’y déployer. IL n’empêche, le mouvement existe et face à
l’offensive de la mise au pas macronienne qui en l’espace de quelques mois
s’est attaquée au droit du travail, aux services publics, à la SNCF, aux
retraites et aux retraité(e)s, aux salaires, et qui maintenant en vient à
mettre en œuvre une déferlante de taxes qui ne touchent que les plus modestes
et à multiplier les offensives antisociales tous azimuts,il est plus que salutaire
que s’organise la résistance. Pour durer, pour gagner, pour transformer une
société qui en crève de voir les plus riches en voie de l’être encore plus, et
les autres en baver comme jamais.
Les pieds
dans le tapis
Je pense que les stratèges de la Macronie, dans leur souci de
réduire à la portion plus que congrue le rôle des organisations syndicales , de
tout faire pour minimiser les actions menées, pour ne rien entendre des
protestations, des revendications, pour avancer coûte que coûte, des mesures qui
remettent en cause ce qui structure notre histoire sociale, sont en train de se
prendre les pieds dans le tapis. Le boomerang leur revient droit dans le
citron. La gauche défaite, la droite au tapis, les syndicats mal en point,
souvent divisés, les arrivistes de tous poils en marche, les medias plus que
jamais aux ordres : que pouvait-on rêver de mieux ? Pour mettre au
pas le bon peuple. Pour pouvoir continuer à isoler, et à injurier, s’il le
faut, ses éléments les plus récalcitrants.
Une
exploitation devenue insupportable
Au bénéfice des puissances d’argent dont personne ne nous
parle, mais qui ne cessent d’empocher les dividendes d’une exploitation devenue
insupportable. Le capitalisme triomphant ne serait plus en mesure de donner un
peu le change et de distribuer aux travailleurs les miettes du gâteau qui
pouvaient rendre la situation sinon acceptable, au moins momentanément
supportable.
Je ne suis pas Martin, mais je fais un rêve : que les
forces progressistes, non, ne disons plus progressistes depuis que Macron se
pare abusivement de ces vertus-là, disons les forces émancipatrices,
transformatrices, à gauche toutes bien sûr, entendent et écoutent la rumeur qui
monte d’un peuple qui veut agir pour vivre mieux. Il faut en être
impérativement, unitairement. Cela imposera à toutes ces forces-là un profond
aggiornamento pour se mettre à l’heure de ce temps. Il n’y a pas d’autres
choix !
Jean-Marie Philibert.
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