les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 5 novembre 2018

poison contre poison


Poison et antipoison

Qu’on  se tourne de tous les côtés de la planète, il faut reconnaître une montée très inquiétante des idéologies d’extrême droite et des systèmes politiques qui les accompagnent, avec des variantes, mais aussi avec des constantes. La plus centrale est de remettre en cause la démocratie, ses impératifs, ses principes, ses valeurs comme fondement universel d’une organisation sociale et politique qui cherche à promouvoir, à préserver, à accroître la liberté de ses membres et au-delà leurs droits et leur bien vivre. Haro donc sur la démocratie, même si on se pare de ses plumes pour conquérir le pouvoir.

Autre constante

La plus profonde est de se nourrir d‘une ignorance crasse, d’un analphabétisme politique, qui sont d’autant plus ravageurs que comme toutes les formes graves d’aveuglements, ils sont au-delà de toute forme de conscience, même  la plus sommaire. Comme si la part d’humanité de groupes sociaux importants s’était dissoute pour ne laisser place qu’à des réflexes pavloviens où la peur de l’autre, l’étranger, le migrant, le différent était la référence ultime. Comme si les leçons de l’histoire, même la plus récente, étaient complètement inefficaces pour faire comprendre que ces politiques ne sont que des machines d’exclusion, de division, d’enfermement, de souffrance pour le peuple, d’oppression, de mort lente ou rapide.

Enfin une dernière constante, bien visible,  le visage avenant dont se parent les acteurs centraux de ces tragédies. Il ne s’agit plus de donner l’image caricaturale du dictateur, couillu et méchant, qui hurle des discours violents à des foules galvanisées et hypnotisées. Non la parole fascisante doit sentir le  bon sens populaire, elle doit être dite sur le ton de la conversation entre gens qui partagent un même agacement devant les difficultés de la vie, elle laisse croire qu’il suffirait de peu pour qu’on en sorte, elle désigne des méchants (les démocrates, les progressistes...et les migrants, bien sûr…)) à qui il faut faire payer leurs fautes.

La flore microbienne

Et ne surtout pas croire que quelque peuple que ce soit puisse être imparablement éloigné de ces tentations nauséabondes. Regardez comment Trump s’en nourrit, comment le gouvernement italien s’en inspire, comment une majorité de Brésiliens a mordu à l‘hameçon. Et nous avons chez nous dans notre flore microbienne des poisons tout aussi malfaisants. Au point qu’à chaque élection la menace se réveille, comme une maladie incurable : rappelez-vous la présidentielle, suivez attentivement la préparation des européennes, écoutez ce qui se dit sur les futures municipales de Perpignan.

En médecine on parle de centre anti-poisons et il y a des services compétents pour administrer les substances qui peuvent vous éviter d’en crever. Ne pourrait-on pas faire de même ? Sans doute ! Dans la vie politique rien n’est fatal, tout est mouvant. L’engagement des femmes et des hommes de toutes les cultures, et de toutes les couleurs,  y joue le rôle crucial, leur détermination, leur nombre, leur degré de lucidité et de courage aussi, leur capacité à dépasser les divisions. Mais il ne faudrait pas croire qu’il existe un remède magique, qu’il suffise d’un FAUTQUON ou d’un YAQUA, et le tour est joué.

Des lumières vite !

Aux impératifs socio-économiques qu’il est impératif de remettre dans le bon sens  d’un travail pour tous, d’un salaire décent pour tous, de droits sociaux pour tous, d’une solidarité, à la fois institutionnelle et personnelle pour tous, d’un engagement syndical élargi, unitaire et déterminé pour tous ( ce sont des passages obligés pour nous sortir de cette ornière nauséabonde), je crois dur comme fer, de toute la force de ma vie militante de syndicaliste et de prof, qu’il importe d’y adjoindre impérativement une bataille éducative, culturelle et idéologique forcenée qui défende, qui promeuve l’esprit de résistance, les valeurs démocratiques, progressistes qui vont avec, les lumières (osons le mot) philosophiques qui leur servent de fondements, parce qu’elles sont l’essence même de  l’humanité.

Jean-Marie Philibert

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