La guerre, la paix, l’itinérance, la mémoire et l’engueulade…
Semaine faste (?) pour notre président. Après un coup
de mou qui l’avait amené à se reposer avec Madame sur la côte normande, il
s’est jeté, pendant une semaine, à corps
perdu, dans un marathon non-stop entre
les différents champs de bataille de la première guerre mondiale, pour terminer
en apothéose le 11 novembre lors de la commémoration de l’armistice entouré
d’une escouade complète de chefs d’états, mais en maintenant le bon peuple à
distance.. La guerre de 14-18 fut mondiale,
la célébration du centenaire le fut aussi. Et ce n’est pas une mauvaise
chose qu’on y ait beaucoup parlé de paix, même si c’est pour en dire toutes les
difficultés et les fragilités.
Le grand
blond aux idées courtes était là
C’est aussi un signe que nous a donné Trump en ne s’associant
pas au Forum sur la paix, alors que 70 chefs d’états et de gouvernement étaient
présents à Paris et qu’il pouvait peut-être être utile pour la plus grande
puissance mondiale de montrer son souci de placer l’avenir de la planète avant
la gloriole, l’égoïsme, et l’intérêt des puissances financières qui le
dominent. La seule chose utile pour le grand blond et ses idées courtes, c’est
« America first ». Pour un
esprit limité, il est sans doute dur de pouvoir penser que l’intérêt de chacun
passe aussi par l’intérêt de tous. Chaque fois qu’ils le comprirent les States
en sortirent grandis, quand ils l’oublient ils vont au-devant de grandes
difficultés pour eux et les autres. Trump ne voulait pas se rendre compte que
les cimetières américains qu’il honorait étaient pleins de soldats qui
certainement ne pensaient pas comme lui, que là était le sens de leur
sacrifice.
Une
dimension pacifique et internationale
Parce que le 11 novembre, c’est de cela qu’il s’agit, les
millions de morts, un siècle après ne doivent pas être oubliés, les deuils, les
souffrances innommables, les séparations tragiques, une jeunesse fauchée, les pourquoi sans
issue, des vainqueurs et des vaincus
traumatisés, le cauchemar absolu. La France a voulu donner à cette célébration
une dimension pacifiste, internationale. Il est sans doute dommageable de ne
pas y avoir intégré la lutte pacifiste des militaires eux-mêmes. Un pan quelque
peu oublié de l’histoire.
Macron n’était pas
sans arrière-pensée à cette occasion à quelques mois des élections européennes,
aux prises avec des gouvernements européens qui limitent leurs horizons aux
nationalismes les plus étriqués et auxquels il veut opposer son
« progressisme ». Cela s’appellerait-il l’opportunisme ? Il
n’empêche : il n’a pas raté la marche. Et les images fabriquées pour
l’occasion ont pu frapper les esprits. C’était fait pour.
Les
errances
Mais avec l’étape précédente de l’itinérance, ce n’était pas
le cas. Dans l’itinérance, il y a eu beaucoup d’errances en tous sens, dont je
reste persuadé qu’elles n’étaient pas toutes fortuites. Ainsi de Pétain
re-promu grand Maréchal de France, alors qu’il fut condamné à rester un
traître. Les cours d’histoire à l’ENA ne sont pas au top !
L’aparté avec un ancien combattant qui lui demande de
continuer à chasser les sans-papiers et auquel il répond en catimini qu’il va
continuer le travail, comme si son « progressisme » se limitait à
l’ouverture des frontières aux finances, aux commerces, mais pas aux hommes.
Dire cela au moment où on célèbre le souvenir des soldats de toutes les
couleurs morts dans l’armée française. C’est au moins, soyons charitable, une
bêtise. Et comme beaucoup d’élèves un peu têtus et bornés, il insiste
sottement. En allant au-devant des citoyens en colère il s’enferre un peu plus.
En suscitant le parler vrai, il recueille ce qu’il mérite, l’engueulade.
« La France crève la gueule ouverte… Vous n’êtes pas le bienvenu monsieur
Macron… Il faut que toute la France se mette en colère… Le pouvoir d’achat
fond… » Et d’après l’Elysée il serait satisfait de l’engueulade.
Tout cela serait-il politique ? Bien sûr. Jupiter a un
déficit d’empathie. Avec la guerre, la paix, la mémoire, l’itinérance et
l’engueulade. Il a tenté de le combler.
Jean-Marie Philibert.
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