les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mercredi 26 décembre 2018

Derrière les fantasmagories de Noël


Derrière les fantasmagories de Noël





« -Dis, Maman, c’est drôle j’ai vu des œufs en chocolat descendre très vite du ciel. Je les ai vues pendant les vacances de Paques….

-Ah ! Bon !

-Dis Maman, pour la dernière dent qui est tombée, j’ai vu la petite souris quand elle m’a mis la pièce d’un euro sous l’oreiller…

-Ah ! Bon ! » Dit la maman perplexe.

Sa fille a atteint et dépassé l’âge de raison. Elle veut faire quelque chose.

« Tu sais, ce n’est pas possible. Tu es assez grande maintenant pour savoir. Pour la petite dent, c’est papa et maman qui te mettent les sous sous l’oreiller. Quant aux œufs en chocolat, ils viennent de chez le pâtissier …

Et le papa noël ?

-Mais Maman, alors le Papa noël, c’est pareil, il ne vient pas du ciel, il passe pas par la cheminée, c’est papa et maman. Le papa Noël n’existe pas… 

-Tu as tout compris, ma fille, le Papa noël n’existe pas ! »

Et le père, qui entend la conversation, s’autorise, à haute et intelligible voix, la saillie qui remet tout en place :

« Et pour dieu, ma fille,  c’est pareil ! » affirme tout de go ce mécréant.

C’est une histoire vraie, vécue, par ma petite nièce, qui s’en est bien remise.



Le maelstrom

Vous vous doutez bien que cette mécréance-là n’est pas pour me déplaire et que je la partage. Elle tombe à point pour évoquer un temps où magie, chrétienté, merveilleux, monde de l’enfance, surnaturel, aspiration à sortir du quotidien, et bombance se mêlent dans un maelstrom où la foi sincère, authentique, semble passer au second plan.

Comme s’il fallait à tous prix faire briller de mille feux fantasmagoriques toutes les illuminations artificielles en mesure de compenser l’extrême distance que la terre prend avec le soleil et les longues nuits qui vont avec. Comme s’il fallait se donner la patience d’attendre quelques mois que le nature renaisse. Comme s’il fallait parer la grisaille de nos vies des oripeaux d’un bonheur à deux balles ou plus. Comme s’il fallait retrouver une âme (perdue ?) d’enfant.

Lucidement

Noël fait partie de la respiration de nos vies, rythme notre temps, marque un passage. C’est sans doute un temps nécessaire, peut-être mystérieux, mais cela n’empêche pas de l’aborder lucidement.

D’y saluer ceux qui y poursuivent leur lutte.

D’y pourfendre ceux qui, au pouvoir,  aimeraient que les festivités éteignent les consciences.

D’y souhaiter, à tous, les meilleures fêtes possibles, et bien sûr avec les yeux largement ouverts sur le réel, non pas pour y faire disparaître nos rêves, mais pour nous en servir et nourrir le monde de toute notre désir de le transformer… sans attendre.
Jean-Marie Philibert

mercredi 19 décembre 2018

qui a gagné ?


Qui a gagné ?

Au début du mois les fonctionnaires ont voté

Tout le monde est content… et soulagé… après les élections professionnelles dans la fonction publique qui ont eu lieu au début du mois de décembre. Elles concernaient les trois versants de la fonction publique : l’Etat, les collectivités territoriales et les hôpitaux. Elles se sont déroulées  dans un climat compliqué par l’action des gilets jaunes, une action qui veut marquer sa distance par rapport au syndicalisme. Le contexte  était alourdi par la volonté gouvernementale de remettre en cause les pratiques du paritarisme auquel les personnels sont attachés parce que garant de justice. Sans vouloir dresser un tableau complet de la situation des fonctionnaires, rappelons le gel, depuis des temps quasi-immémoriaux, du point d’indice, le recours de plus en plus fréquent aux contractuels et la remise en cause des services publics…  Les temps ne sont pas à la fête pour les syndicats qui contre vents et marées poursuivent leurs actions.

Les résultats officiels et définitifs ne seront connus que dans quelques jours après le délai règlementaire laissé pour les recours éventuels. Il est cependant possible de dresser un premier bilan.

Le palmarès

Les media bien en cours, ceux qui aiment le syndicalisme assis pour ne pas dire couché (Le Monde), ont déjà titré « La CFDT devient le premier syndicat français » et évoque une redistribution des cartes au détriment de la CGT, « reléguée sur le deuxième marche du podium », comme ils disent. Eh bien, c’est un mensonge. Les résultats pour la fonction publique sont d’une grande stabilité: la CGT demeure numéro un avec 21,8 % des suffrages, devant la CFDT qui obtient 19 % et FO 18,1 %, un résultat inchangé depuis 2014. Derrière, l’Unsa est en progression, la FSU est toujours première dans l’éducation nationale, en hausse dans les collectivités territoriales, seule organisation à augmenter son nombre de suffrages,  suivies par la fédération autonome de la fonction publique (FA-FP), par la CFE-CGC et la CFTC. . Le taux de participation qui tourne autour des 50 % est honorable quand on sait les obstacles (informatiques) rencontrés pour exprimer son choix.

Et pour tous, au moins pour ceux qui n’en ont pas perdu l’habitude : la bataille continue. J’ose  imaginer qu’elle serait plus aisée si le souci de l’unité était davantage partagé. A bon entendeur salut !

JMP

lundi 17 décembre 2018

SON DIEU


Son Dieu !

Il y a un endroit à l’Elysée que vous ne verrez jamais à la télé, ni dans les magazines. Il est dans un espace très protégé, très surveillé que seul le petit cercle d’intimes du président connaît. Ils n’en ont vu que la porte qui est top secrète. Personne n’a le droit d’y entrer, hormis Jupiter soi-même, très rarement accompagné de Bribri. Quand il y entre, de l’extérieur, on entend une voix, venue de très loin. Mais qu’est-ce donc ?

Comme dans les châteaux médiévaux où le seigneur a sa chapelle personnelle, Macron, depuis son entrée en fonction a fait aménager dans son palais républicain, en catimini, laïcité de l’état oblige, un lieu sacré, de prière et de recueillement voué au culte de son dieu : LE GRAND CAPITAL !

Une exclusivité du TC

Grâce à des indiscrétions du petit personnel qui écoute souvent aux portes, nous sommes en mesure de reconstituer ce qui s’y dit. Une exclusivité du TC !

« -Oh ! Mon Dieu ! Faites quelque chose, en quelques mois, ces gaulois réfractaires au changement m’ont mis plus bas que terre. Du haut de l’Olympe ils m’ont jeté sur le bitume des ronds-points où  ils arrêtent les voitures et les camions pour dire tout le mal qu’ils pensent de moi. Et le pire : les conducteurs de ces véhicules semblent si contents de ce qu’ils entendent qu’ils klaxonnent à tout rompre. J’ai honte, je suis désespéré. Bribri  n’arrête pas de me gronder. Mes fidèles soutiens sont mous comme des chiques. Que dois-je faire ? Tu es mon seul recours, toi que je sers aveuglément depuis que Rothschild nous a présentés. »

Une voix d’outre-tombe, accompagnée d’une musique de cliquetis de louis d’or se fait entendre.

L’or ! L’or !

« -Tu entends ces bruits précieux, Emmanuel, c’est à eux que tu dois penser toujours et toujours, et encore plus quand tu es dans la difficulté. La seule lumière de ce monde vient de là. Plus tu t’en mettras dans les poches, plus tu permettras à tes amis et aux miens de s’en mettre encore plus dans les poches, plus tu seras dans le vrai. Dans la seule vérité qui compte : celle de l’argent roi, que dis-je roi, monarque plus qu’absolu. A ce pognon amassé, il ne faut jamais toucher. Il faut en amasser chaque jour davantage en le prenant dans la  poche de ceux qui n’en ont pas beaucoup, mais qui sont, heureusement pour nous, très nombreux. Ça, tu sais faire. Tu sais qu’il ne faut jamais toucher au capital. Il est sacré ! Tu leur as promis quelques miettes, mais tu as su les prendre là où il faut, dans l’argent de l’état, qui est en fait le leur. Tu leur rends un peu de ce que tu leur vole ! Ils doivent s’en contenter.  Continue dans cette voie. Ecoute le Medef, ne lui fais jamais de peine. Arcboute-toi. Ce peuple méchant veut continuer. Arcboute-toi. Envoie ta police le casta(g)ner un peu. Ils ne sont rien. Tu le sais, tu l’as dit. Du haut de ta suffisance,  écrase-les de ton mépris. Il te faut assumer ta supériorité, notre supériorité ! 

Un moment de faiblesse

-Mais Sa Sainteté du Grand Capital, ce que tu me dis, ça marche de plus en plus mal, ils parlent de révolution, certains rêvent de me couper la tête, comme en 89. J’ai même dit, dans un moment de faiblesse,  à mes copines et copains chefs d’état européens qu’il faut savoir écouter la colère du peuple.

-Tu dérailles, Emmanuel, il ne faut écouter que le cliquetis des pièces jaunes d’or. L’or ! L’or ! L’or. Pour le peuple, la misère et les larmes suffisent. C’est le dieu du grand capital qui parle»

Nous livrons à l’information des manants vêtus de jaunes qui peuplent les carrefours ces paroles pleines … d’empathie.

Jean-Marie Philibert

mercredi 12 décembre 2018

la voix de leurs maîtres


La voix de leurs maîtres

Sur les écrans de télévision, depuis plusieurs semaines, la déferlante de gilets jaunes n’en finit pas de se répandre et met sur le devant de l’actualité les questions sociales qui, en général, sont reléguées en fin de journal, réduites à la portion congrue, ou même souvent passées sous silence. On ne s’en plaindra pas. Bien au contraire. Et parallèlement sont convoqués d’éminents spécialistes presque toujours les mêmes, pour disserter sur le mouvement, parfois avec quelques gilets jaunes, judicieusement choisis.

 Et de tartiner sur les tenants de ce qui se passe sur les ronds-points, à Paris, ou ailleurs. Il s’y enfonce beaucoup de portes ouvertes. Mais il arrive que des observateurs, plus lucides que les autres, n’hésitent pas à mettre l’accent sur une dimension forte du mouvement en cours. Sa critique des médias (telle que des gilets jaunes la formulent), le sentiment qu’aujourd’hui l’image donnée est déformée, tronquée, manipulée : regardez la place faite à tout ce qui touche à la violence, à la recherche systématique d’images chocs, aux propos les plus caricaturaux.

Evitons la politique

Tout ce qui tient d’une approche plus politique, même venant des intéressés eux-mêmes  n’est que très faiblement relayé, à moins de délirer complètement comme l‘appel à un général vidé par Macron pour sauver le pays. Par contre les images qui dérangent comme celles des lycéens de Mantes La Jolie, à genoux, les mains sur la tête, vous ne les verrez que subrepticement et en édulcorant leur portée.

Le dépôt de la motion de censure, par la gauche,  à la Chambre de députés : silence radio ! Un aboiement de Marine Le Pen sera bien sûr traité avec tous les égards nécessaires. Le pompon en la matière revient aux chaines d’infos en continu : elles suivent souvent le mouvement en direct, en montrent des images d’une platitude affligeante, accompagnées de commentaires convenus… et souvent mal intentionnés. Après cela ces mêmes commentateurs s’étonnent que les journalistes, les medias soient fort mal vus et dénoncés pour leur travail de sape. Comme s’ils ne savaient pas qu’ils ne sont que la voix de leurs maîtres.

JMP

lundi 10 décembre 2018


A genoux !

A genoux… Serait-ce pour une prière à Saint Macron ?

L’image est choquante, elle a choqué, elle est indigne d’une démocratie. La preuve : dans les réseaux sociaux elle a été mise en parallèle avec des images de jeunes  résistants agenouillés les mains sur la tête devant des soldats allemands pendant la seconde guerre mondiale.

L’image : celle de 153 jeunes de Mantes-la Jolie (la bien nommée, par antiphrase pour la circonstance) alignés contre un mur, interpellés par les forces de l’ordre à la suite de violences commises en marge de blocages  aux Lycées Saint-Exupéry et Jean Rostand. Avaient-ils mis en péril l’établissement ? Avaient-ils molesté des lycéens, des enseignants, des passants ?

Pour une histoire de poubelles

Ils avaient fait bien pire, ils avaient incendiés des poubelles, sans doute dressées comme des barricades pour bloquer l’entrée de leur établissement. Ce que pratiquent depuis des années les lycéens de Mantes et d’ailleurs dans le cadre de leur auto-formation politique chaque fois qu’un pouvoir autoritaire et sourd les met en colère. Le professeur de lycée que je fus y voit un moment fort de leur formation en contact avec la vraie vie.

Là un pouvoir qui perd les pédales et le sens du réel, qui veut jouer la carte de la tension, qui veut faire peur,  qui craint  le peuple  (quand il redresse la tête) est responsable. Il est responsable parce qu’il ne veut ni écouter, ni entendre, parce qu’il veut garder le cap de l’entassement des richesses pour ceux qui ne savent plus où mettre le pognon, parce qu’il veut imposer aux autres, le pays réel, d’en baver toujours plus et de se taire. A court d’argument, il fait donner la répression sur la jeunesse.

Et il est satisfait. Comme le préfet des Yvelines est content : « Ces images sont impressionnantes, mais aucun jeune n’a été blessé, ni maltraité, nous n’avons enregistré aucune plainte ». On ne doit pas avoir la même définition de la maltraitance. 

C‘est ce même pouvoir qui remplit les villes de policiers, qui sort les blindés, qui embastillent par centaines les manifestants parisiens du 8 décembre, et qui se dit fier de tout avoir organisé.

Comme s’il rêvait de guerre civile. Qu’a-t-il dans la tronche ?

 Dans le cœur, on sait : rien !

Jean-Marie Philibert