Derrière les fantasmagories
de Noël
« -Dis,
Maman, c’est drôle j’ai vu des œufs en chocolat descendre très vite du ciel. Je
les ai vues pendant les vacances de Paques….
-Ah !
Bon !
-Dis
Maman, pour la dernière dent qui est tombée, j’ai vu la petite souris quand
elle m’a mis la pièce d’un euro sous l’oreiller…
-Ah !
Bon ! » Dit la maman perplexe.
Sa
fille a atteint et dépassé l’âge de raison. Elle veut faire quelque chose.
« Tu
sais, ce n’est pas possible. Tu es assez grande maintenant pour savoir. Pour la
petite dent, c’est papa et maman qui te mettent les sous sous l’oreiller. Quant
aux œufs en chocolat, ils viennent de chez le pâtissier …
Et le papa noël ?
-Mais
Maman, alors le Papa noël, c’est pareil, il ne vient pas du ciel, il passe pas
par la cheminée, c’est papa et maman. Le papa Noël n’existe pas…
-Tu
as tout compris, ma fille, le Papa noël n’existe pas ! »
Et
le père, qui entend la conversation, s’autorise, à haute et intelligible voix,
la saillie qui remet tout en place :
« Et
pour dieu, ma fille, c’est
pareil ! » affirme tout de go ce mécréant.
C’est
une histoire vraie, vécue, par ma petite nièce, qui s’en est bien remise.
Le maelstrom
Vous
vous doutez bien que cette mécréance-là n’est pas pour me déplaire et que je la
partage. Elle tombe à point pour évoquer un temps où magie, chrétienté,
merveilleux, monde de l’enfance, surnaturel, aspiration à sortir du quotidien,
et bombance se mêlent dans un maelstrom où la foi sincère, authentique, semble
passer au second plan.
Comme
s’il fallait à tous prix faire briller de mille feux fantasmagoriques toutes
les illuminations artificielles en mesure de compenser l’extrême distance que
la terre prend avec le soleil et les longues nuits qui vont avec. Comme s’il
fallait se donner la patience d’attendre quelques mois que le nature renaisse.
Comme s’il fallait parer la grisaille de nos vies des oripeaux d’un bonheur à
deux balles ou plus. Comme s’il fallait retrouver une âme (perdue ?) d’enfant.
Lucidement
Noël
fait partie de la respiration de nos vies, rythme notre temps, marque un
passage. C’est sans doute un temps nécessaire, peut-être mystérieux, mais cela
n’empêche pas de l’aborder lucidement.
D’y
saluer ceux qui y poursuivent leur lutte.
D’y
pourfendre ceux qui, au pouvoir,
aimeraient que les festivités éteignent les consciences.
D’y
souhaiter, à tous, les meilleures fêtes possibles, et bien sûr avec les yeux
largement ouverts sur le réel, non pas pour y faire disparaître nos rêves, mais
pour nous en servir et nourrir le monde de toute notre désir de le transformer…
sans attendre.
Jean-Marie
Philibert
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