les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 21 octobre 2019

le temps


LE TEMPS


Il ne me déplaît pas de vous faire entrer dans les coulisses d’un billet d’humeur où bien sûr l’actualité est la denrée première : certes l’actualité est riche, protéiforme, surprenante ou désolante, elle n’arrête pas de fournir des multitudes de sujets. Mais vous comprendrez aisément que le besoin de prendre quelques distances avec un monde un peu ( ?) fou soit parfois utile. Mais comment ?


Vous êtes à court d’idées, la tête vide ; vous avez besoin de prendre du recul. Vous questionnez la bande de joyeux drilles qui composent le Comité de rédaction : « J’ai pas d’humeur »…Comme ce jour-là ils vous ont accueilli en vous souhaitant un bon anniversaire, c’était le bon jour d’une tantième année, une bonne âme (laïque) vient à votre secours : « Mais parle du temps, voyons… » ET c’est parti pour le temps.

Vivre sans temps ?

Faut-il perdre son temps à parler du temps quand on le sait au moins aussi précieux que la vie ?  Beaucoup ont fait de son évocation infinie leur raison de vivre, c’est sans doute exagéré, mais peut-on vivre sans temps (sic) ?

J’ai le souvenir à l’université d’un cours de philo sur l’espace et le temps : avec l’espace, j’ai tout de suite accroché, on est dans le monde, la nature, la réalité des choses. Avec le temps j’ai patiné, j’ai souffert, à 20 ans, je me suis senti vieillir, mourir, j’ai regardé mes condisciples et je ne voyais sur eux que les stigmates du temps, les miroirs ne m’offraient de moi qu’une image décrépite et dans le même « temps » je n’étais capable d’aucune rationalisation de la chose maudite qui semblait faite pour inexorablement m’engloutir.

Le choix

« Quelques » années plus tard, je ne suis pas encore englouti et la prose du décrépit contribue à noircir les colonnes du TC : c’est dire que le temps joue avec nous et que les seules possibilités qu’il nous laisse sont

a)de gémir sur sa fuite inexorable ou

b) de faire face.

Vous vous doutez que ma tendance naturelle ne m’a pas laissé le choix. C’est b ! Avec le temps, comme avec le reste, ne pas se laisser faire, ne pas le laisser nous conduire là où les puissants du jour rêvent de nous amener, ne pas le laisser aux mains d’un dieu quelconque. Ne pas le laisser organiser le désordre dominant où nous serions les jouets de forces, couvertes d’or bien sûr, qui ne peuvent que nous dépasser.

Briser le cycle inexorable

La bataille n’est pas que politique, elle est philosophique, idéologique, morale et sociale. Le temps qui nous est proposé, imposé est un temps circulaire (c’est toujours la même rengaine) où ce qui change ou fait semblant, ne le fait que pour que rien ne change, que pour que les cycles répétitifs de nos aliénations, de nos misères, de nos exploitations restent ce qu’ils sont. C’est pour cela, entre autres, que le pouvoir d’achat n’en finit jamais de stagner. Restons chacun à notre place ! Ce seraient-là les signes d’une humanité qui a beaucoup à se faire pardonner et qui doit accepter son sort… avec humilité.  Certes on lui laisse les loisirs, les dérivatifs multiples et variés qui peuvent momentanément la distraire. On lui laisse la possibilité de croire que peut-être ce sera mieux après.

Mais on ne veut surtout pas lui laisser ce qui devrait être un droit inaliénable à dire et faire de ce temps sa chose démocratique, à décider de son destin avec tous les droits qui devraient lui permettre de le faire, droits politiques, bien sûr, mais aussi sociaux, professionnels, éducatifs. Droits pour lesquels l’humanité ne cesse de se battre.

Ils ne nous laissent le temps de rien, et comme ils veulent de moins en moins nous le laisser, prenons-le, individuellement et collectivement.

Jean-Marie Philibert.








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