La
culture : un besoin social !
Les
atermoiements du gouvernement dans le
traitement de la culture posent problème
Quand l’urgence sanitaire le dispute à l’urgence économique,
quel espace reste-t-il pour la culture. Des mois de confinement, déconfinement,
couvre-feu, inquiétudes en tous genres nous laisseraient supposer que l’espace
s’est réduit à un point tel que la culture est aux abonnés absents. Cinémas
fermés, librairies…inessentielles, théâtre au chômage, musiques et musiciens au
repos, musées et expositions désertés… Il n’a quand même pas été interdit de
penser. Comme s’il fallait pour cause de pandémie, enfermer les humains que
nous sommes dans un vide culturel
L’expérience par
l’absence
S’il y a un mérite à trouver à cette situation, c’est bien
de nous avoir fait faire l’expérience par le manque, l’absence que la vie ne se
limite jamais à ce qu’on croit avoir défini apriori comme indispensable, comme
une réponse sommaire aux besoins primaires manger, dormir, se soigner.
La culture n’est pas un luxe réservé à ceux qui peuvent se
la payer ; la culture n’est pas un supplément d’âme pour ceux qui ont des
neurones plus exigeants ; la culture ne sert pas à mettre de l’huile dans
la mécanique fatiguée du métro-boulot-dodo.
La culture est faite de notre diversité, de nos aspirations
multiples à enrichir nos vies d’un immatériel qui fait nos plaisirs, nos
inquiétudes, nos interrogations et nos réponses les plus courantes comme les
plus surprenantes. Elle est faite de formes qui ne cessent de bouger, de
s’inventer, de nous surprendre, comme de nous sécuriser. Elle nous relie à nos
histoires, à nos racines et nous permet en même temps de construire nos
destins. Chacun y trouvera la discipline qui fait son bonheur, qui correspond à
ses besoins.
Des combats pas
terminés
Certes, il en a fallu des combats démocratiques, des luttes
sociales, des débats idéologiques, des révoltes en tous genres pour la sortir
des privilèges de castes et de classes qui en faisait l’apanage d’une bande de
parvenus. Ils ne sont pas terminés, en particulier tous les efforts faits pour
la sortir des logiques financières d’un capitalisme qui tente de faire argent
de tout, et donc pourquoi pas de la culture. Le rôle de l’état peut être
important dans ce domaine, surtout s’il se veut, si on le veut, progressiste.
Donc le voir s’obstiner à ne pas reconnaître que le
trop-vide culturel dans lequel la pandémie nous enferme est mortifère pour tout
un chacun, qu’il est temps de réagir, de trouver des formes avec les précautions qui s’imposent pour que
le culturel avec ce qu’il véhicule d’humain, d’artistique, d’invention, de
commun, d’universel et local à la fois, reprenne vie, et nous avec.
Jean-Marie Philibert