les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 15 février 2021

L'amour du beau

 

L’amour du beau

 

Tous les psychologues vous le diront, il y a là une donnée forte pour tous ceux qui ne sont pas satisfaits de la médiocrité du quotidien, pour tous ceux qui ont des exigences esthétiques fortes, pour tous ceux qui ne peuvent pas vivre sans la beauté : ils sont en souffrance dès qu’ils ne peuvent plus satisfaire leurs yeux du spectacle de la beauté, des œuvres des plus grands artistes, de la fréquentation des lieux qui les exposent, donc des musées. Or, confinement oblige, la pandémie a fermé tous les lieux de culture où la beauté se donne en spectacle, où les peintres et sculpteurs en fixent les formes pour la plus grande joie des esthètes. La fermeture des musées est, pour eux, une catastrophe nationale, que dis-je internationale, aussi insupportable, si ce n’est plus,  que les milliers de malades, de victimes du corona. La plupart d’entre eux assument un manque dont ils ne savent pas jusqu’à quand il va durer, il y a les livres, les reproductions, les œuvres produites par les artistes dans ces jours douloureux. L’art reste présent dans nos vies même si nous ne pouvons pas côtoyer, de visu, au quotidien la palette de Léonard de Vinci, d’Edouard Degas, de Raoul Dufy. Elles sont inscrites dans notre imaginaire. La rationalité nous incite à nous en satisfaire.

Prêts à tout

Et puis il y a ceux qui ne peuvent pas, qui n’en peuvent plus, qui sont au bord de la rupture, qui ont besoin de voir au plus près, quasiment de plonger dans le tableau qui s’offre à eux pour passer de l’autre côté du miroir, pour se nourrir de leur richesse, de leur complexité. Et pour ça ils seraient prêts à tout, y compris à faire des bêtises, à transgresser les règles de la plus élémentaire prudence, à ne plus respecter les engagements qui fondent leur action.

Si vous avez suivi depuis le début, vous avez compris que Louis Aliot, Maire de Perpignan, est de cette race d’esthètes qui ont la beauté tellement chevillée au corps qu’elle leur fait faire des bêtises. « Le Musée Rigaud fermé depuis tant de temps, des chefs d’œuvre en souffrance, des esthètes en manque... ça ne peut plus durer ! j’ouvre ! »et il a ré-ouvert le musée... Jusqu’à ce que la justice administrative le lui fasse re-fermer. J’ose à peine imaginer les affres de la souffrance qui doit être la sienne après n’avoir eu que quelques heures pour contempler des œuvres qui lui manquaient tant.

Un homme qui aime autant les musées, les œuvres, les artistes, et qui prend des risques pour cela, ne peut pas être mauvais. Ils ne sont pas nombreux ceux qui auraient osé. D’autant qu’en homme politique averti ( ?),  il savait ce qu’il peut en coûter à un premier magistrat de la ville de ne pas respecter une loi qu’il est chargé d’appliquer : peut-être la porte. Ce ne serait pas scandaleux.

Mais, mais....

Si l’esthète n’en était pas un, si l’intrusion dans le musée Rigaud était du même ordre que l’occupation illicite par la ville de l’ancien café de la Cigale, si nous étions dans la politique spectacle où il importe avant tout de faire le buzz pour faire parler de soi, si c’était là un moyen de cacher le vide d’une politique qui tourne le dos aux besoins sociaux des Perpignanais auxquels on n’a rien d’autre à proposer qu’un recrutement massif de policiers municipaux.

Apparaître pour ce que l’on n’est pas, c’est une pratique aussi ancienne que la droite extrême, qui s’est toujours assis sans aucune retenue sur l’amour du peuple, le souci de son avenir, la justice sociale, la démocratie, le refus de tout racisme et de toute ségrégation pour développer une idéologie violente, inégalitaire et mensongère...

Mensongère comme l’amour du beau d’Aliot.

Jean-Marie Philibert.

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