Deux
humeurs pour le prix d’une !
J’ai une humeur très partagée au moment où j’écris ces
lignes, limite schizophrène, aïe, poubret ! Les temps que nous vivons y
sont sûrement pour quelque chose. Mais la
seule solution est de faire avec : c’est sans doute le prix à payer
à un réel qui prend un malin plaisir à
nous tournebouler la tronche pour qu’on perde un peu de notre lucidité et sans
doute aussi et accessoirement de nos espoirs.
L’obscur
Dans l’humeur obscure, il y a comme une image obsédante qui
se rapproche de plus en plus inexorablement, qui nous dit que les
présidentielles pour ceux qui gardent au fond de l’esprit l’aspiration à un
changement politique progressiste, transformateur, vont ressembler à un mur sur lequel
s’écraseront nos volontés.
La gauche et ce qu’elle véhicule, les valeurs qui la
fondent, partent en petits morceaux
éclatés. Il serait illusoire de croire que quelques semaines avant le scrutin,
la famille (enfin c’est ce qu’on croit) se réconcilie, qu’une personnalité soit
en mesure de jouer la(es) magicien(ne)s, et qu’un volonté populaire,
unitaire, de gauche puisse faire
entendre une voix crédible, fût-elle parée de tous les oripeaux d’une
consultation électronique. Le plus désolant en la matière, c’est que personne
n’entend personne, que ceux-celles qui disent vouloir tenter quelque chose n’en
ajoutent qu’un peu plus à la cacophonie.
Rupture
La seule issue pourrait être une perspective programmatique
de rupture avec les dérives libérales, néolibérales, matinées des confusions
politiques en tous genres que nous avons
vécues. Les efforts de Fabien Roussel ne sont pas rien, mais ils ont du mal à
être entendus, d’autant plus que culturellement, socialement, politiquement les
pistes ont été brouillées et les esprits enfumés. Les expériences passées,
profondément décevantes La capacité de résistance que nous cultivons au TC
continue à nous servir de repères, mais l’engagement politique nous enjoint de
garder les yeux ouverts. Et pour ce qui me concerne, l’humeur obscure.
Les
sursauts
Mais la vie publique n’est jamais simple, univoque, écrite à
l’avance. La désespérance est mauvaise conseillère et je me plais à me
remémorer les moments difficiles de ma vie syndicale où le petit noyau de
militants « pur jus » se voyait au fond d’un trou, et puis les
sursauts inattendus, les solidarités retrouvées, les engagements
réactivés, les puissants dans le doute.
L’humeur pourrait connaître un rebond : c’est pour moi
le sens du 13 janvier, dans un milieu que je connais bien, celui de
l’institution scolaire. Macron nous balance un Ministre qui s’emploie, dès son
installation, à aggraver les politiques scolaires menées, à casser le service
public, à ne pas répondre aux nombreuses fractures qui le traversent. Il remet
en cause le baccalauréat, désorganise les lycées, laisse les collèges dans la
panade, favorise l’enseignement privé
pour construire un système pour les riches et réserver le service public aux
autres, reste sourd aux revendications des écoles. Il méprise, se croit tout
permis et se rêve un avenir politique. Face à la pandémie, il donne la mesure
de son mépris et de son incompétence.
Et patatrac, il se prend dans la gueule une grève, des
manifs, un mouvement national qui devrait connaître des suites. A voir les
visages, à lire les calicots, à sentir la détermination le 13, je me dis que
l‘intervention sociale est incontournable pour faire bouger les choses, y
compris politiquement. Avez-vous vu Blanquer penaud à la téloche le
lendemain ? Le pouvoir n’est fort que de nos renoncements.
Alors renonçons à toute forme de renoncement pour retrouver
une humeur digne du futur que nous voulons construire.
Une date à retenir : le 27 Janvier !
Jean-Marie Philibert.
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