les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

dimanche 30 janvier 2022

Ehpad... de souci

 

Leurs profits ne nous empêcheront pas de vieillir solidaires

 

 

Le capitalisme a cela de « bon » : il ne recule jamais quand il s’agit de faire du fric. Il profite (c’est le cas de le dire) de toutes les opportunités et il s’organise en conséquence sans scrupule et sans morale bien sûr ! Un livre-enquête de Victor Castanet, actuellement en librairie, intitulé « Les fossoyeurs », nous raconte par le menu les pratiques d’Orpéa, le leader mondial des Ehpad.

Les vieux dans la société

Si on avait encore quelques illusions, on y trouve une magnifique illustration du peu de cas des aînés, fait par le pouvoir et les institutions privées qu’il cautionne. On s’en doutait un peu à voir l’acharnement mis par les gouvernements successifs à réduire le montant des retraites, à reculer l’âge à partir duquel il est possible d’en jouir. On en a eu quasiment la certitude quand on a vu ce que devenait une promesse électorale : celle de la loi sur la dépendance, enterrée. L’image est parlante !

L’indécence suprême dans le débat sur ces questions est dans la présentation qui est faite d’une avancée médicale, sociale, impensable au début du siècle précédent : l’allongement moyen de la durée de vie, on vit plus longtemps, on peut presque tous devenir vieux.

Une catastrophe ?

Pour les pouvoirs une catastrophe (on ne le dit pas), mais on calcule combien  cela va coûter, combien les déficits publics vont augmenter, combien la charge pour la société risque de devenir insupportable. D’où le recours aux capitaux privés (et à leurs détenteurs) et à leur logique imparable : saisissons l’occasion pour avec quelques investissements judicieux, avec des protections haut placées faire encore plus de sous. Le capital ne rêve que d’en accumuler toujours plus.

Ici, c’est sur le dos de celles et ceux qui ont travaillé leur vie durant pour construire la richesse du pays et peut-être en attendre un juste (c’est exactement le mot qui convient) retour des choses.

 

Se gaver

Les ehpad privés, à but lucratif vont s’engouffrer dans une démarche qui est d’autant plus florissante que le secteur public a du mal à faire face. C’est le moment où se met en place une loi Hôpital qui cherche à en réduire drastiquement les moyens.  La demande est là et les ehpad privés auront à leur merci une clientèle fortunée sur laquelle il sera possible de se gaver.

Ce gavage, Victor Castanet le raconte: il a pour nom Orpéa : on empoche le paiement des soins payés par les ARS, par les départements en ce qui concerne la dépendance. Tout ce qui touche à l’hébergement, est librement fixé. Les taux d’encadrement sont fluctuants. Les protocoles de soins à géométrie variable. Les soins médicaux pas toujours à la hauteur. Les sommes  distribuées aux actionnaires, elles, le seront. Orpéa distribue en 2020  58 millions d’euros, soit 34% des 160 millions de résultat. Et ça continue, au 3° trimestre 2021, le chiffre d’affaire augmente de plus de 10 %. Ce n’est pas si grave de priver nos petits vieux de quelques couches, de quelques biscottes, de quelques animations si l’escarcelle est pleine de pognon. On comprend pourquoi Orpéa a tenté d’acheter l’auteur du livre.

Conclusion

Quelques remarques plus générales pour terminer. Sur les structures hospitalières privées et lucratives, un petit séjour vous y fera rapidement sentir la dérive mercantile qui les anime. Je parle d’expérience.

Quant à la place des anciens, des personnes âgées, des mémés et des pépés dans un monde qui semble aller plus vite qu’eux/elles, la seule place à envisager est au plus proche de ceux/celles qu’elles/ils ont nourri(e)s, accompagné(e)s, aimé(e)s. Des maisons de retraite, s’il le faut, mais jamais la solitude, la ségrégation, l’enfermement dans un face à face mortifère avec le temps qui passe. Dans une démarche humaine et citoyenne, le monde solidaire ne s’arrêtera pas à la porte des ehpad.

Jean-Marie Philibert

 

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