Le climat,
Poutine et les peuples
Montesquieu a, avec d’autres, fondé notre science politique
et juridique. Son « Esprit des Lois » qui ne date que de 1748, est
lourd de toutes les lumières qui n’ont pas encore fini de nous éclairer :
les fondements d’une démocratie, la séparation des pouvoirs, la critique de
l’intolérance, du racisme… et la théorie des climats qui peut nous aider à y
voir un peu plus clair dans la guerre en cours à l’est de l’Europe.
La théorie des
climats
Selon la théorie de Montesquieu, les causes physiques
agissent sur les lois, le climat forme le tempérament des hommes et il tente de
nous le démontrer par une démarche expérimentale. « Dans les pays froids…
les houppes nerveuses sont moins épanouies… les sensations sont moins vives… Il
faut écorcher un moscovite pour lui donner du sentiment… » Cette influence
sur le tempérament a selon lui des conséquences sur les lois. Elle peut nous
aider à approcher un comportement qui peut parois nous donner l’impression
qu’il échappe à notre entendement.
Le visage de
l’inhumanité
Evoquons d’abord le Poutine, qui tout à sa hantise anti-otan
est déterminé à répandre massacre et désolation sur un pays frère, sur un
peuple frère qui a la prétention de décider lui-même de son destin. La froide
détermination du président de la Russie n’en a cure et donne l’impression
d’être prêt au pire pour le soumettre et retrouver les fastes d’un impérialisme
passé et perdu. Comme si la Russie tsariste et les temps soviétiques n’étaient
pas totalement morts. Comme si un mélange de cynisme, de mensonges, et de
puissance militaire aveugle pouvait renverser le cours d’une histoire dont il
est sans importance qu’elle soit une histoire humaine. Le visage de Poutine est
l’image glaciale de cette inhumanité dont les Ukrainiens font les frais.
Montesquieu savait.
Les peuples
Même si des franges importantes chez les Russes ne semblent
pas en accord avec l’initiative, le calme et la répression règnent. Le peuple
russe a l’habitude de prendre son mal en patience, sans doute un peu à cause de
l’insensibilité que lui prête le philosophe : peuple brinqueballé dans les
remous de l’histoire, peuple courageux, rappelons-nous de son rôle déterminant
dans la victoire contre Hitler, peuple d’une richesse culturelle prodigieuse,
apport fondamental à la culture universelle. Ce peuple est bâillonné une
nouvelle fois pour ne pas déplaire à ses gouvernants dont il devrait partager
les fantasmes.
Pour que les lumières chères à Montesquieu soient en mesure
de briller à nouveau à l’est de notre continent, sur une terre qui est, à nous
tous, la nôtre, sachons ne pas confondre les gouvernements et les peuples.
Soyons solidaires de façon totale et absolue des peuples de leurs souffrances,
de leur courage. Le peuple ukrainien bien sûr, et la résistance qu’il
manifeste, qu’il faut aider, tout en gardant la lucidité nécessaire pour éviter
une conflagration plus vaste encore. Mais aussi le peuple russe.
Jean-Marie Philibert
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