Comprendra-t-il ?
Ainsi donc nous y voilà : nous avons mis les mains dans
la gadoue pour éviter la merde et nous l’avons évitée, conscient que l’acte était
difficile, qu’aucun problème ne serait réglé, que tout reste à faire,
mais que le pire est évité. J’ai du mal à comprendre ceux, qui engagés, de
bonne foi, soucieux de progrès et de démocratie, des compagnons de lutte, ne
comprennent pas les dangers induits par un basculement vers l’extrême droite
d’une majorité de l’électorat. Certes la peste brune ne s’installe pas du jour
au lendemain, on peut être facho et malin, mais toutes les dérives fascisantes
ont entraîné leur lot de malheurs et de souffrances et se sont nourries de la
naïveté, de la sottise de tous ceux qui ont cru bon de laisser faire. Il est
salutaire pour notre pays que les résultats du 24 avril aient fait la
démonstration claire et nette que NO PASARAN. Parce que quand la république est
attaquée, il ne faut pas enfiler des perles, il faut la défendre.
Les luttes
sociales
Et poursuivre le combat ! Il y aura les grands
classiques dans ce combat, à commencer par le premier Mai 2022 et toutes les
luttes sociales qui ne cessent de frapper aux portes, qui ont nourri la campagne
électorale, le pouvoir d’achat, les salaires, les droits, le chômage et son
indemnisation, les discriminations, les exclusions, la précarité, la question
des retraites, des protections sociales.
Là nous allons très vite percevoir le niveau d’intelligence
et d’honnêteté du Macron nouveau. On le dit équipé d’un ordinateur mental qui
étonne ceux qui le côtoient. C’est sans doute un peu vrai quand on le compare à
celui de la Marine lors de leur débat : c’était un premier prix, poussif
et peu fiable. Mais la machine ne fait pas tout. Il a très bien compris qu’il
ne doit sa réélection qu’à la détestation profonde dont sa concurrente, à juste
titre, souffrait. Il sait aussi qu’une
large part de l’électorat n’a aucune sympathie pour lui et sa clique, voir le
taux d’abstention, que son mépris pour le peuple a failli lui coûter très cher.
D’autres
logiciels
Il doit changer les logiciels de son ordi. En particulier il
en a un que j’appellerai le mépris de classe, il lui a fait dire toutes sortes
de méchancetés sur les pauvres gens. Il n’est plus de saison s’il veut les
réconcilier avec la politique. Il en a un autre « retraite à 65 ans »
qu’il s’appelle : il ferait bien de le mettre au rebut. Il ne lui a fait
faire que des bêtises et dire que des mensonges (le COR n’a jamais dit qu’il
fallait travailler jusqu’à 65 ans pour sauver les retraites).
Il doit écouter, beaucoup écouter, en particulier les
syndicats qui pour la plupart ont été très clairs sur les enjeux des élections,
les associer à la vie sociale et politique comme des partenaires à part
entière, porteurs des intérêts du monde du travail.
Il ne doit pas traiter les questions ultra-sérieuses, de
l’écologie, comme un hochet pour distraire un électorat immature, mais
s’attaquer sans faux semblants aux racines d’un mal qui ronge une planète en
difficulté.
Les vraies
valeurs
Enfin et surtout il ne doit plus se tromper comme il semblait
le faire souvent sur les vraies valeurs de notre monde, de notre société. Elles
ne sont pas dans les banques, au CAC 40, à la Bourse, chez les VIP, les matuvu
aux egos demesurés, les pdg aux revenus provocateurs. Je sais, je sais :
il a été nourri au lait de la banque Rothschild. IL est très dur de se départir
de ses mauvaises habitudes. Mais la prise de distance avec le Grand Capital,
comme il disait Marchais, lui ferait le plus grand bien et lui permettrait de
nous prouver qu’il a peut-être compris quelque chose à ce 24 avril. Je ne suis
sûr de rien.
Jean-Marie Philibert