les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 13 février 2023

LA VIE ...LA POESIE

LA VIE ... LA POESIE Dans ces temps de « réforme des retraites » où se percutent les notions de travail et de temps qui lui est consacré, un texte poétique que j’ai souvent proposé à mes lycéens me revient en mémoire et me semble dire dans une forme très efficace ce que je pense et ce qu’expriment à longueur de défilés les milliers de manifestants qui n’ont pas envie qu’on leur vole leur temps de vie… si précieux. Je cite : L’homme de paille il avait tellement longtemps semé le grain coupé la paille lié les gerbes de froment gelé au froid nu des semailles brûlé au soleil de l’été Il avait tellement longtemps battu le blé couru la route entre les greniers et les champs il avait tellement longtemps reçu la pluie, reçu la grêle subi la neige et le grand vent germé de chaud séché de gel qu’il était devenu de paille belles moustaches de blé lisse menton de chaume qui piquaille sourcils de mil barbe en maïs (Il faut prendre extrêmement garde à ce qu’on fait dans son travail ou bien l’on devient par mégarde d’homme de chair homme de paille). Claude Roy (1915 – 1997) “Un seul poème” (1954) Claude Roy, écrivain au riche parcours littéraire et politique, acteur important des bouleversements du siècle… résistance, guerre d’Algérie… fut poète. Ici il se fait fabuliste, il nous raconte une vie et en tire une morale des plus élémentaires. L'EPOUVANTAIL Il s’appuie sur une image choc : celle de l’épouvantail, fait de bâtons, de bric, de broc et de paille placé dans un champ pour faire fuir les oiseaux. Un mannequin sans vie, une image de ce que le travailleur (des champs, mais pas seulement) peut devenir s’il se laisse embarquer par un boulot auquel il consacre tout le temps de sa vie, au point de perdre son humanité, de se la laisser voler. Comme si la vie n’était que boulot, souffrance, endurance, soumission à des éléments qui le dépassent. La puissance aliénante du travail nous vide ici de notre sang, de notre chair, de notre conscience pour faire du travailleur la marionnette mécanisée que Chaplin évoque dans les Temps modernes. CELUI QUI PERD SON NOM L’image de Claude Roy est parlante, violente : le travailleur devient l’homme de paille, l’homme de main, le prête nom, l’acteur des basses œuvres d’un patron qui le prend au moins pour un imbécile. J’ai comme le sentiment que face au projet de Macron les salariés de ce pays prennent conscience d’un enjeu majeur où il s’agit avant tout de préserver sa vie, son temps de vie, pour en devenir un acteur à part entière. Hommes « de paille » de tous les pays, continuons à nous réveiller de plus en plus nombreux ! Jean-Marie Philibert

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