les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

jeudi 25 octobre 2012

le monde et l'art



Le monde et l’art.
L’art contemporain, vous connaissez ? Sans doute un peu… et cela vous laisse perplexe. Par exemple sur les cimaises du musée de Saint Etienne cet écriteau accroché à un balai brosse : « La Joconde est dans l’escalier » : c’est une oeuvre d’art contemporain de Robert Filliou. Tout comme les boites de conserves étiquetées « Merdes d’artiste » où l’artiste italien Piero Manzoni a mis en boite ses propres excréments.  Les colonnes de Buren dans un registre moins provocateur et plus architectural qui remplissent la cour d’honneur du Palais Royal à Paris sont de la même veine contemporaine. Se tient actuellement à Paris au Grand Palais la FIAC, la Foire Internationale  d’Art Contemporain où viennent se prosterner  et surtout commercer tous les amateurs de ces formes surprenantes. Vous y rencontrerez surtout  des VIP, des qui-ont-les-moyens, des zamateurs-éclairés-et-fortunés, souvent un peu snobs sur les bords. Vous ne vous y sentirez pas tout à fait chez vous. Et ce sentiment sera d’autant plus fort  que vous jetterez un œil sur le prix des œuvres exposées. Ce n’est pas pour vous, ni pour moi.
A l’image de notre monde.
Et je me dis que ce monde de l’art contemporain est à l’image de notre monde dont il semble être un résumé, un condensé. Dans notre monde nous vivons aussi au milieu de richesses considérables que nous sommes dans l’incapacité de nous payer, qui nous sont étrangères ;  nous pouvons regarder, mais nous savons qu’elles ne sont pas pour nous. D’ailleurs nous avons parfois du mal à comprendre ce qu’elles sont, à quoi elles riment ; nous avons du mal à en saisir le sens. Y a-t-il un (des) sens d’ailleurs ? Nous avons le sentiment d’un grand n’importe quoi qui nous dépasse inexorablement, nous ne sommes pas sur la même planète.  Il y aurait comme un fossé infranchissable entre les initiés, ceux qui ont bénéficié (et ce mot est à prendre dans ses sens propres et figurés) d’une initiation le plus souvent sociale,  et tous les autres, ceux qui doivent l’essentiel de ce qu’ils sont à la force de leur poignet, à la sueur de leur front, à l’intensité de leurs sacrifices, les gens, le peuple, la classe ouvrière…  Ce ne sont pas de gros mots, mais de beaux mots.
Malgré tous les bouleversements, la classe ouvrière existe, elle a produit la modernité, les richesses,  les biens matériels qui éveillent nos désirs, mais elle doit en être exclue. On lui réserve quelques succédanés de façon à ne pas la désespérer totalement. Pour le reste qu’elle se contente de regarder, de loin ; elle ne peut pas comprendre ce qui la dépasse. Chacun à sa place  voyons !
Sommes-nous condamnés à cette caricature ?
Sommes-nous condamnés à cette société-là ? A cette caricature de société ? Comme à cette caricature d’art ? Ces clivages sociaux sont insupportables  pour tous ceux qui considèrent que les idées de justice, de solidarité sont les vraies richesses de l’humanité. Il est plus que temps d’en finir avec l’exclusion du plus grand nombre, les emplâtres mis sur nos plaies sociales ne peuvent plus tromper leur monde. Il faut être sourd pour ne pas entendre l’expression d’une souffrance sociale inadmissible dans un monde riche et prospère : ce que nous sommes, ce que nous pourrions être, ce que nous devrions être de façon beaucoup plus égalitaire. Ce sont-là des exigences morales, philosophiques et politiques. Mais, pour revenir à notre point de départ,  elles peuvent aussi rejoindre des exigences artistiques.
La force et la faiblesse de l’art contemporain sont de chercher dans un monde divisé et en bouleversement des formes qui expriment la complexité et parfois l’absurdité d’une réalité qui nous échappe. Au-delà de l’image sociale élitiste et hyper-bourgeoise que l’idéologie du jour voudrait lui donner, ne pourrait-on pas y lire aussi la recherche sans garde-fou d’une liberté de création, d’invention, d’expression qui est un des fondements de l’humanité et qui est notre bien commun.
Jean-Marie PHILIBERT.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire