les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

vendredi 19 octobre 2012

les pieds



LES PIEDS

En septembre, octobre, c’est la rentrée, la rentrée des classes …et des manifs, contre le traité européens, pour la défense des retraites, pour la défense de l’emploi… et je pense à une expression que mon pépé utilisait très souvent, chaque fois qu’il avait à manifester sa désapprobation : « Tu sais fiston, j’ai pas besoin d’attendre d’avoir un bulletin de vote pour dire mon opinion, moi je suis capable de voter tous les jours avec mes pieds .» Les travailleurs de SANOFI, ceux de PSA votent avec leurs  pieds pour se battre contre les suppressions d’emploi.  Le 11 Septembre les Catalans du Sud ont été des centaines de milliers à voter avec leurs pieds, pour défendre leur région, leur terre, leur pays, leur nation et dire leur désir d’indépendance. Le vote avec les pieds, c’est la démocratie sociale… en marche… Et les pouvoirs y sont souvent allergiques, surtout quand les pieds sont très nombreux.
Mais les droits de voter avec ses pieds en manifestant, en s’organisant,  ont été gagnés de haute lutte, et renvoient à un besoin premier de l’homme qui est sa liberté d’expression, sa liberté de choix, fondements de la démocratie,.
Ils ne pensent pas.
Mais le choix reposerait-il uniquement sur les pieds. Les pieds sont très utiles pour marcher, pour avancer, pour aller où l’on veut aller. Mais la difficulté avec les pieds, c’est qu’ils ne pensent pas, ils peuvent être bêtes comme leurs pieds. Il convient donc de les aider à penser. Et l’on peut avoir de désagréables surprises si on laisse les pieds faire tout seuls ce qu’ils ont envie de  faire.
Filons la métaphore : ils sont très nombreux ceux qui en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Italie et en France votent avec leurs pieds pour refuser une Europe qui nous impose austérité, misère et récession. Pour construire une autre Europe, la tâche est énorme et les pieds n’y suffiront pas. L’Europe sociale à construire suppose la mise en œuvre de modèles et de valeurs qui prennent le contre-pied (sic) du libéralisme échevelé qui fait notre malheur quotidien pour les beaux yeux des banques et des nantis. Elle suppose un engagement des pieds, de la tête, du corps, du cœur de tous pour une véritable justice sociale. Elle suppose l’échange, le débat, la construction de convergences, et un sens très aigu des solidarités ; par exemple le débat fiscal au sein du mouvement catalaniste (les impôts payés en Catalogne doivent y rester !) ne me semble pas de cet ordre-là. Il ne suffit pas de peindre l’avenir en sang et or pour qu’il devienne radieux, même si je pense que cette identité est porteuse de sens et de valeur.  Les tripatouillages récents entre l’UMP66 et Convergencia I Unio de Jordi Vera montrent que le drapeau catalan ne suffit pas à faire une politique crédible.
Donnons à nos pieds une perspective politique.
Le vote avec les pieds est immédiat, facile ; il pourrait être réducteur,  si nous n’y prenions pas garde. La complexité du réel ne se laisse pas facilement circonscrire, et si l’on veut agir efficacement, il importe d’en prendre en compte la richesse. Il ne faut pas laisser les pieds seuls décider.  Donnons à nos pieds, une conscience, des exigences, une perspective politiques. J’ai le sentiment que ça nous manque un peu et que le Front de Gauche a du pain sur la planche pour remettre l’avenir … sur ses pieds. De toute façon il sera le seul à tenter de le faire. Alors aidons-le !
Jean-Marie PHILIBERT.

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