les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

vendredi 12 octobre 2012

paroles......



PAROLES…PAROLES…PAROLES…
Le clan Alduy a fait de la métaphore de l’archipel l’horizon indépassable de notre géographie urbaine et départementale : nous sommes sur un archipel, nous avons un théâtre de l’archipel, une agglo de l’archipel… Un archipel ? C’est tout simplement un ensemble d’îles. Donc à PERPIGNAN, à SAINT-JACQUES, au SOLER, à BOMPAS, à la  REAL… nous sommes chacun sur notre île. Il ne nous manque que la mer (mais elle n’est pas loin)! C’est très commode un archipel, parce que quand nous sommes sur notre île, nous y restons, en nous mélangeant le moins possible. L’archipel permet de fixer les divisons sociales qui nous empêchent véritablement d’être ensemble, avec le sentiment que l’on est dans l’ordre naturel des choses, et comme un parfum d’exotisme. La droite a besoin de cette division sociale, de cet enfermement souvent communautariste dans les quartiers, pour asseoir sa politique clientéliste.  La mixité sociale et la vie démocratique locale ne sont pas leur fort. La droite se nourrit de nos difficultés à nous rassembler, de nos difficultés à lutter ensemble. Difficultés d’autant plus grandes que d’un côté on souffre de plus en plus, de l’autre on s’engraisse de plus en plus. La géographie urbaine en porte les traces, à PERPIGNAN , comme ailleurs. Les mots, aussi séduisants soient-ils,   (et l’archipel est là pour nous faire rêver ),  ne changent rien à la chose qui nous gangrène : la division et l’injustice sociale.
Il n’est pas absurde de voir dans cette société figée sur une telle division une des sources des difficultés sociales, en particulier celles des banlieues. Quand on met ensemble une population qui cumule toutes les handicaps, on accroît les galères de chacun et on rend difficile, voire impossible notre capacité à les surmonter, jusqu’à y voir la main d’un destin hostile dont l’éloignement, l’isolement dans l’espace   permettraient de  protéger les gens bien, comme on dit.
Les réponses sécuritaires ne cessent de montrer leur limites, d’autant que les difficultés d’intégration sont de plus en plus prégnantes et que les réponses violentes se banalisent.
De Grenoble
L’actualité la plus récente nous offre des exemples  criants et insupportables de ces difficultés-là : l’exemple de Grenoble où l’on voit la violence entre jeunes conduire à ce qu’il faut appeler des assassinats sans raison : ils  touchent deux jeunes  qui n’avaient que le tort d’habiter un quartier jugé difficile. Cette violence aveugle qui s’y manifeste, ce comportement collectif de horde sauvage prête au pire, cette inconscience crasse doivent nous interroger : une telle loi de la jungle pourrait nous conduire à penser que nos institutions sont incapables de répondre au problème. Les sursauts citoyens, comme celui qui a rassemblé des milliers de personnes après ce drame,  sont certes des lueurs d’espoir. Mais la voie du retissage du lien social sera longue et compliquée.
A Marseille
Autre signe de cette violence, moins sanglante, mais bien significative : Marseille-Nord, les habitants d’une cité populaire chassent  du terrain qu’ils occupaient indument un  campement de roms sous l’œil des autorités qui laissent faire. Les moins exclus chassent les plus exclus. La solidarité est aux abonnés absents : c’est la loi du plus fort, ou dans ce cas du moins faible.  Les difficultés des uns justifieraient des comportements inadmissibles. Les coups de menton du Ministre de l’Intérieur, aussi déterminé soit-il, ne sont pas en mesure d’arrêter la déferlante.  
Dans ces deux cas les mots resteront impuissants  pour agir sur des choses aussi sinistres.
Nous.. Tous ensemble, tous ensemble, tous ensemble…
Tout cela ne tombe pas du ciel, ou de l’enfer, nous ne sommes pas dans la fatalité : ce sont les fruits de l’exclusion, de la misère que la crise  dans laquelle les pouvoirs successifs se sont installés depuis des décennies maintenant, en donnant le sentiment brutal qu’il n’y a pas d’autres réponses que toujours plus de misère et d’austérité. Si nous ne nous y attaquons pas vraiment, le nous ici a tout son sens (les pouvoirs publics, les politiques certes, mais aussi les citoyens, les travailleurs, les jeunes, les vieux, les femmes, les hommes…), cette crise continuera à produire des effets aussi désastreux et des impasses  aussi sinistres.
Tant que nous resterons sous la domination sans partage des dieux de la finance,  tant que, par notre action, par nos luttes,  nous ne serons pas capables d’en revenir aux fondamentaux de l’intégration sociale, l’école et le travail,  là où  se constituent,  s’échafaudent,  se  transmettent, les valeurs collectives qui font notre histoire et notre avenir,  les mots ne manifesteront que notre impuissance à agir sur les choses, à agir sur le monde, et à construire un monde humain.
Reprenons un petit coup de Marx : comprendre le monde certes, mais aussi, mais surtout le trans-for-mer. Les choses ! Les choses ! Enfin !
Jean-Marie PHILIBERT.

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