les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 29 septembre 2014

gâté-pourri



Gâté-pourri !
Le patronat français est comme un enfant gâté ; vous connaissez, tous, ces enfants insupportables dont des parents irresponsables se croient obligés de satisfaire les moindres désirs capricieux. A l’expression fantaisiste et insistante de mes désirs (le rêve de tout enfant étant d’être le plus gâté possible), je n’obtenais de ma mémé adorée (dont je ne vous avais pas parlé depuis longtemps), cette sentence irrévocable et définitive « gâté un jour, pourri toujours ! » J’ai compris qu’il fallait aussi vivre avec certaines insatisfactions et cela a contribué à forger ma personnalité.
Gattaz n’a pas eu de mémé raisonnable et modeste : patron et chef des patrons, il est fils de patron qui, lui aussi, fut chef de patrons, donc habitué depuis sa plus tendre enfance à voir ses désirs, ses rêves, ses délires et ses couillonnades prises très au sérieux par des courtisans appointés et sans scrupules, très-très loin des réalités difficiles d’une société en crise. C’est peu dire qu’il fut gâté, Gattaz, il fut pourri et peut-être l’est-il toujours, selon l’adage de mémé !
Reculons !
Quand on entend les dernières propositions du Medef en échange de la création d’un million d’emplois, on n’a plus de doute. Selon le saint patron, il faut « revoir le principe d’une durée légale imposée à toutes les entreprises … prendre en compte la diversité des situations … et permettre la fixation négociée d’une durée du travail, au niveau de l’entreprise… » Et comme cela serait largement insuffisant pour satisfaire notre saint homme, il préconise aussi « un recul de l’âge légal de départ à la retraite pour tenir compte de l’allongement de la durée de la vie… »
Reculons ! Reculons ! Reculons ! Nous prendrons ainsi beaucoup plus d’élan pour nous jeter directement dans le fleuve des enfers … sans avoir à passer par la case retraite qui met les patrons en transe et qui vide les caisses. Plus de retraite donc ! Plus de 35 heures ! Plus de jours fériés ! Plus de dimanche, peut-être une petite demi-heure négociée avec le Vatican pour aller à l’office ! Plus de seuils sociaux pour imposer des contraintes d’un autre âge ! Plus de smic ! Plus de code du travail qui représente pour l’entreprise et ses chefs vénérés l’horreur absolue ! Tous les codes du travail traînant dans les bibliothèques seront rassemblés et brûlés en place publique lors d’une grande cérémonie expiatoire, tous les patrons sauteront au-dessus ce feu avec l’allégresse de ceux qui pensent devenir ainsi encore plus ego que les autres.
Foi de Gattaz !
« A ce prix-là, peut-être, si nos économistes ne se sont pas trompés, si la météo est bonne, si le CAC 4O est content, si la droite se rapproche du pouvoir, si le social libéralisme se porte toujours aussi bien, si la bourgeoisie le veut, si la classe ouvrière est zentille-zentille-zentille, moi Gattaz 2 je créerai des emplois ! Oui ! Vous avez bien entendu, je créerai des emplois, Foi de Gattaz ! J’ai dit un million, ça c’est pour les médias et les naïfs. Combien ? Je ne sais pas, vous vous en doutez, ce n’est plus tout à fait de ma compétence. Nous basculons là dans un autre ordre, celui de la providence divine qui sait tout et peut tout. Je n’ai pas eu dieu au téléphone, mais son saint-esprit de secrétaire m’a dit qu’il a besoin de bien observer ses ouailles pour décider de ce qu’elles méritent ! ».
Lecteur du TC, vous savez donc ce qu’il vous reste à faire, ou bien croire aux élucubrations d’un enfant gâté-pourri qui n’a de cesse de nous prendre pour des imbéciles, ou bien prendre-reprendre-continuer-à-prendre- ensemble-déterminés-résolus et têtus le chemin de la lutte sociale, hasta la victoria !
Jean-Marie Philibert.

vendredi 26 septembre 2014

le 30 septembre ça marche



Le 30 Septembre… ça marche !
Avis aux retraités : le  30 septembre, il ne faut rien prévoir d’autre que de descendre dans la rue. Une nouvelle fois ! Vous allez me dire ! Eh bien oui, une nouvelle fois ; et ce n’est peut-être pas fini. Et s’il fallait une dernière raison pour cela, les dernières informations  confirment que la cupidité du gouvernement (et surtout ses choix politiques beaucoup plus libéraux que sociaux) l’a incité à revenir sur un engagement à ne pas faire subir aux petites retraites le blocage qu’il opérait sur les moins petites. Il avait été prévu d’augmenter les retraites de moins de 1200 euro : eh bien, ce n’était pas vrai, les naïfs qui y ont cru ont eu tort. Il n’y aura rien jusqu’à fin 2015 pour personne. Ça c’est de la justice à l’état pur.
L’aumône…
Et quand même pour bien montrer que l’on sait faire dans le social ( sinon dans le socialisme), le gouvernement dans sa très grande générosité va faire un tout petit effort pour ceux qui ont  le moins : 8 euro par mois pour ceux qui touchent le minimum vieillesse et une prime unique de 40 euro pour tous ceux qui perçoivent moins de 1200 euro de pension, soit, 3.3 euro par mois sur un an.
C’est tout simplement injurieux pour les intéressés et au-delà pour l’ensemble de retraités. Le 30 septembre, les organisations de retraités, dans leur quasi-unanimité, ont décidé dans la suite de l’action du 3 juin d’appeler à l’action, pour défendre un droit qui est de plus en plus réduit. Et ce n’est pas le projet de loi sur le vieillissement qui a fait l’ouverture à l’assemblée nationale qui va changer quoi que ce soit, puisque là aussi l’application est retardée, les financements sont réduits et l’objet étroitement limité à des actions peu onéreuses.
L’unité.
Il faut se féliciter de la convergence de vue des organisations de retraités et des pratiques unitaires qui se poursuivent. Il revient aux retraités de leur donner toute la force nécessaire  pour faire reculer un gouvernement qui semble avoir perdu le sens des réalités. Le 30 Septembre…à vos chaussures de marche.
Contre le gel des pensions, pour l’amélioration du pouvoir d’achat de tous les retraités et le retour à une revalorisation annuelle, pour une loi progressiste sur l’adaptation de la société au vieillissement, pour le développement de services publics de qualité.
 Le rassemblement est prévu le 30 à 10heures devant le palais des Congrès de Perpignan, il sera suivi d’une manifestation en direction de la Préfecture où une délégation sera reçue.
Appellent à l’action du 30 les Unions Confédérales de Retraités, CGT, FO, CFTC, CGC, la FSU, la FGR-FP et l’UNRPA.
Chaussez vos baskets.
JMP

lundi 22 septembre 2014

de la vérité et du mensonge



De la vérité et du mensonge …
L’actualité et la fantaisie ne font pas nécessairement bon ménage, c’est même le contraire. C’est un peu (beaucoup)  la difficulté de l’écriture journalistique : s’accrocher aux réalités quel que soit le prix à payer ; et pour être crédible et cru ne pas déroger à un examen minutieux et sans concession d’événements, fussent-ils dérangeants. Et il arrive souvent qu’ils le soient. La rédaction d’un billet d’humeur vous permet de prendre une distance et d’intégrer dans la démarche journalistique une dimension « fantaisiste » qui peut ne pas être totalement dénuée de vérité.  Je vais tenter de vous la rendre sensible en évoquant l’actualité la plus récente.
Le flot de paroles.
Dans ces dernières semaines, nous avons été confrontés à une déferlante d’événements qui ont occupé les petits écrans, les ondes, les conversations, les réseaux sociaux, le tout-Paris, le tout- Perpignan et le tout-Finestret. Le gouvernement Valls 1 qui implose, une ex-première dame violemment abandonnée qui écrit un livre vengeur, un tout nouveau ministre qui ne veut pas payer d’impôts, et  pas seulement les impôts d’ailleurs, un premier ministre( pas nouveau)  qui redemande une confiance qu’il a peur qu’on ne lui accorde pas, un président en exercice qui réunit ses ouailles, ses porte-flingues et le gratin du journalisme ( non ! non ! le tc n’en fait pas partie) pour près de deux heures de discours où on n’apprend… rien. Et enfin un ex-président qui tente de redevenir le phénix qu’il n’a jamais été, c’est pour cela qu’on était satisfait de le voir virevolter sur tous les continents pour faire des conférences lucratives… mais loin de chez nous. Eh bien, il veut revenir !
Tous ces personnages ont beaucoup parlé : nous les avons beaucoup entendus, si nous ne les avons pas toujours attentivement écoutés. Parce qu’ils nous fatiguent, parce qu’on ne les croit qu’à moitié et même souvent beaucoup moins. Parce que nous savons que la vérité médiatique qu’ils nous servent est à la vérité vraie ce que le macdo est à la gastronomie. Et nous aspirons à cette vraie vérité qu’un peu d’invention peut nous aider à découvrir… au-delà des mots officiels.
Je mens, c’est vrai.
Quand Thomas Thévenoud, éphémère secrétaire d’état dit qu’une « phobie administrative » l’empêche de payer ses impôts, mon détecteur de mensonge clignote avec violence et une voix venant des profondeurs de son être me dit « Je mens, c’est vrai ! Je pensais qu’au parti socialiste on pouvait s’accorder quelques petits privilèges ! Que la justice, les lois, les impôts, c’était pour les autres. J’ai été atteint du syndrome de Cahuzac, mais moi, je reste député. Je suis plus fort que lui ! »
La vérité est rude et cynique ; Valls suit une même voie quand il nous vend son nouveau gouvernement comme un gouvernement de gauche, il sait que la promotion d’un jeune banquier plein d’ambition aux manettes de l’économie est tout sauf une décision progressiste. La preuve tombe quelques jours plus tard, quand une parole malheureuse de ce chantre du libéralisme lui fait dire tout naturellement que les ouvrières de chez Gad ne sauraient être qu’illettrées. Mais chut ! Il vaut mieux que ça ne sache pas trop.
De simples ornements du discours.
Comme le mépris affiché au plus haut sommet de l’état pour tous les exclus, pour tous ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts, dont parle l’ex-compagne du président. Les sans-dents vous saluent bien et refusent autant la compassion et les mensonges d’une politique qui, ou les ignore, ou les installe dans un état de dépendance. Ils ne peuvent que douter d’une orientation politique qui fait de la justice sociale un simple ornement de discours. La parole présidentielle telle qu’elle est proférée à l’occasion de la conférence de presse apparaît alors pour ce qu’elle est : un pur artifice coupé des réalités. Quant au discours de l’ex-président qui tente un come-back, il n’est pas plus crédible. Mon détecteur de mensonges a dangereusement couiné parce qu’il ne supporte pas que l’on parle pour ne rien dire.
Un autre parole est possible qui parle des femmes, des hommes, de leurs aspirations et de leurs difficultés, de leur soif de justice et de progrès, de leur ambition de construire un monde nouveau. Une parole où les mots ne trichent pas ; une parole-miroir où je me reconnais pour ce que je suis, où tu te reconnais pour ce que tu es, où il/elle se reconnaît pour ce qu’il/elle est… Le détecteur de mensonge reste étonnamment calme. C’est tant mieux et c’est possible !
Jean-Marie Philibert.