Les NAP
(les nouvelles activités périscolaires) et la dégringolade…
Dans les projets politiques, entre le moment où la décision
est envisagée, proposée, préparée, arrêtée et le moment où elle est mise en
œuvre les délais sont souvent relativement longs. Avec les nouvelles activités
périscolaires, chères à l’ancien ministre de l’éducation Vincent Peillon, et
censées redéfinir la journée des élèves du premier degré, en imposant à tous de
travailler le mercredi matin, pour leur permettre d’avoir des journées plus
équilibrées et participer ainsi à une meilleure réussite scolaire, c’est à
cette rentrée que la mesure devient opérationnelle partout, et donc que l’on
peut en mesurer les bienfaits et/ou les dégâts. C’est l’heure de vérité, et
elle est cruelle. Peillon a quitté le navire, il ne doit pas s’en plaindre.
Un
bénéfice…nul
Pour les enfants d’abord, le bénéfice en terme de
rééquilibrage du temps scolaire est nul, la journée a des « chances »
d’être aussi longue, la semaine sera nécessairement plus longue, la coupure du
mercredi passe par pertes et profits, quant à la nature des nouvelles activités
pédagogiques, c’est comme on peut, avec ce qu’on a, et on peut peu. Pour les
familles, la gestion des entrées et sorties de classes peut rapidement devenir
un casse-tête ; et quand les transports scolaires entrent en jeu, la
journée au lieu de rétrécir s’allonge. La réponse autoritaire du ministre aux
élus récalcitrants donne une piètre
image de la capacité de discussion du pouvoir. Dernière cerise sur le
gâteau : tout cela a un coût à la charge des familles, (ou des
municipalités quand elles le veulent ou le peuvent). Ils sont nombreux à
hésiter devant un investissement aussi aléatoire.
Quant à l’égalité devant une loi qui a une portée
générale : comment comprendre que les écoles privées aient été autorisées
à garder les anciens emplois du temps, si ce n’est par la volonté de leur permettre de tirer une nouvelle fois
les marrons du feu, pendant que le service public se débattra avec les
incohérences de la politique scolaire.
Refuser
d’écouter.
Et voilà comment un projet qui pouvait, peut-être, avoir sa
légitimité, sans qu’on lui accorde des effets miraculeux dans la lutte contre
l’échec scolaire, se retourne contre le gouvernement qui refuse d’écouter ce
qui monte du terrain !
Vous me direz que dans la débandade générale qui s’installe
dans la politique gouvernementale, ce n’est qu’un épiphénomène. Certes, mais
emblématique de l’incapacité à écouter, à dialoguer, de l’entêtement à croire
que l’on a raison tout seul, de la propension et de la facilité à faire passer
l’accessoire pour l’essentiel, pour donner l’illusion du changement, et de
l’absence de volonté de véritable transformation politique.
L’école, mais pas seulement, l’ensemble des services publics,
ont besoin de démocratisation et d’ouvertures, et d’égalité et de moyens. Le
monde du travail a besoin de droits qui fassent du salarié un citoyen à part
entière et non le jouet de la cupidité patronale. La protection sociale, les
droits sociaux, les retraites, la prise en charge de toutes les formes
d’exclusion n’ont plus à être considérés comme des charges pour la
collectivité, mais comme des moyens d’humaniser la société et de réactiver l’économie.
La réforme de l’état dont on nous rebat les oreilles peut être autre chose que
des vannes grandes ouvertes à toutes les formes de désengagement et de
privatisation. La construction européenne peut très bien ne plus être un outil
pour mettre au pas et au pain sec les peuples. Encore faut-il vouloir la
libérer du joug de la finance internationale !
Et là François, le looser, a complètement perdu la mémoire,
comme il perd quotidiennement les pédales… Alors François, retour au réel, au
monde tel qu’il est, à la société telle que les gens la veulent : les NAP
au vestiaire et les salariés, les retraités, les chômeurs, les précaires, les
jeunes … aux petits soins. Sinon, de dégringolade, en dégringolade…
Jean-Marie Philibert.
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