L’humeur…
L’humeur, ça ne se commande pas. Ça se prend comme ça vient,
quand ça vient. On peut la gonfler un petit peu, on peut la calmer, aussi,
quand elle a envie de tourner au vinaigre. Il est difficile de la dissimuler,
il peut même être nécessaire de la lasser éclater, quand on a affaire à des
« rompabonbones » insupportables.
Une phase
tranquillette.
Je n’en étais pas là
bien au contraire : l’été avait été agréable, pas trop chaud. Les petits
enfants, en grandissant avaient dévoilé des facettes nouvelles de leur
personnalité, fort agréables, pour des grands parents, « aimants »
bien sûr. Nous avions pris le temps de découvrir un peu le monde, de goûter au
soleil, d’oublier le T.C. Certes le contexte politique, la situation
internationale, les perspectives sociales n’étaient pas réjouissants. Mais
habituée au pire, l’humeur s’altérait peu. Nous étions dans une phase positive
et plutôt tranquillette, en particulier au niveau national où les consignes
d’Hollande (pas de vague pour mon pédalo !) semblaient écoutées.
Le premier à jouer le trublion fut Mélenchon, et sa
tentative de jeter aux orties le Front de gauche, quelques semaines après avoir
profité des voix du même Front de gauche pour s’assurer un mandat de député
européen. Auparavant, le soir des européennes, il avait versé la larmette en
direct à la télévision pour déplorer un résultat du FN dans lequel, comme
chacun de nous, il avait sa petite part de responsabilité. Ce fut mon premier
gonflement d’humeur.
La grenouille et
le bœuf.
Et vas-y que je te prends de la hauteur, « je ne me
tripatouille plus avec les partis politiques, y compris le mien, le Parti de
gauche ; je ne veux plus unir la gauche, je veux fédérer le peuple,
moa-moa, le très haut ! ». Comme si fédérer le peuple sur des bases
progressistes (les seules qui comptent) pouvait se concevoir en dehors d’une
union des forces de progrès du pays. Encore un qui plus de trois siècles après
la Fontaine nous rejoue « La grenouille qui veut se faire plus grosse que
le bœuf… »
Mais le pire était à venir : le tsunami d’humeur était
en préparation du côté de Bourg en Bresse, de l’Elysée et de Matignon. On
savait qu’Hollande et Valls n’allaient pas faire brusquement une mue gauchiste.
On se doutait que leur pédalo continuerait à fréquenter les eaux tiédasses des étangs égoïstes et
nauséabonds du Medef. Mais on ne s’attendait pas à un tel acte d’autorité et à
un virage politique qui brutalement envoyait dans les décors tout ce qui
pouvait représenter un peu de gauche dans un gouvernement où il n’en restait
pas beaucoup. De quoi réveiller mon humeur en deux temps, trois mouvements.
Au charbon !
Au charbon !
Certes Montebourg nous avait pris un peu pour des imbéciles, le matamore qu’il
jouait énervait Hollande et Valls, mais il posait quelques vraies questions sur
l’état de notre industrie, il semblait n’avoir pas totalement oublié qu’il
était censé faire partie d’un gouvernement de gauche. C’était insupportable au
Chef de l’état et au Premier ministre qui ne conçoivent qu’une majorité aux
ordres avec un gouvernement de béni-oui-oui.
Aussitôt dit, aussitôt fait, Valls 2 est né des décombres de
Valls1 avec la part de plus en plus belle faite aux patrons, à la finance,
à la compétitivité des entreprises et aux sacrifices des salariés, des
retraités… et au no future des jeunes. Paraît-il que c’est la seule voie
possible. Ah si mon humeur pouvait leur péter à la gueule… Du calme ! Le débat doit rester courtois. Et puis pense
à toi, préserve-toi, ne t’excite pas. La lutte politique est une longue
patience et garde la force de mener le combat pour le progrès, pour le
rassemblement, pour la transformation sociale le plus longtemps possible. Nous
ne serons jamais trop nombreux, ni assez exigeants. Foin de
l’impulsivité !
Utilise ton humeur à bon escient, en la déversant
régulièrement dans les colonnes du TC.
Voilà, c’est fait.
Jean-Marie Philibert.
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