De la
vérité et du mensonge …
L’actualité et la fantaisie ne font pas nécessairement bon
ménage, c’est même le contraire. C’est un peu (beaucoup) la difficulté de l’écriture journalistique :
s’accrocher aux réalités quel que soit le prix à payer ; et pour être
crédible et cru ne pas déroger à un examen minutieux et sans concession
d’événements, fussent-ils dérangeants. Et il arrive souvent qu’ils le soient.
La rédaction d’un billet d’humeur vous permet de prendre une distance et
d’intégrer dans la démarche journalistique une dimension
« fantaisiste » qui peut ne pas être totalement dénuée de
vérité. Je vais tenter de vous la rendre
sensible en évoquant l’actualité la plus récente.
Le flot de
paroles.
Dans ces dernières semaines, nous avons été confrontés à une
déferlante d’événements qui ont occupé les petits écrans, les ondes, les
conversations, les réseaux sociaux, le tout-Paris, le tout- Perpignan et le
tout-Finestret. Le gouvernement Valls 1 qui implose, une ex-première dame
violemment abandonnée qui écrit un livre vengeur, un tout nouveau ministre qui
ne veut pas payer d’impôts, et pas
seulement les impôts d’ailleurs, un premier ministre( pas nouveau) qui redemande une confiance qu’il a peur
qu’on ne lui accorde pas, un président en exercice qui réunit ses ouailles, ses
porte-flingues et le gratin du journalisme ( non ! non ! le tc n’en
fait pas partie) pour près de deux heures de discours où on n’apprend… rien. Et
enfin un ex-président qui tente de redevenir le phénix qu’il n’a jamais été,
c’est pour cela qu’on était satisfait de le voir virevolter sur tous les
continents pour faire des conférences lucratives… mais loin de chez nous. Eh
bien, il veut revenir !
Tous ces personnages ont beaucoup parlé : nous les avons
beaucoup entendus, si nous ne les avons pas toujours attentivement écoutés.
Parce qu’ils nous fatiguent, parce qu’on ne les croit qu’à moitié et même
souvent beaucoup moins. Parce que nous savons que la vérité médiatique qu’ils
nous servent est à la vérité vraie ce que le macdo est à la gastronomie. Et
nous aspirons à cette vraie vérité qu’un peu d’invention peut nous aider à
découvrir… au-delà des mots officiels.
Je mens,
c’est vrai.
Quand Thomas Thévenoud, éphémère secrétaire d’état dit qu’une
« phobie administrative » l’empêche de payer ses impôts, mon
détecteur de mensonge clignote avec violence et une voix venant des profondeurs
de son être me dit « Je mens, c’est vrai ! Je pensais qu’au parti
socialiste on pouvait s’accorder quelques petits privilèges ! Que la
justice, les lois, les impôts, c’était pour les autres. J’ai été atteint du
syndrome de Cahuzac, mais moi, je reste député. Je suis plus fort que
lui ! »
La vérité est rude et cynique ; Valls suit une même voie
quand il nous vend son nouveau gouvernement comme un gouvernement de gauche, il
sait que la promotion d’un jeune banquier plein d’ambition aux manettes de
l’économie est tout sauf une décision progressiste. La preuve tombe quelques
jours plus tard, quand une parole malheureuse de ce chantre du libéralisme lui
fait dire tout naturellement que les ouvrières de chez Gad ne sauraient être
qu’illettrées. Mais chut ! Il vaut mieux que ça ne sache pas trop.
De simples
ornements du discours.
Comme le mépris affiché au plus haut sommet de l’état pour
tous les exclus, pour tous ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts, dont
parle l’ex-compagne du président. Les sans-dents vous saluent bien et refusent
autant la compassion et les mensonges d’une politique qui, ou les ignore, ou
les installe dans un état de dépendance. Ils ne peuvent que douter d’une
orientation politique qui fait de la justice sociale un simple ornement de
discours. La parole présidentielle telle qu’elle est proférée à l’occasion de
la conférence de presse apparaît alors pour ce qu’elle est : un pur
artifice coupé des réalités. Quant au discours de l’ex-président qui tente un
come-back, il n’est pas plus crédible. Mon détecteur de mensonges a
dangereusement couiné parce qu’il ne supporte pas que l’on parle pour ne rien
dire.
Un autre parole est possible qui parle des femmes, des
hommes, de leurs aspirations et de leurs difficultés, de leur soif de justice
et de progrès, de leur ambition de construire un monde nouveau. Une parole où
les mots ne trichent pas ; une parole-miroir où je me reconnais pour ce
que je suis, où tu te reconnais pour ce que tu es, où il/elle se reconnaît pour
ce qu’il/elle est… Le détecteur de mensonge reste étonnamment calme. C’est tant
mieux et c’est possible !
Jean-Marie Philibert.
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