Humeur
sombre ?
Reprenons l’histoire où nous l’avons laissée lors du chapitre
précédent, il était intitulé « Compliqué » et il tentait d’y voir un peu moins
sombre dans les perspectives de
l’élection présidentielle pour ce qu’on va appeler les forces de progrès. Il en
reste et nous en sommes.
Et même nous sommes persuadés que la meilleure voie de sortie
de la crise profonde que connaît notre société ne passe que par elles. Mais ça
bloque quelque part, on pourrait mettre au pluriel quelques parts.
Qui mettre dans le clan des progressistes ? Sans doute
pas ceux qui s’emploient avec obstination à organiser les reculs sociaux au
prétexte que la seule gauche possible est celle du réalisme et des mamours au
patronat. La volonté populaire ne semble pas exagérément travaillée par
l’ambition de secouer le cocotier des renoncements programmés, même si existent
des poches de résistance. Le tissu social est profondément tourneboulé au point
de perdre tout souvenir et toute conscience et de se préparer à voir un parti
fasciste en mesure de prétendre gouverner le pays. Je n’ai pas tout à fait le
sentiment d’une conscience collective, lucide, de la dérive mortifère en
gestation.
L’idéologie
du renoncement
D’où viennent ces avalanches de difficultés ? Chacun y
va de son couplet, de son « ressenti », comme on dit aujourd’hui.
Mais ne tournons pas autour du pot : les dégâts du chômage ont imprégné
depuis des décennies le tissu social au
point de le déliter, de transformer souvent les destins en vallées de
larmes. Et il a sécrété, comme anesthésiant une idéologie du renoncement dans
laquelle les medias ont vu une occasion rêvée (c’est le cas de le dire) de
prendre le pas sur la vraie vie pour nous vendre dans tous les sens des termes
de l’aliénation à l’état pur avec la bénédiction des patronats et des
gouvernements sans la moindre retenue.
Nous aider à appréhender une situation économique en
constante évolution, nous inciter à anticiper sur des évolutions en cours, nous
éclairer sur les enjeux de développement qui peuvent s’y percevoir, nous rendre
compte des débats politiques, intellectuels en mesure d’éclairer nos lanternes,
laisser s’exprimer les opinions diverses qui traversent une société, les mettre
en relation avec les classes sociales diverses qui la composent, ne pas
systématiquement proscrire celui et ceux qui ne pensent pas bien. Sortir enfin
du rôle de chien de garde d’un peuple immature qui ne sait ni ce qu’il dit, ni
ce qu’il fait. Mais vous n’y pensez pas. Ce n’est pas pour rien que pendant
longtemps à la télé on a parlé de chaînes.
Des
bateleurs et des histrions.
Ce n’est pas le rôle des bateleurs et des histrions que de se
soucier de l’intelligence politique, c’est même l’inverse, surtout s’ils sont
grassement payés par les maîtres financiers du jeu qui ont lourdement investi
pour que nous restions les plus couillons possible. C’est ce qu’ils font…
bien !
Une nouvelle preuve : la couverture télévisuelle des
futures élections présidentielles. C’est guignol à tous les étages. Regardez le
tissu de sottises qui a accompagné la candidature de Macron dont le vide du
discours est inversement proportionnel à la place accordée à l’écran. Comme si
tout cela n’avait que l’ambition de nous distraire d’un quotidien nauséabond.
Mettez en rapport avec le débat lancé par le PCF pour tenter de construire une
démarche unitaire (vraiment) à gauche. Là c’est silence radio. Et vous aurez
compris.
Des
richesses à partager
Mais face à la déferlante médiatique, les efforts de ceux qui
tentent de politiser l’intelligence et de s’attaquer ainsi aux racines d’un mal
qui a pour nom les inégalités sociales sont d’autant plus utiles qu’ils vont à
l’encontre d’une fatalité annoncée. Les
valeurs qui fondent la dignité des femmes et des hommes devraient elles passer
par pertes et profits au bénéfice d’un « ordre nouveau » qui
ressemble étrangement à un désordre ancien. Changer le monde, ce n’est pas
ressortir les vieilles lunes. Mais se rassembler pour construire du progrès
social… concrètement. Les richesses pour le faire sont là … à partager. Ils
sont bien nombreux dans les médias, chez les patrons, leurs valets et leurs
obligés, chez les réactionnaires de tous
poils, sur les phraseurs, les bonimenteurs, les yaka, les fauquons à tout faire
pour nous en empêcher.
Jean-Marie Philibert.
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