les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mercredi 2 novembre 2016

Ken Loach lanceur d'alerte


Ken Loach lanceur d’alerte !

Le cinéma a un rapport au réel tout à fait paradoxal : il balance entre réalisme et imaginaire.  D’où chez les grands réalisateurs  un équilibre dialectique fragile avec le souci majeur de faire adhérer le spectateur à l’histoire, même s’il la sait fictive. Dans son dernier film « Moi Daniel Blake » qui lui a valu sa deuxième palme d’or à Cannes, Ken Loach y excelle. A 80 ans, après 25 longs métrages, il donne dans cette œuvre toute la mesure de son talent, de son courage, de son engagement, j’ai envie de dire de sa verdeur. En se situant délibérément du côté de ceux qui souffrent, de ceux qui luttent pour s’en sortir, il renforce la soif de vivre dans un monde  qui veut la réduire à la portion congrue, il nous montre qu’elle doit passer par la révolte contre un monde absurde.

Daniel Blake a été victime d’un accident cardiaque, il doit renoncer à son emploi de charpentier, ses médecins  lui conseillent  de demander une allocation d’invalidité, mais le verdict des autorités sanitaires (monstre froid et invisible) est qu’il reste valide, donc il doit travailler. Pas d’indemnité  d’invalidité, mais peut-être une allocation de chômage … s’il est en mesure d’apporter la preuve qu’il cherche un emploi qu’il ne pourra pas exercer. Les décisionnaires du pôle Emploi britannique ne veulent pas en démordre, il doit chercher un travail impossible. Ce piège l’enferme dans un monde kafkaïen avec la seule perspective d’une misère toujours plus grande. Peu d’humanité dans la ville qui l’entoure : une mère célibataire démunie qui l’accompagne dans son naufrage, mais qui lui permet de faire valoir que la fraternité existe.

Etonnamment la tonalité du film est peu pesante grâce à la chaleur humaine, à l’humour désespéré et quotidien, qui émanent de situations profondément vraies. Quant à la solitude de ces destins, Daniel Blake se bat seul contre tous, on peut le regretter, mais ne faut-il pas y voir une image de notre quotidien. Ken Loach ne veut rien cacher de l’ampleur de la tâche. Peut-être une invite à relever un nouveau défi pour agir sur le monde.

JMP

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire