les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 30 janvier 2017

Ecoute le ciel, François...


Ecoute le ciel, François !

Le Canard Enchaîné et ses grandes oreilles ont entendu ce que personne n’avait entendu avant eux et l’ont annoncé à la France entière, médusée : Pénélope Fillon n’est pas la châtelaine discrète uniquement préoccupée par l’éducation de ses enfants, l’arrosage de ses rosiers, le tea-time et les bonnes œuvres de la paroisse. Elle a occupé, ou fait semblant, en le sachant, ou sans le savoir,  à l’insu de son plein gré, ou pas à l’insu du tout, en tout cas à la caillade ( comme on dit ici) des fonctions au service de son député, sénateur, ministre d’époux, rémunérées par de l’argent public qui n’ont laissé ni traces, ni souvenirs. A écouter la rumeur qui se répand après cette annonce, on peut craindre que ce soit là un gros péché (un mortel, comme on disait au catéchisme). Il taraude la conscience scrupuleuse de François, son époux aimant qui l’a foutue dans le pétrin.

Les antennes magiques que le TC a mises en place et qui lui permettent d’entendre ce que tout un chacun peut exprimer dans le tréfonds de son âme nous donnent la possibilité de rapporter le dialogue musclé que François a eu avec son ange gardien, le mercredi 25 janvier quand le palmipède a publié sa une « Les 600 000 euros gagnés par Pénélope qui empoisonnent Fillon »

Une grosse bêtise

« -François, tu as fait une grosse bêtise ! Et tu l’as faite pendant longtemps ! Huit ans ! C’est long ! Mais pourquoi donc ?

-Je ne peux rien te dire, mon archange adoré, je ne comprends pas ce qui m’a pris, je bats ma coulpe, j’implore ton pardon. Sans doute au début quelques besoins de liquidités pour refaire la toiture du château qui avait des fuites et pour acheter des jouets pour noël à mes enfants. Tu sais député, c’est bien mal payé. Alors avec presque tous les élus de droite on cherchait à arrondir les fins de mois, pas pour faire des bêtises. Oh ! Que non ! Mais pour faire bouillir la marmite … et pour rouler un peu en voiture de sport. Tu sais, c’est mon tendon d’Achille.

-Mais tu n’as rien compris à l’Evangile, François, tu sais les premiers seront les derniers et les derniers les premiers, au royaume des cieux, c’est priorité aux pauvres. As-tu pensé au jugement de Dieu ? As-tu pensé au salut de ton âme ? A celui de l’âme de Pénélope ? C’est bien la peine de faire le cador et d’avoir une jugeote aussi rabougrie. Repens-toi humblement … et rembourse ! Dieu le veut !

Rembourser c’est pas juste

-Quoi ? Comment ? J’ai tout dépensé ! Mes petits copains de l’UDR, de l’UMP, de la droite ils ont toujours été dispensés de le faire quand ils ont mis la main dans le pot de confiture. Une petite pénitence et puis c’est tout. Rembourser c’est pas juste !

-Mon dieu ! François, non seulement tu n’as rien compris à la justice divine, mais tu ne sais rien de la justice des hommes. Tu as pourtant été de ceux qui ont fait les lois… peut-être pensais-tu que c’était uniquement pour les autres, que toi, ta chérie, ta famille vous étiez un peu au-dessus. Mais non ! L’universalité de la loi, ce n’est pas qu’un mot…

J’organiserai des processions…

-Un petit arrangement n’est-il pas possible ? Si je suis élu, je suis prêt à faire l’impossible pour l’église, le pape, le Vatican. J’ai déjà commencé à vanter les louanges de la religion, je m’engage à continuer, à rendre la messe obligatoire, à organiser des processions  dans toutes les villes et les villages tous les dimanches, à imposer tous les vendredis de faire maigre à l’ensemble de la population, à proscrire l’infidélité, à museler la sexualité…

-Ne fais pas le gamin, François, sois raisonnable, n’oublie pas ce que la statue du Commandeur dit à Dom Juan quand elle vient le punir de ses péchés : « l’endurcissement au péché traîne une mort funeste, et les grâces du ciel que l’on renvoie ouvrent un chemin à sa foudre ». Ecoute les conseils célestes…Rembourse !

- C’est dur ! »

Jean-Marie Philibert ;

lundi 23 janvier 2017

Un gros mot ?


N’ayons pas peur des gros mots

Au moment où j’écris ces lignes, le premier tour de la primaire socialiste n’a pas eu lieu, je ne peux donc rien présumer de la force des arguments des uns et des autres, ni de l’orientation de chacun qui  ressemblait étrangement à l’orientation de tous  et qui dérogeait relativement peu de la ligne « sociale » »libérale qui nous a conduits collectivement dans le mur. « Relativement peu » est un euphémisme pour dire  presque pas, ou mieux pas du tout, tant la prudence de tous  donnait l’impression de paralyser chacun. Evoquer la nécessité de faire bouger les lignes, mettre le monde du travail au cœur du dispositif, augmenter les salaires, le pouvoir d’achat, défendre la protection sociale, développer les services publics, répondre aux besoins sociaux, nous y penserons plus tard, demain, après-demain, un jour ou l’autre.

Des avis partagés

Le seul à avoir jeté le trouble dans le marigot, Benoît Hamon a avancé une idée apparemment nouvelle et généreuse : le revenu universel. A l’intérieur du journal, vous avez pu constater que les avis sont partagés sur la question : vous retrouverez les arguments  favorables ou défavorables. Il ne vous reste plus qu’à bâtir votre opinion en tentant de maîtriser tous les tenants et aboutissants d’une telle mesure et surtout d’en voir les enjeux.

Certes, il est difficilement supportable de voir le flot de misères qui traverse la société et qui produit des ravages qui s’accentuent : ceux qui n’ont rien sont légion. Il est urgent de trouver une solution, les aides existantes ont montré leurs limites et la jungle administrative qui les entoure les rendent parfois inopérantes. Il fut un temps où les pauvres avaient droit à la soupe populaire. On l’a remplacée par les restos du cœur. La situation a empiré : on est là dans la survie, dans les accommodements solidaires qui permettent de ne pas complètement sombrer.

Et l’ordre du monde ?

Il importe de remettre l’ordre du monde sur ses pieds et de cesser de le tournebouler, avec ses femmes, ses hommes, ses jeunes, ses vieux en souffrance, en développant de façon exponentielle les dégâts sociaux, psychologiques, physiologiques, personnels, collectifs…

Le revenu universel, nécessairement limité,  permettrait, sans doute (?) peut-être (?) de répandre une manne un peu plus largement. Mais restant en deçà des besoins, il élargira un peu plus le monde des pauvres assistés, ghettoïsés dans une société qui ne sera plus la leur et qui pourra se dédouaner en disant qu’elle fait tout ce qu’elle peut : elle redistribue un peu plus largement de l’argent public sans rien changer aux rapports sociaux. Surtout pas !

Le cœur de la question

Parce que là est le cœur de la question : la grande faiblesse du revenu universel est qu’il est totalement déconnecté de ce qui fait le cœur de l’activité humaine, économique, sociale, la production des richesses, le travail dans son sens plein et général et qu’il enferme un peu plus ceux qu’il entend aider dans une redistribution par l’état de l’argent de tous avec la tentation d’élargir un peu plus le nombre des pauvres, des exclus du monde du travail pour les installer dans une précarité durable, fatale et « supportable ».

Il rate sa cible parce qu’il ne touche en rien à la finance qui continue de croître et de proliférer pour enrichir un peu plus des nantis qui n’ont ni patrie, ni morale, si ce n’est celle de s’en mettre tous les jours plein les fouilles, quelles que soient les conséquences de leurs turpitudes : la misère répandue est leur richesse. Je crains que le revenu universel ne serve que de cache-misère et ne fasse payer par le citoyen de base quelque chose qui ressemble étrangement à la charité que les bien-pensants faisaient aux pauvres de la paroisse à la sortie de l’église le dimanche.

J’imagine une véritable distribution inscrite dans un programme politique transformateur qui dirait qu’il faut prendre au capital et à la finance internationale le pouvoir pour construire une société de justice : ça passe par la mise au pas des grands groupes capitalistes. Il fut un temps où on appelait cela des nationalisations. Une appropriation collective des moyens de production. Oh ! Pardon !

 J’ai comme le sentiment d’avoir dit un gros mot !

Jean-Marie Philibert

dimanche 15 janvier 2017

primaire


Primaire

Il y a de l’animation dans la cour de récréation de l’école « primaire de-gauche-et-citoyenne » ! Ça court dans tous les sens. Et l’on sent même une nervosité inhabituelle qui intrigue l’instituteur de surveillance qui ne semble pas comprendre tous ces regroupements d’élèves turbulents autour de quelques-uns de leurs camarades. François, un bon élève du CM2, qui d’habitude promène sa silhouette grassouillette entourée de nombreux petits copains et copines est tout seul dans son coin. Il semble comme absent. Monsieur Martin va le voir :

« -Qu’est-ce qu’il t’arrive François ? Tu n’as pas envie de jouer ?

Ils me veulent plus

-Non Maître, ils me veulent plus. Ils disent que je les fais perdre tout le temps ! Et maintenant ils se disputent pour savoir qui va devenir le chef de la classe… »

En effet Manuel, un petit teigneux, faux jeton, criait dans les oreilles de ses camarades des gentillesses à l’égard de François : « Regardez-le, cette andouille ! Il croyait que, parce qu’il était bon en calcul et qu’il avait des fiancées, il serait toujours le chef. Moi je suis plus fort que lui à la course et aux billes, et puis le maître m’aime bien parce que je lui porte de la paella quand ma mère en fait. Avec moi on jouera à la corrida pendant les récrés. » Et tous autour de lui d’entonner un vibrant « Olé ! »

D’autres groupes s’étaient formés, en particulier de nombreuses filles de la classe entouraient  un tout jeune bellâtre que sa mère pomponnait tous les matins comme une gravure de mode. Arnaud était fier.

 Vive les bonbons Haribo

«- Il ne faut plus s’amuser avec les Playstations fabriquées par les japonais, il faut jeter les trottinettes made in China. Il ne faut pas manger de la paella, mais du steak et des frites françaises, et des bonbons Haribo du Gard…

-Il a raison Arnaud… Tous ensemble avec Haribo !... Vive Arnaud !»

Vincent n’avait que quelques fidèles autour de lui : il faut dire qu’il ne respirait pas la joie de vivre, il aimait trop jouer à l’intello et donner des leçons à la terre entière. Il ne parlait ni comme un enfant, ni comme un jeune, mais comme un vieux. Ses chances d’être chef de bande à la récré étaient quasiment nulles.

Benoit était, lui, plus dynamique, plus courageux. En classe quand l’instituteur faisait une faute au tableau, il osait le lui dire. Il avait été le seul à traiter François de poule mouillée quand il n’avait pas voulu se battre avec lui. IL zozotait un peu et ça le rendait sympathique. Il pouvait faire un bon chef de clan.

Sylvia et Martine

Sylvia, elle, trouvait qu’il était dommage que les filles ne puissent pas le devenir cheffe de classe ; elle tentait donc de convaincre quelques copines de la suivre. Mais elle était trop gentille et manquait cruellement de caractère  Elle n’était pas comme sa copine de classe Martine, qui avant habitait Lille : elle, elle n’avait pas peur d’affronter les garçons. Elle leur avait même foutu quelques gnons. Mais là, depuis quelques temps, elle boudait dans son coin.

Quant à Jean-Luc et François de…, ils avaient mis leurs blouses vertes, Ils étaient rassemblés au fond de la cour, avec quelques autres blouses vertes, autour d’un plant de tomates qu’ils tentaient vainement de faire pousser sans susciter un grand enthousiasme dans la classe.

Emmanuel, lui ne se reconnaissait pas dans ce brouhaha, dans ces affrontements stériles, il était au-dessus. Il était monté dans le seul arbre de la cour et regardait avec quelque mépris ses anciens petits amis en se rappelant ce que lui avait sa « maîtresse-à-lui » : « Tu seras quelqu’un, ne te mélange pas ! »

Quant à celui qui avait l’habitude de jouer au fouteur de merde, un certain Jean-Luc, dit Méluche,  il était absent pour des raisons mystérieuses depuis plusieurs semaines.  Peut-être était-il parti dans la vraie vie ?

Dans un prochain épisode je ne manquerai pas de vous donner de ses nouvelles.

Jean-Marie Philibert


mardi 10 janvier 2017

neruda


NERUDA

Si vous vous attendez à une évocation hagiographique du grand poète chilien au service de son parti et de son peuple, dans un destin d’autant plus légendaire que sa mort (naturelle ? provoquée ?) a correspondu aux premiers jours de la dictature de Pinochet et à la fin de l’expérience d’unité populaire autour d’Allende et que ses obsèques ont été le premier acte de la résistance populaire, n’allez pas voir le film du cinéaste chilien Pablo Larrain qui passe actuellement sur les écrans. Vous serez totalement déçu.

Mais si vous cherchez à comprendre qui était ce poète, ce que représentait sa poésie, ce que furent son courage, sa clairvoyance, ses contradictions, son humanité, sa joie de vivre, son humour, sa complexité, son rapport avec son pays, son engagement, allez au cinéma pour une leçon d’histoire, de poésie et de politique. Un film largement salué par la critique. Un plaisir de l’esprit constant pour les spectateurs. Plaisir malheureusement trop rare.
Nous sommes en 1948 et nous allons suivre
  un moment étroit, crucial de sa vie. Le Président du Chili qui pour son élection a eu l’appui des communistes et de la gauche, se lance dans une  chasse aux rouges. Neruda, sénateur, riposte, mais devant les risques d’arrestation fuit à l’intérieur du pays. Le film est l’histoire de cette course-poursuite entre lui et l’inspecteur Peluchonneau qui va la commenter en direct en parlant comme Neruda. Pendant cette période Neruda écrit son œuvre majeure El Canto General.

Ne font-ils qu’un ?

La forme du film est hachée, le rythme ne connaît aucun répit : il s’en faut d’un cheveu que Peluchonneau ne mette la main  sur celui qu’il traque de Santiago, à Valparaiso, jusqu’au fin fond des Andes, y compris dans les lieux troubles comme les bordels que Neruda affectionne. Neruda semble jouer  avec son poursuivant, ne renonçant jamais aux plaisirs et à la liberté de la vie, tissant même des liens troubles  avec  cette ombre qui le suit comme son double ou son fantôme. Ce que renforce leurs voix mêlées. Poursuivi et poursuivant, ne feraient-ils qu’un ? A vous de vous faire votre opinion à la fin du film.
Au-delà de la dimension évènementielle du film, du suspense qui en découle, du plaisir qu’on y prend, la réussite du réalisateur, avec sans doute la complicité et la complexité de l’œuvre de Neruda, tient au voyage qu’il nous fait faire dans les arcanes de la poésie et de la psychologie, dans la démarche d’un poète qui joue sa vie à risquer de la perdre, qui embrasse
  toutes les réalités, des plus triviales aux plus élevées, qui est solidaire de ceux qui luttent, qui est fidèle à ses choix politiques. La beauté, l’âpreté, le mystère, la fulgurance parfois des images et des mots nous touchent, tout en nous confrontant à une vérité des êtres  dans ce qu’ils peuvent avoir de plus quotidien, de plus pitoyable, comme de plus éminent et obscur. On touche là à l’objet même de la poésie.

JMP


lundi 9 janvier 2017

raison déraisson


Raison…Déraison…



Il est une information sortie la semaine dernière qui touche au cœur du pouvoir et de notre sécurité, qui pose de redoutables et complexes problèmes juridiques et moraux, qui voit  des élus, des fonctionnaires, des militaires du plus haut niveau prendre en dehors de tout cadre légal des décisions de supprimer, sans le dire, sans le reconnaître des individus censés appartenir  à des mouvances terroristes. Au nom  d’un état… de droit paraît-il !

L’état de droit ?

Sous le titre « Comment Hollande autorise « l’exécution ciblée » de terroristes, un grand quotidien national du soir, le Monde, donne tous les détails nécessaires pour comprendre une démarche du plus haut sommet de l’état qui donne le sentiment de bafouer, avec méthode et sans complexe, l’état de droit qu’il a la charge d’incarner, de défendre, de promouvoir.

Dans ma très grande naïveté je pensais une telle démarche, soit impensable, soit inavouable : dans ce cas précis, j’ai les deux. La démarche est pensée, organisée au plus haut niveau de l’état ; paraît-il qu’il y a même une circulaire, confidentielle bien sûr, pour dire comment faire. Et même, cerise sur le gâteau de la gloriole catalane : les « exécutants », au sens plein du terme, bras armés de la Direction générale de la sécurité extérieure,  sont formés  à Perpignan à la Citadelle. La démarche est même en partie avouée, dans le cadre du livre « Un président ne devrait pas dire ça… », Hollande l’a confiée aux deux journalistes  qu’il a reçus à de nombreuses reprises pour dire ce qu’il ne devrait pas dire.

« Je ne dis pas ce que je dis »

Cette figure de rhétorique, porte un nom. Celui de prétérition. Elle permet de dire que l’on ne dit pas ce que l’on dit tout en le disant pour empapaouter le lecteur et lui faire croire que l’on n’a pas dit ce que l’on a dit, surtout si ce que l’on dit n’est pas tout à fait avouable. Vous reconnaîtrez sans difficulté dans la méthode la pâte hollandaise de l’obscure clarté qui l’a conduit au firmament de la popularité.

Mais reste le fond du dossier : où est la légitimité, où est la légalité, où est le droit, où est la morale ? Y a-t-il une morale dans les relations entre des états et de groupes qui cherchent à les détruire ? Il fut un temps où on parlait du droit de la guerre, mais ici où est la guerre ? Et où est le droit ? Quelle est la nature du monde que l’on prétend construire ?  Le monde de la violence aveugle ? Ou la difficile construction d’un monde de paix ? Quel est le rôle d’un état ? Quels sont ses pouvoirs ? Arbitraires ? Illimités ? Quelles sont ses obligations ? En particulier quand il se situe délibérément du côté du droit qui est le fondement de son organisation, peut-il tout se permettre ?

L’histoire nous apprend que les états, y compris le nôtre, s’est permis pas mal, mais sans aveu le plus souvent.

Un engrenage sans fin

Les aveux obscurs d’Hollande, l’enquête parue dans la presse et ce qu’elle révèle des dézingages multiples et variés de terroristes en tous genres  par les Américains, les Français et sans doute d’autres, jettent un tel pavé dans la mare que je me sens dans l’incapacité d’apporter ne serait-ce qu’un début de réponse aux questions posées. Cette difficulté, liée à la barbarie et à la désolation que des fanatiques, aux antipodes de toute humanité, ont décidé de répandre sur des sociétés qu’ils rejettent, avec un cortège macabre de tueries et de souffrances d’innocentes victimes, laisse la porte ouverte à un engrenage sans fin de violence.

C’est un tel engrenage que les manifestations qui ont suivi les multiples attentats qui ont endeuillé le pays depuis Charlie Hebdo rejettent en jouant la seule carte  utile dans un tel cas celle du rassemblement et de la solidarité. En jouant au chef de guerre, incarnation d’un état qui a du muscle, sans le moindre contrôle démocratique, sans se donner les moyens de construire la plus large coalition internationale pour isoler les terroristes,  le pouvoir me donne le sentiment de s’enliser dans une attitude qui a remplacé la raison d’état, par la déraison d’état.

Jean-Marie Philibert.

mercredi 4 janvier 2017


Envie ! En vie ?

Il y a des années de merde et nous en avons connu quelques-unes ; nous n’avons pas été les seuls concernés. Je ne vous ferai pas faire le tour du monde, mais ça a senti la crotte dans beaucoup d’endroits. Y sommes-nous condamnés ?

On peut imaginer (j’ai envie d’écrire on doit imaginer) que le temps, le cours de l’histoire, la fureur des hommes, leur cupidité, leurs aveuglements, le destin ou le hasard, devant les catastrophes annoncées,  aient quelques hésitations, ne soient pas programmés que pour le pire et fassent que des moments, sinon de rémission passagère, au moins d’incertitudes, laissent entrevoir que tout espoir n’est pas définitivement perdu et enterré.

Combattre la désespérance

Très-très loin de l’optimisme béat, bien sûr ! Mais avec la conviction chevillée au corps que notre démission, que notre soumission, que notre abnégation, que notre désespérance doivent être systématiquement combattues. C’est l’urgence de l’heure ! C’est ce que je nous souhaite pour 2017.

A nous, tous ! Aux jeunes, un peu inquiets, un peu paumés, un peu en déshérence pour qui la porte d’un monde adulte n’est que très petitement entrouverte. Les jeunes, tout s’emploie à les convaincre qu’ils devront se soumettre aux lois du marché, du patron, du conformisme pour avoir quelques chances de franchir les premiers obstacles de la vie. Ils résistent parce que d’autres ont résisté avant eux.


Un monde humain

Les moins jeunes ont aussi besoin de cette conviction qui fonde notre dignité. Comment vivre sans la conviction qu’un monde humain est possible, un monde complètement humain où les galères imparables  ne tournent pas aux cauchemars collectifs, où tous les voies de la solidarité restent ouvertes, où les richesses produites ne sont pas confisquées par ceux  qui  en ont déjà plus que de raison, où l’idée de justice, de justice sociale, est au cœur de toutes les aspirations.

Cela reste à traduire en démarches personnelles, en décisions volontaires, en désirs communs, en comportements  offensifs : les expériences des luttes sociales le montrent. Nous ne partons pas de rien pour régénérer  un monde qui en a bien besoin. Mais cela suppose un choix, un engagement… et tout est fait pour que nous choisissions le moins possible… même si par sondage, primaires, bourrage de crâne médiatique on tente de nous faire croire que nous sommes comptables de tout.

Nous rouler dans la farine

Le contexte français, en ce début 2017,  est emblématique de cette situation où toutes les conditions semblent remplies pour rouler dans la farine une volonté populaire de changement nécessaire et pour enfermer les citoyens dans des impasses qui conduiront à répéter les mêmes rengaines, certainement en pire.

Et pourtant les luttes récentes, loi-travail, nuits-debout, résistances-protéiformes, difficile, mais réussie, construction de l’unité de la gauche-pur-jus (la seule !) montrent que des potentialités existent qui ne demandent qu’à s’exprimer. Il importe de les renforcer de les élargir, de leur donner l’élan populaire qui en fera l’affaire de tous ceux qui veulent s’extraire de la grisaille qui mine les couleurs du monde, de la vie,  et de l’odeur qui va avec. Construire méthodiquement une envie de s’en sortir. Ensemble . En vie ! Tout un programme : celui de la confiance et de l’espoir! Celui de 2017 ! N’est-il pas dans nos mains ?

Jean-Marie Philibert