les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 23 janvier 2017

Un gros mot ?


N’ayons pas peur des gros mots

Au moment où j’écris ces lignes, le premier tour de la primaire socialiste n’a pas eu lieu, je ne peux donc rien présumer de la force des arguments des uns et des autres, ni de l’orientation de chacun qui  ressemblait étrangement à l’orientation de tous  et qui dérogeait relativement peu de la ligne « sociale » »libérale qui nous a conduits collectivement dans le mur. « Relativement peu » est un euphémisme pour dire  presque pas, ou mieux pas du tout, tant la prudence de tous  donnait l’impression de paralyser chacun. Evoquer la nécessité de faire bouger les lignes, mettre le monde du travail au cœur du dispositif, augmenter les salaires, le pouvoir d’achat, défendre la protection sociale, développer les services publics, répondre aux besoins sociaux, nous y penserons plus tard, demain, après-demain, un jour ou l’autre.

Des avis partagés

Le seul à avoir jeté le trouble dans le marigot, Benoît Hamon a avancé une idée apparemment nouvelle et généreuse : le revenu universel. A l’intérieur du journal, vous avez pu constater que les avis sont partagés sur la question : vous retrouverez les arguments  favorables ou défavorables. Il ne vous reste plus qu’à bâtir votre opinion en tentant de maîtriser tous les tenants et aboutissants d’une telle mesure et surtout d’en voir les enjeux.

Certes, il est difficilement supportable de voir le flot de misères qui traverse la société et qui produit des ravages qui s’accentuent : ceux qui n’ont rien sont légion. Il est urgent de trouver une solution, les aides existantes ont montré leurs limites et la jungle administrative qui les entoure les rendent parfois inopérantes. Il fut un temps où les pauvres avaient droit à la soupe populaire. On l’a remplacée par les restos du cœur. La situation a empiré : on est là dans la survie, dans les accommodements solidaires qui permettent de ne pas complètement sombrer.

Et l’ordre du monde ?

Il importe de remettre l’ordre du monde sur ses pieds et de cesser de le tournebouler, avec ses femmes, ses hommes, ses jeunes, ses vieux en souffrance, en développant de façon exponentielle les dégâts sociaux, psychologiques, physiologiques, personnels, collectifs…

Le revenu universel, nécessairement limité,  permettrait, sans doute (?) peut-être (?) de répandre une manne un peu plus largement. Mais restant en deçà des besoins, il élargira un peu plus le monde des pauvres assistés, ghettoïsés dans une société qui ne sera plus la leur et qui pourra se dédouaner en disant qu’elle fait tout ce qu’elle peut : elle redistribue un peu plus largement de l’argent public sans rien changer aux rapports sociaux. Surtout pas !

Le cœur de la question

Parce que là est le cœur de la question : la grande faiblesse du revenu universel est qu’il est totalement déconnecté de ce qui fait le cœur de l’activité humaine, économique, sociale, la production des richesses, le travail dans son sens plein et général et qu’il enferme un peu plus ceux qu’il entend aider dans une redistribution par l’état de l’argent de tous avec la tentation d’élargir un peu plus le nombre des pauvres, des exclus du monde du travail pour les installer dans une précarité durable, fatale et « supportable ».

Il rate sa cible parce qu’il ne touche en rien à la finance qui continue de croître et de proliférer pour enrichir un peu plus des nantis qui n’ont ni patrie, ni morale, si ce n’est celle de s’en mettre tous les jours plein les fouilles, quelles que soient les conséquences de leurs turpitudes : la misère répandue est leur richesse. Je crains que le revenu universel ne serve que de cache-misère et ne fasse payer par le citoyen de base quelque chose qui ressemble étrangement à la charité que les bien-pensants faisaient aux pauvres de la paroisse à la sortie de l’église le dimanche.

J’imagine une véritable distribution inscrite dans un programme politique transformateur qui dirait qu’il faut prendre au capital et à la finance internationale le pouvoir pour construire une société de justice : ça passe par la mise au pas des grands groupes capitalistes. Il fut un temps où on appelait cela des nationalisations. Une appropriation collective des moyens de production. Oh ! Pardon !

 J’ai comme le sentiment d’avoir dit un gros mot !

Jean-Marie Philibert

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