Un temps
antisocial
Le projet
de loi d’habilitation conduisant à la remise en cause du code du travail est
maintenant connu
Les premiers pas de la remise en cause du code du travail obéissent
à des règles d’enfumage classique (discours flous, reculs insignifiants,
engagements gratuits …), d’autant que le sujet est brûlant. Les braises de la
bataille contre la loi El Khomri fument encore et l’opinion publique est dans
sa très grande majorité opposée à une réforme qu’elle ne considère pas à même
de produire sur le marché de l’emploi les effets miraculeux promis.
Concertation ?
Vous manœuvrez donc, en commençant par ce qui doit
apparaître comme de la concertation de haut niveau : vous mettez carte sur
table, vous voulez aller vite, mais vous entendez les résistances, vous irez
donc moins vite, les ordonnances ce sera pour fin septembre, vous vouliez
avancer masqué, vous vous démasquez un petit peu en précisant certains de vos
projets, mais vous ne dites pas tout en particulier sur la place que vous donnerez dans le nouveau code (ou
dans ce qu’il restera) aux accords d’entreprise et aux pouvoirs du patronat.
Vous cherchez systématiquement à flatter vos partenaires, pour le Medef, c’est
fait depuis longtemps, ils sont aux anges, pour la CFDT, le seul mot de
concertation les rend fous de joie et annihile leur esprit critique, pour FO,
les choses évoluent bien, ils se démarquent de la bande de trublions
CGT-Solidaires-FSU-Front social qui ne rêvent que d’en découdre, incapables
qu’ils sont de comprendre qu’il faut enfin s’adapter à son époque. Mais
oui ! Notre temps très «antisocial » impose des règles antisociales.
Le nouveau code du travail est là pour ça.
Gaiement ?
Et allons-y gaiement. Le projet de loi, examinée par le
conseil des Ministres du 28 juin fixe les grandes lignes : la mise en
place d’un barème que le juge des prudhommes devra respecter en matière de
licenciements sans cause réelle et sérieuse. En matière de licenciement économique
le projet de loi autorise le
gouvernement à revoir le périmètre retenu pour apprécier les difficultés de
l’entreprise. Le contrat de projet sera généralisé. Les négociations de
branches garderont une part de leurs
prérogatives, mais leurs domaines se verront rétrécis, au profit des
négociations dans l’entreprise où tout est beaucoup plus simple, surtout si les
syndicats y sont faibles.
Et on fera tout pour
cela en prônant la fusion des instances représentatives du personnel
(CE, DP, CHSCT) en une délégation unique qui verra ses moyens réduits. Quant à
l’estocade syndicale, c’est prévu : instaurer des accords
« bidon » par un référendum d’entreprise à l’initiative de
l’employeur. Le projet de loi ne dit pas s’il faut utiliser pour obtenir la
bonne réponse des intéressés le chantage à l’emploi…
JMP
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